ActualitésLe changement climatique, plus grand défi existentiel actuel surtout pour les pays pauvres (FMI)

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WWF-Belgique
07 Mai

Le changement climatique, plus grand défi existentiel actuel surtout pour les pays pauvres (FMI)

Washington – Le changement climatique est le grand défi existentiel de notre époque qui concerne toutes les régions du monde et ses conséquences sont particulièrement graves pour les pays à faible revenu, selon le Fonds monétaire international (FMI).

Dans une analyse co-signée par la Directrice générale du FMI, Christine Lagarde, et le directeur du département des finances publiques de cette institution, Vitor Gaspar, un appel a été lancé en vue d’agir concrètement pour tenir les engagements contenus dans l’accord de Paris notamment par une juste tarification du carbone et de l’énergie « de façon à réorienter les finances publiques en faveur d’une croissance durable et inclusive ».

« D’ici la fin du siècle, en l’absence de mesures d’atténuation, les températures mondiales devraient augmenter de 4 degrés Celsius par rapport à l’ère préindustrielle et engendrer ainsi des risques croissants et irréversibles: effondrement des calottes glaciaires, submersion de pays insulaires de faible altitude, phénomènes météorologiques extrêmes et scénarios de réchauffement incontrôlé », préviennent les deux responsables de l’institution financière internationale.

Le réchauffement de la planète pourrait aussi signifier une augmentation du risque d’extinction pour un grand nombre d’espèces, la propagation de maladies, une remise en cause de la sécurité alimentaire et un appauvrissement des ressources renouvelables en eaux de surface et en eau souterraine.

Cette menace imminente a heureusement suscité une riposte multilatérale sans précédent: au total 190 parties ont proposé des stratégies dans le sillage de l’Accord de Paris; elles comportaient presque systématiquement une forme ou une autre d’engagement à atténuer le réchauffement.

« À présent, l’heure est venue de réfléchir avec réalisme à la manière d’honorer ces engagements », plaident-ils.

L’idée que la tarification du carbone  est l’instrument le plus efficace pour atténuer le changement climatique suscite, selon eux, un consensus de plus en plus large. Cet instrument permet d’inciter tous les secteurs et tous les acteurs à réduire leur consommation énergétique, à utiliser des combustibles plus propres et à mobiliser des financements privés.

En outre, « la tarification du carbone génère des recettes dont nous avons grandement besoin et qui devraient être affectées de façon à réorienter les finances publiques en faveur d’une croissance durable et inclusive ».

Un récent document du FMI examine comment la tarification du carbone pourrait être utilisée pour tenir les engagements d’atténuation pris à Paris. Les engagements et la tarification nécessaire pour les tenir varient d’un pays à l’autre, et le document examine l’impact de prix de 35 et de 70 dollars la tonne sur les émissions de carbone.

« Un prix sensiblement inférieur à 35 dollars la tonne serait suffisant pour que les pays du G‑20 (qui, ensemble, sont responsables des quatre cinquièmes des émissions mondiales) tiennent leurs engagements, et cela vaut aussi pour des membres importants du G-20 tels que la Chine et l’Inde », selon cette analyse.

La première avancée en matière de tarification du carbone a été l’établissement de plus de 50 systèmes de taxes ou d’échanges d’émissions, qui sont actuellement en vigueur à l’échelle régionale, nationale et infranationale, poursuit le document qui souligne néanmoins qu’ »il reste clairement des efforts considérables à fournir, étant donné que le prix mondial moyen n’est que de 2 dollars la tonne ».

« Il est donc crucial de gérer le processus de manière globale; cela passe généralement par une introduction progressive de la tarification et une communication explicite sur l’utilisation des recettes générées, sachant qu’il faudra trouver des compromis entre répartition, efficience et considérations politiques », expliquent les deux responsables du FMI.

Un autre point est essentiel: les dommages liés à l’utilisation des combustibles fossiles ne se limitent pas au changement climatique. Ces sources d’énergie sont à l’origine de décès dus à la pollution atmosphérique, d’embouteillages et d’accidents, ont-ils souligné.

Au vu de tous ces éléments, de nombreux pays ne prennent pas, selon eux, les bonnes décisions en ce qui concerne les prix de l’énergie, même s’ils l’on fait abstraction des préoccupations climatiques.

La quasi-totalité des spécialistes du climat sont favorables au principe d’une réforme de la tarification du carbone et de l’énergie.

Sur une note d’optimisme, le FMI juge que « les bonnes pratiques continueront de se renouveler et se multiplier et de jouer un rôle de catalyseur » dans le combat face aux changements climatiques.

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