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20 Sep

Climat : les Suisses ouvrent les yeux sur les dangers inévitables du réchauffement

Genève – Intempéries fréquentes, vagues de chaleur, fonte de glaciers, glissements de terrain : la Suisse ouvre peu à peu les yeux sur les dégâts inévitables du réchauffement planétaire, deux fois plus fort dans l’arc alpin qu’en moyenne mondiale.

Les conséquences fâcheuses de ce phénomène sont d’autant plus visibles que les scientifiques estiment que le temps commence à manquer pour une riposte convenable face à un climat devenu rebelle.

« En plus de réduire ses émissions de gaz à effet de serre, le pays helvétique doit se préparer afin de minimiser les risques », a affirmé Marc Chardonnens, directeur de l’Office fédéral de l’environnement (OFEV) lors d’une récente conférence sur l’adaptation aux changements climatiques.

Les glaciers sont les premiers à faire les frais du dérèglement climatique, à l’image de l’éboulement sans précédent dans la zone de Bondo faisant une dizaine de morts. Leur dramatique recul a amené les autorités fédérales à charger une équipe de scientifiques de dresser l’inventaire des effets du réchauffement sur l’ensemble des régions.

Avec 4 millions de mètres cubes de roches détachés du sommet de Piz Cengalo (3.369 m), le désastre survenu en août est considéré comme le plus grand depuis des décennies. Pis encore, l’événement a été clairement identifié comme une conséquence du réchauffement climatique par les spécialistes de l’Office fédéral de l’environnement.

Pour la communauté scientifique, il est urgent d’établir une vue d’ensemble des effets de l’évolution du climat afin de jauger au mieux les risques et d’adopter les mesures les plus pertinentes.

Après l’analyse, place à l’action, promet le gouvernement fédéral qui s’est engagé l’an dernier à réduire de 50 pc les émissions de gaz à effet de serre du pays alpin d’ici 2030 par rapport à 1990. Pourtant, les auteurs d’un rapport de l’Université de Lausanne ont prévenu que le temps commence à manquer pour l’action climatique.

« Une chose est sûre, la Suisse ne pourra pas se contenter de mettre en place des mesures d’adaptation », a lancé la climatologue Pamela Köllner, pour qui tous les intervenants, gouvernement, opérateurs économiques, société civile, doivent redoubler d’efforts pour atténuer les retombées du changement climatique. La principale piste : émettre beaucoup moins de gaz à effet de serre, le seul moyen de diminuer durablement les risques climatiques.

Les experts de l’OFEV n’ont pas manqué ces dernières années d’alerter sur l’impact du dérèglement climat sur les écosystèmes et l’environnement dans tout l’Arc alpin. « Avec un réchauffement global moyen contenu à 2 degrés, comme le prévoit l’accord de Paris sur le climat, la température en Suisse pourrait encore augmenter de 1 à 3 degrés d’ici à 2060 », a-t-il averti dans son dernier rapport annuel.

L’office dresse un tableau des plus sombres : des îlots de chaleur se développent dans les villes, des pénuries en eau surviennent localement et les flancs des montagnes alpines deviennent de plus en plus instables.

« Comme le réchauffement ne peut être que contenu, l’adaptation aux effets des changements climatiques revêt une importance croissante », a relevé Mme Kollner, soulignant que la hausse de la température et les modifications du régime des précipitations ont des conséquences non seulement environnementales, mais aussi économiques et sociales.

L’exécutif a en effet commandé une analyse des risques en collaboration avec huit cantons afin de cerner les impacts régionaux des changements climatiques. Il se penche aussi sur la préparation de dizaines de projets concrets en matière d’adaptation aux changements climatiques.

Ces projets tendent globalement vers la prévention, mais aussi la gestion, des pénuries d’eau, les dangers naturels, les écosystèmes, l’utilisation des terres, le développement des villes, le transfert des connaissances et les questions de gouvernance. Y sont associés les autorités locales, des instituts de recherche, des hautes écoles et des entreprises.

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