ActualitésSables bitumineux au Canada: des dizaines d’études d’impact seraient entachées

Actualités

19 Fév

Sables bitumineux au Canada: des dizaines d’études d’impact seraient entachées

Ottawa – Un chercheur universitaire soutient que des dizaines d’études sur l’impact environnemental de l’exploitation des sables bitumineux en Alberta (ouest du Canada) sont entachées de données scientifiques incohérentes, qui ont rarement fait l’objet de vérifications indépendantes.

Adam Ford, professeur de biologie à l’Université de la Colombie-Britannique, a publié ses conclusions dans le journal scientifique Environmental Reviews, rapporte La Presse. Selon lui, il faut vraiment faire exprès pour publier d’aussi mauvaises études d’impact, ce qui reflète selon lui l’état actuel de l’industrie des sables bitumineux.

Des 30 évaluations différentes publiées entre 2004 et 2017, le professeur Ford a constaté que chacune prenait en compte différents facteurs, à sa façon. Peu d’entre elles auraient indépendamment vérifié ses conclusions – et celles qui l’ont fait étaient nettement plus pessimistes quant à la capacité de l’industrie à restaurer les écosystèmes perturbés.

Selon le professeur Ford, cette approche incohérente signifie que les dizaines de milliers de pages qui s’empilent dans les bureaux de la Régie de l’énergie de l’Alberta ne révèlent pas grand-chose sur la santé globale de l’un des sites les plus industrialisés du Canada.

Les entreprises qui veulent exploiter les sables bitumineux en Alberta doivent d’abord soumettre une étude d’impact sur l’environnement. Ces évaluations se penchent généralement sur des espèces représentatives de l’écosystème : elles examinent, en se basant sur l’opinion d’experts, comment le développement industriel affectera différents aspects de leur habitat.

Le biologiste Ford a découvert que 35 espèces différentes avaient été étudiées ; un seul – l’orignal – est apparu dans les 30 études d’impact, et seulement 10 sont apparus dans plus de la moitié d’entre elles. Certaines évaluations ont porté sur des groupes d’espèces, d’autres pas. Certaines n’ont pas non plus la même définition de l’habitat faunique.

« On pourrait penser que les projets aussi proches les uns des autres, de nature similaire, auraient un ensemble d’espèces communes plus comparables », estime le professeur Ford.

Par ailleurs, les méthodes utilisées pour évaluer l’impact industriel étaient toutes différentes. Quelque 316 modèles mathématiques différents ont été utilisés pour mesurer l’habitat : sans grande surprise, ils ont donné des résultats différents les uns des autres dans 82% des cas. Seuls 33 des modèles ont été vérifiés indépendamment à l’aide de données de terrain ou de méthodes statistiques distinctes. Or, M. Ford a constaté que les évaluations qui utilisaient aussi la vérification indépendante étaient environ deux fois plus susceptibles de prédire des impacts environnementaux persistants graves.

Devant tant de variations et si peu de vérifications, il est impossible de déterminer quelles évaluations sont les plus précises, conclut le professeur Ford.

Voir Aussi