ActualitésCasablanca, « le cœur battant » éprouvé par la pollution

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26 Nov

Casablanca, « le cœur battant » éprouvé par la pollution

Par Nezha BOULENDA.

Casablanca – Casablanca, une métropole en perpétuelle mutation socio-économique, ne cesse de voir pousser comme des champignons de unités industrielles qui interpellent sur les conséquences et impacts écologiques de leurs activités sur la qualité de vie des résidents de la première ville du pays.

L’intense croissance démographique et urbanistique de la capitale économique du Royaume, doublée à un dense tissu économique d’activités industrielles, commerciales et de services, pose de sérieuses questions sur les défis à relever pour la protection de l’environnement, ainsi que les missions des responsables locaux et de la société civile pour encourager l’émergence d’un développement durable et sociaux de la préservation de l’écosystème.

Dans ce contexte, l’écologiste Hasna Kajji a indiqué, dans une déclaration à la MAP, que « la question des défis écologiques, au niveau de la capitale économique, nous renvoie à celle de l’urbanisation de la ville qui reflète, de manière concrète, ce processus à travers l’ensemble du pays ».

L’urbanisation dans cette ville était « arbitraire et non planifiée », pour des raisons historiques dont les racines s’étendent à l’ère du protectorat, au moment où le colonisateur à transformé la ville en un pôle industriel accueillant un intense flux migratoires ayant contribué amplement à l’urbanisation de la ville et à son explosion démographique, selon l’enseignante à la faculté des sciences juridiques, économiques et sociales à Ain Chock.

Cette situation a fait que Casablanca renferme un grand nombre de problèmes écologiques, comme souligné par les études scientifiques, dont les plus importantes sont celles élaborées en 1995 par des médecins de la faculté de médecine et de pharmacie attestant que 12 pc des enfants de la ville souffraient d’asthme, ainsi que l’enquête réalisée, il y a 2 ans, par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) sur la qualité de l’air dans 126 pays, y compris le Maroc.

Parmi les problèmes écologiques dont souffre la ville, figurent l’absence de suffisamment d’espaces verts, conformes aux normes internationales, un énorme parc automobile, une congestion et un encombrement de la circulation, l’état vétuste de plusieurs moyens de transport public et privé, outre l’extension anarchique d’urbanisation, qui est à l’origine de plusieurs contraintes liées à la gestion des déchets ménagers et à l’assainissement, le manque d’infrastructures de base, l’exploitation urbanistique de terres agricoles et forestières, et la prolifération d’unités industrielles près des rassemblements résidentiels.

En l’état actuel des choses, il s’avère difficile de s’attendre à une amélioration écologique à court terme, de l’avis de Mme Kajji, présidente du Centre d’études et de recherche sur l’environnement et du développement durable, qui cite notamment certaines entraves liées à l’interférence de prérogatives et l’absence de coordination dans les politiques de gestion du secteur de l’environnement, au niveau local, outre l’inconscience de l’élite comme de la population de l’importance de l’environnement dans la réalisation du développement.

Elle insiste, dans ce cadre, sur la nécessité de mise en œuvre de lois répressives contre les contrevenants, de création d’une instance de coordination entre l’ensemble des intervenants dans la gestion du secteur, sur les plans local et central, outre la promotion de la recherche scientifique et la prise de mesures incitatives en faveur des unités industrielles respectueuses de leurs engagements environnementaux.

De son côté, Mehdi Jemaa, membre du bureau exécutif de l’Alliance marocaine pour le climat et l’environnement durable a estimé que face aux potentialités dont regorge Casablanca, se dressent nombre de contraintes et de défis au niveau environnemental, dans une ville où se concentrent plus de 55 pc d’unités de production nationales, plus de 30 pc du réseau d’agences bancaires et qui emploie plus de 39 pc de la population active.

Il a ajouté que ces importantes potentialités n’ont pas permis de fournir à la population locale les conditions nécessaires pour une ville durable, conformément aux normes fixées par les Nations Unies, à leur tête l’équilibre écologique, notant que la ville fait face à des challenes écologiques de taille ayant affecté la santé des citoyens et la qualité de la vie.

Nombre de problèmes ont trait à la question de l’urbanisation et à la gestion de la ville, ce qui a poussé l’Alliance à travailler, en collaboration avec plusieurs partenaires et avec un financement de l’Union européenne (UE), sur un projet de gestion urbaine participative visant à améliorer le cadre de vie de la population, à travers des plans participatifs respectant l’environnement, la santé et le bien-être collectif.

Ces défis ont poussé la société civile locale à piloter nombre d’initiatives pour tirer la sonnette d’alarme à ce sujet, notamment la marche organisée en mars dernier par l’Association des enseignants des sciences de la vie et de la terre au Maroc pour la promotion des espaces verts au sein de la ville.

La ville de Casablanca reste encore bien éloignée des normes établies par les Nations Unies, soit 10 m2 d’espace vert pour chaque individu, alors que la moyenne n’en dépasse pas 1 m2, selon l’association qui appelle à freiner l’extension urbanistique qui progresse à hauteur de 600 ha par an, sans tenir compte de la nouvelle approche relative aux espaces verts.

Pour ce qui est des responsables en charge de la gestion locale, la commune de Casablanca souligne sur son site électronique que la question de l’environnement et du développement durable jouit d’un intérêt particulier dans la stratégie de développement de la commune qui œuvre au renforcement de la protection et à la préservation des ressources et des réserves naturelles, la diversité biologique, la lutte contre la pollution, et l’activation des mesures d’adaptation aux changements climatiques.

La commune a programmé ainsi plusieurs projets à caractère environnemental, dont le projet de réhabilitation et d’exploitation de la décharge actuelle de Médiouna, afin d’en atténuer les impacts et effets sur la qualité de vie de la population avoisinante, dans l’attente de sa fermeture dans les plus brefs délais.

Le vice-président de la commune de Casablanca, chargé du secteur de la propreté, Mohamed Heddadi, avait déclaré, en septembre dernier, que les services de la commune sont en train de mettre les dernières touches pour l’ouverture prochaine d’une nouvelle décharge qui sera mise en place à proximité de la décharge de Médiouna, sur une superficie de 11 ha.

La nouvelle décharge, avait-il assuré, contribuera à régler la problématique de collecte et d’enfouissement de déchets de Casablanca dans l’attente de réalisation d’une autre décharge sur une superficie de 24 ha.

Les défis écologiques dans la métropole interpellent en premier lieu les responsables en charge de la gestion locale, vu que les collectivités territoriales jouissent de prérogatives complémentaires dans le domaine de l’environnement et se doivent désormais d’accomplir un rôle prépondérant pour l’intégration du volet écologique dans leurs plans de développement.

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