Bien plus qu’un arbre, l’arganier est une « civilisation » et un « modèle » de la relation de l’Homme à la nature (DG de l’UNESCO)
Paris – Bien plus qu’un arbre, l’arganier c’est aussi une civilisation et un modèle de la relation de l’Homme à la nature, a affirmé, lundi, la Directrice générale de l’Organisation des Nations unies pour l’Éducation, la Science et la Culture (UNESCO), Audrey Azoulay.
« L’arganier est un arbre qui vient du fond des âges et dont le système racinaire surdéveloppé crée une symbiose unique avec le territoire choisi où il se développe, où ses mêmes racines sont le meilleur rempart contre l’érosion des sols, contre l’avancée du désert et viennent soutenir un arbre qui est endurant aux sécheresses et aux vents, très sobre en consommation d’eau et qui produit un fruit aux propriétés uniques », a souligné la responsable onusienne dans une allocution vidéo à l’occasion de la première célébration de la journée internationale de l’arganier.
Les propriétés de ce « trésor » à travers notamment l’huile d’argan ont « conquis le monde », à la fois dans la médecine traditionnelle, la cuisine bien sûr, mais aussi de plus en plus dans les cosmétiques, a relevé Mme Azoulay.
Et de souligner que la réserve de l’UNESCO de la biosphère de l’arganier dans le sud-ouest du Maroc « vient justement protéger cette symbiose unique » sur un territoire entre nature, activité économique durable et recherche scientifique.
Selon Mme Azoulay, l’arganier c’est plus que cela, car il s’agit aussi d’une « civilisation » portée beaucoup par les femmes qui en travaillent le fruit, faisant observer que l’arganier constitue pour ces femmes une émancipation par le travail souvent sous forme de coopératives.
« Il s’agit d’un travail qui soutient les familles, qui a permis une avancée pour la reconnaissance du fait du rôle des femmes dans la société et qui a soutenu leur émancipation », s’est-elle réjouie. Ces femmes mènent souvent un travail « spectaculaire » accompagné de chants, de tenues, de rites, d’une culture unique dans son genre, a fait observer la Directrice générale de l’UNESCO, soulignant que les produits de l’arganier ne s’obtiennent qu’au prix de gestes façonnés par des siècles de connaissances accumulées.
« C’est pourquoi ces pratiques et savoirs ont été inscrits et reconnus au patrimoine immatériel de l’Humanité par l’UNESCO », a-t-elle dit.
« Nous devons donc avoir du respect et de la reconnaissance pour ces gestes, mais avoir aussi ce respect pour tout ce que la nature nous offre à travers l’arganier et protéger cette espèce endémique exceptionnelle des abus qui ne respecteraient pas son rythme de vie », a plaidé la responsable onusienne, qui a salué le travail de la Fondation Mohammed VI pour la recherche et la sauvegarde de l’arganier, qui depuis Essaouira, ville Unesco par excellence, « fédère et impulse tout ce qui protège et valorise l’arganeraie du Maroc ».
« Cette civilisation de l’arganeraie nous porte un message universel des plus actuels, ce message des services immenses que la nature nous offre pour peu que ce soit dans une relation respectueuse reflétée dans le patrimoine culturel et qui protège des comportements prédateurs que nous avons si souvent malheureusement avec les écosystèmes », a souligné la responsable onusienne.
A ses yeux, la leçon de l’arganier est une leçon écologique, mais aussi économique, culturelle, sociale et éthique, ajoutant qu’il s’agit aussi d’une leçon qui doit être aussi incluse dans l’éducation et que « nous devrions entendre appliquer non seulement à la protection de l’arganier, mais plus généralement à notre relation à la diversité du vivre, qu’il s’agisse notamment des océans et des forêts ».
Le coup d’envoi de la première célébration de la journée internationale de l’arganier a été donné lundi à Agadir.
La cérémonie d’ouverture de cet événement de haut niveau initié par le Maroc et l’Organisation des Nations Unies, a été présidée par le ministre de l’Agriculture, de la pêche maritime, du Développement rural et des Eaux et Forêts, Aziz Akhannouch.
Organisée en format hybride, cette manifestation est suivie à travers le monde, en live sur la web TV des Nations Unies, ainsi que sur YouTube et sur les réseaux sociaux.
Elle rassemble des intervenants de haut rang dont VolkanBozkır, Président de l’Assemblée générale des Nations Unies, Amina J. Mohammed, Vice-Secrétaire Générale de l’ONU et présidente du groupe des Nations Unies pour le Développement Durable, Anita Bathia, Directrice Exécutive Adjointe de l’ONU-Femmes, Maria Henela Semedo, Directrice Générale Adjointe de la FAO, Yannick Glemarec, Directeur Exécutif du Fonds Vert pour le Climat et Omar Hilale, ambassadeur Représentant permanent du Maroc auprès de l’ONU.
La proclamation de cette journée internationale fait suite à l’adoption d’une résolution, présentée par le Maroc, à l’Assemblée Générale des Nations Unies à New York le 3 mars 2021 qui a été adoptée par consensus de tous les États membres et par laquelle le Maroc a mobilisé la communauté internationale autour de la cause de sauvegarde et du développement de l’Arganier.
Cette résolution onusienne reconnaît la contribution colossale du secteur de l’arganier dans la mise en œuvre des 17 objectifs de l’agenda 2030 et la réalisation du développement durable dans ses trois dimensions: économique, sociale et environnementale. Elle met également en exergue le rôle de ce secteur dans l’autonomisation et l’émancipation de la femme rurale, le renforcement de l’économie solidaire, l’éradication de la pauvreté et le développement humain à travers le soutien et la promotion du rôle des coopératives et autres formes d’organisation agricoles actives dans le secteur de l’arganier.