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23 Oct

Collecte informelle des déchets, une activité salvatrice à Accra

-Par Malika Mojahid-

Accra – En sillonnant les artères de la capitale ghanéenne Accra, on ne peut pas rater un phénomène devenu l’apanage de la ville, celui des femmes qui s’activent tous les matins à collecter des déchets urbains, en particulier des bouteilles en plastique.

Après l’opération de collecte, ces « ramasseuses de déchets » trient, en fin de journée, leur butin en séparant les matériaux selon leur type et composantes : papier, verres, plastiques… avant de revendre le lot récupéré pour quelques cedis.

Ce travail dur, qui constitue un moyen de subsistance pour ces femmes démunies, revêt une autre dimension, celle d’action bénéfique pour l’environnement urbain, du fait qu’à travers leur action, les « ramasseuses de déchets » rendent un énorme service aux municipalités en les aidant à améliorer le taux de recyclage et à réduire les volumes des déchets mis en décharge.

Soldats de l’ombre, ces femmes, généralement analphabètes et socialement réprimées, se substituent de manière informelle aux services municipaux et permettent ainsi d’augmenter le taux de recyclage, de contribuer à préserver les ressources primaires et de lutter contre la pollution issue des déchets à coût zéro pour les pouvoirs publics.

En reconnaissance tacite de leur apport, l’Assemblée métropolitaine d’Accra (AMA) a mis en place un projet visant à mettre à contribution la collecte des déchets informels.

A travers ce projet, dénommé « The future we want engages all citizens », l’AMA compte intégrer cette forme de collecte informelle dans son système officiel de collecte et de traitement des déchets afin de contribuer à la mise en place d’un système d’emploi plus juste et plus équitable.

Pour le maire d’Accra, Mohammed Sowah, cette initiative met en avant le rôle du secteur informel dans le développement durable des villes.

« Ce projet reconnaît le rôle crucial de ces ramasseurs dans la gestion des déchets, en créant des ponts avec le secteur formel et en améliorant leur conditions de travail et de vie », a indiqué M. Sowah dans une déclaration à la MAP.

« Ces acteurs doivent être intégrés dans notre lutte contre le changement climatique, eu égard l’impact de leur intervention sur l’amélioration du taux de recyclage », a relevé M. Sowah, notant qu’au Ghana, seuls 2% des 22.000 tonnes produites annuellement sont recyclées.

Selon lui, l’intégration du secteur informel dans les systèmes de gestion de déchets présente de nombreux avantages. Sur le plan économique, la collecte informelle de déchets, créatrice d’emplois, génère des économies aux municipalités et profite indirectement aux contribuables.

Sur le plan social, cette collecte permet de lutter contre la pauvreté, en permettant une augmentation des revenus, une amélioration des conditions sanitaires et un meilleur accès aux soins, a-t-il précisé, notant qu’au niveau environnement, ces ramasseuses collectent les déchets avec une certaine efficacité et contribuent, ainsi, à augmenter les taux de recyclage de façon considérable.

En effet, leur intégration permettra de mutualiser les ressources entre les différents niveaux opérationnels, et donc d’optimiser le dispositif de gestion de déchets dans sa globalité.

Selon un rapport des Nations Unies publié en 2015, près de 64 millions de personnes vivent du recyclage informel de déchets dans le monde, presque exclusivement dans les pays en développement.

Le Ghana est particulièrement concerné car ce pays d’Afrique de l’Ouest importe chaque année près de 40.000 tonnes de déchets électroniques.

Pour faire face à cette situation, le Ghana a lancé une panoplie de stratégies de gestion de déchets, visant à lutter contre la pollution et encourager le recyclage, créer des emplois verts et protéger l’environnement.

En septembre dernier, une politique permettant d’agir sur la réduction des déchets plastiques en s’appuyant sur l’économie circulaire, comme vecteur de développement durable, a été lancée en partenariat avec le Partenariat mondial pour l’action plastique (GPAP).

Cette politique jette les bases pour la mise en place d’une industrie entièrement nouvelle pour la re-conception, la récupération et le recyclage des plastiques, afin de prévenir la pollution de l’environnement et créer de nouveaux emplois dans l’économie verte.

En 2017, le gouvernement a mis en place un plan stratégique qui vise à aider à gérer efficacement les déchets et contribuer à améliorer la situation sanitaire pour faire du Ghana l’un des pays les plus propres, à travers la construction des usines de traitement des déchets au niveau de certaines régions du pays.

Outre la relance des tribunaux d’assainissement dans la capitale pour imposer des sanctions aux personnes qui commettent des infractions d’assainissement, l’Assemblée métropolitaine d’Accra a également commencé à construire des stations de transfert dans des sites stratégiques pour assurer une gestion efficace des déchets.

Trois de ces stations de transfert ont été implantées à Achimota, New Town et Mallam Interchange, tandis que d’autres seront construites à Dansoman, Korle Bu Mortuary Road et Osu.

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