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04 Mar

Au barrage Ahmed El Hansali, la pisciculture endure après des mois de pandémie et des années de sécheresse

-Abderrazak Trebak-

Khénifra – Le projet de pisciculture en cages flottantes mis en oeuvre depuis quatre ans au niveau du barrage Ahmed El-Hansali, dans la région de Béni Mellal-Khénifra, endure après des mois de pandémie et deux années consécutives de sécheresse.

Cette exploitation piscicole est née et a pris forme à partir de petites idées visant à aider les habitants des communes d’Aït Ishaq, de Ouaoumana et de Zaouiat Cheikh qui jouxtent le barrage, à développer des activités de pisciculture en eaux douces.

De fil en aiguille, ce projet a rapidement évolué avec le soutien du Haut-commissariat aux eaux et forêts qui ambitionne de faire de cette région, un modèle intégré pour le développement d’une aquaculture capable de produire annuellement 3.000 tonnes de poissons d’une valeur de 50 millions de dirhams au profit de la population locale.

A cet effet, un groupe de coopératives locales a bénéficié d’une série de sessions de formation concernant les différentes étapes de production, de suivi, de valorisation et de commercialisation. Il a également été doté des équipements nécessaires pour démarrer l’activité d’aquaculture, notamment les cages flottantes, les canoës et autres matériels.

Ce projet a bénéficié dès son lancement d’un accompagnement continu de la part des partenaires qui n’ont rien laissé au hasard.

Ainsi, un programme a été développé pour repeupler le barrage avec des espèces de poissons qui contribuent à l’équilibre écologique, à la préservation des écosystèmes aquatiques, à la diversité biologique et à l’amélioration de la qualité de l’eau.

Concernant le volet relatif à l’élevage du poisson destiné à la commercialisation, une attention particulière a été accordée aux espèces de grande valeur nutritionnelle. Aussi, un soutien substantiel a été apporté aux coopératives dans le domaine de la distribution afin de générer des revenus importants et une grande valeur ajoutée.

En plus du soutien qui a été accordé aux coopératives dans le domaine de la formation et de la qualification, un programme parallèle élaboré pour développer les produits touristiques et sportifs dans cette localité à travers la mise en place de structures de promotion du tourisme, des sports nautiques et des activités de la pêche, sauf que ce volet peine à prendre son envol en raison des contraintes liées particulièrement à la sécheresse qui impacte les retenues du barrage ainsi que son environnement économique.

A ce sujet, le président de la Chambre d’agriculture de Khénifra, Nizar Rihani, a indiqué dans une déclaration à la MAP, que la retenue du barrage Ahmed El-Hansali affichait en décembre 2020 un taux de remplissage de 16% à cause de la faiblesse des précipitations au cours des deux dernières années, ce qui s’est traduit par une baisse de 60% de l’activité piscicole.

La faible pluviométrie menace ce secteur prometteur, a-t-il mis en garde, relevant que face à cette situation, il est nécessaire de lancer d’autres projets de valorisation et de préservation des ressources hydriques et de construire de nouveaux barrages dans la région.

Il a ajouté à cet égard que malgré les précipitations enregistrées dernièrement et qui ont porté le taux de remplissage du barrage à 31% au premier mars, les conditions ne permettent pas encore de reprendre pleinement les activités piscicoles.

M. Rihani s’est dit en outre confiant quant à l’avenir de ce projet piscicole après l’amélioration de la retenue du barrage suite aux dernières pluies qui se sont abattues sur cette région qui dispose d’importantes ressources hydrologiques qu’alimentent les affluents des fleuves Moulouya et Oum Er Rbia.

« C’est une expérience pionnière à tous les égards, car le nombre de coopératives a augmenté et nous comptons aujourd’hui plus de 400 familles qui vivent de l’élevage du poisson destiné à la consommation, en particulier certaines espèces telles que le Tilapia », a-t-il fait savoir.

La pandémie liée au nouveau Coronavirus a également pesé de tout son poids sur l’activité piscicole car les clients traditionnels de ce type de poisson notamment les grands restaurants, hôtels et chaînes de distribution ont été lourdement affectés ce qui s’est répercuté considérablement aussi bien sur les ventes que sur la production, a-t-il déploré.

Pour sa part, Khalid Boukris, président de la coopérative Atlas pour l’élevage de poissons à Ouaoumana, a affirmé que le Tilapia fait partie des principales variétés produites dans la région, relevant qu’il lui faut passer trois mois en cages pour atteinte le poids d’un kilogramme avant sa mise en vente sur les marchés de Casablanca, Marrakech, Fès et d’autres grandes villes.

Il a également souligné que ce projet a mis un terme à la pêche sauvage au niveau du barrage et développé dans son sillage une nouvelle niche économique prometteuse et porteuse d’une grande valeur ajoutée pour les habitants.

« L’année 2020 a été une année difficile pour ce secteur eu égard aux effets induits par la pandémie du nouveau Coronavirus et le poids de deux années successives de sécheresse », a-t-il expliqué, précisant que la production n’a pas dépassé 200 tonnes, la pire depuis le lancement de ce projet il y a quatre ans.

De leur côté, les responsables du secteur des eaux et forêts ont affirmé que l’appui qu’ils apportent à ce secteur revêt une grande importance car il participe aux efforts de lutte contre la pauvreté, de développement de nouvelles activités génératrices de revenues dans les zones rurales, de création d’emplois et de préservation de la diversité biologique dans les milieux aquatiques.

Le Haut commissariat aux eaux et forêts a mis en place une stratégie décennale (2015 – 2024) en vue de promouvoir les activités de pisciculture dans l’optique d’augmenter la production au niveau des barrages, encourager la pêche touristique et créer de nouveaux emplois au profit de la population locale.

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