ActualitésA Helsinki, loin des broyeurs, peluches et doudous ont droit à une nouvelle vie (Reportage)

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01 Nov

A Helsinki, loin des broyeurs, peluches et doudous ont droit à une nouvelle vie (Reportage)

.-Par Houcine MAIMOUNI-.

Helsinki, 01/11/2016 (MAP), A plus d’une vingtaine de kilomètres au nord du centre d’Helsinki, une entreprise fait ses choux gras, grâce aux déchets et autres débarras des citadins de la capitale et de ses alentours. Anodin peut-être, mais cette compagnie tient bien au chaud peluches et nounours au lieu de les passer aux broyeurs.

« L’architecte en charge du projet a été ému de voir combien de peluches débarquaient dans notre établissement. Du coup, il a eu l’idée d’ériger, à l’entrée, ce Mur où sont accrochés les nounours », a expliqué à la MAP, Tevivo Heinonen, responsable du service visiteurs au sein de la société Vanta Energy, une entreprise détenue par les villes de Vanta (60%) et d’Helsinki (40%).

« Une peluche, être fragile et innocent, est souvent associée à tant de rêves, de caresses, de mémoires et de chaleur humaine, celles d’un enfant. Ce serait injuste de tout passer aux broyeurs. Y a pas plus éloquent pour parler durabilité », dira-t-il, en balayant d’un regard tendre toute cette gamme multicolore de teddy-bears.

Ici, rien ne renvoie à l’image des décharges traditionnelles avec leur lot d’odeurs nauséabondes et de lixiviat, si ce n’est le va-et-vient incessant d’une flotte de 180 camions-bennes qui acheminent au quotidien des déchets préalablement triés en amont par les habitants.

« Ici, on gère au quotidien l’équivalent d’un millier de tonnes de déchets produits par 1,5 millions de personnes », reprendra M. Heinonen dans une présentation émaillée de slides, diagrammes et vidéos à l’attention de journalistes africains en tournée de presse dans les pays nordiques (23/28 octobre) dans le cadre de la COP22.

On y apprend que cette entreprise, mise en service en 2014 pour un investissement de 300 millions d’euros, emploie 45 personnes et traite jusqu’à 90% des déchets d’Helsinki et de sa région qui ont vu leur volume de déchets réduit de 320 mille tonnes, alors que Vantaa a réduit de 40% son utilisation du fuel fossile et de 20% ses émissions de dioxyde carbone.

« Grâce au système de transformation des déchets en énergie, nous répondons à l’équivalent de la moitié des besoins en chauffage de Vantaa et nous couvrons près de 30% des besoins annuels de la ville en électricité », relève encore M. Heinonen, précisant que cette unité, dotée de deux chaudières à 1000 °C, assure l’équivalent de 920 GWH de chauffage urbain et 600 GWH d’électricité.

Signe d’un intérêt de plus en plus prononcé pour ce genre de solutions innovantes et éco-friendly, à peine une délégation officielle iranienne quittait les lieux, lorsqu’un groupe d’étudiants-journalistes se rendait à la tour de contrôle, le cœur battant de cette entreprise.

L’hygiène étant érigé en principe cardinal, des employés en tenue propre assurent, derrière les vitres d’une salle climatisée, le monitoring par ordinateur de deux grues géantes aux mâchoires d’acier qui s’affairent à malaxer et à convoyer par bouchées des tonnes de déchets aux turbines.

A mi-chemin vers Helsinki, les journalistes africains ont eu droit à une autre démonstration de force où la technologie ne cessera pas d’épater, « autant par sa propreté que par les perspectives d’avenir qu’elle ouvre devant la gestion des déchets, naguère casse-tête majeur des décideurs », note Jari Enontekio, de la société MariMatic, une entreprise présente dans plus de 30 pays, y compris à La Mecque où elle assure, durant le Ramadan et le Hajj, la collecte de quelques 600 tonnes de déchets par jour.

« Le principe est simple. Dans cette station, on est relié par un réseau de 14 km de conduites enfouies sous terre qui nous ramènent les déchets déposés par les usagers, selon un tri préalable en amont (papier, verres et autres), et que nous traitons sur place pour les acheminer par camions à Vanta Energy », précise le même responsable, un tantinet fier de l’effet que sa sentence fait sur ses interlocuteurs.

En effet, à peine son exposé terminé qu’un bruit rocailleux et bref retentit dans un entrelacs de conduites. « On vient d’actionner l’aspirateur qui ramène les déchets à partir de poubelles dotées de capteurs et qui, une fois remplies, donne le signal. Les heures de pointe coïncident avec le retour des résidents chez eux en fin de soirée ou tôt le matin avant leur départ ».

Helsinki, signataire de la Convention des maires pour le climat et l’énergie (plus de 7100 villes de 119 pays différents sur 6 continents, représentant plus de 600 millions de citoyens, soit 8% de la population mondiale), ambitionne de devenir neutre en carbone d’ici 2050 et s’affaire à réduire de 20% ses émissions de dioxyde carbone d’ici 2020 et à augmenter pour la même période de 20% l’utilisation des énergies renouvelables.

ES.

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