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30 Mar

Confinement: Plaidoyer pour une introspection écologique

Taoufik El Bouchtaoui.

Genève – Avions cloués au sol, usines à l’arrêt, activité humaines au ralenti… En paralysant les économies mondiales, le coronavirus a provoqué une baisse de la pollution et une amélioration de la qualité de l’air qui ravit la faune sauvage, mais aussi les milieux écologistes qui n’entendent pas, pour autant, se reposer sur leurs lauriers, craignant que ces effets ne soient que de courte durée.

Selon l’Organisation météorologique mondiale (OMM), basée à Genève, la diminution des émissions due à la crise économique causée par la COVID-19 ne dispense pas d’une action climatique concertée.

« Les efforts déployés pour lutter contre la pandémie de coronavirus ont entraîné une réduction de l’activité économique et des améliorations localisées de la qualité de l’air. Cependant, il est trop tôt pour en évaluer les conséquences sur les concentrations de gaz à effet de serre, qui sont responsables du changement climatique à long terme », souligne l’OMM dans un communiqué.

Pour l’instant, les niveaux de dioxyde de carbone dans les principales stations d’observation sont plus élevés cette année que l’année dernière, fait constater l’organisation onusienne.

Samedi, à l’occasion de son célèbre « Earth Hour », « une heure de l’année où les villes du monde entier éteignent les lumières de leurs monuments et attirent l’attention de milliers de personnes sur la crise climatique », le Fonds mondial pour la nature (WWF), en Suisse, a appelé « les citoyens à prendre le temps de réfléchir à notre relation avec la nature, et à partager leurs réflexions sur les réseaux sociaux ».

Chaque année, à l’occasion d’Earth Hour, le WWF appelle à éteindre les lumières, une action symbolique pour attirer l’attention sur la crise mondiale du climat et de la biodiversité. « Ces 13 dernières années, l’éclairage de monuments tels que la porte de Brandebourg à Berlin ou le Jet d’eau de Genève, entre autres, a été éteint », rappelle le Fonds.

« En raison du coronavirus, il est important de rester à la maison. Mais Earth Hour n’est pas moins importante cette année. La crise climatique durera plus longtemps que la pandémie et la biodiversité va continuer à décliner dans le monde entier, de manière constante et pendant des années », fait observer l’Organisation sur son site Internet.

L’impact de l’humanité sur la nature demeure un sujet urgent et doit le rester – encore plus aujourd’hui, a plaidé le WWF, qui « appelle à une réflexion sur notre relation avec la nature par le biais d’Earth Hour ».

«Nous nous trouvons actuellement dans une situation tout à fait extraordinaire, dans laquelle nous réfléchissons à nos relations et à notre comportement envers nos semblables. C’est le moment du retour à la maison, de l’introspection », estime Thomas Vellacott, directeur général du WWF Suisse.

« Prenez donc une heure et discutez avec vos proches, votre partenaire ou même vos enfants », a-t-il poursuivi.

Selon une analyse réalisée pour Carbon Brief, le confinement et la réduction de l’activité économique ont conduit en quatre semaines à une réduction de 25 % des émissions de CO2 en Chine.

Il ressort également des observations que les niveaux de dioxyde d’azote (NO2) diminuent considérablement avec le confinement en Chine et en Italie, rappelle l’OMM. En Italie, les observations de surface du Service Copernicus de surveillance de l’atmosphère (CAMS) de l’Union européenne ont confirmé une baisse hebdomadaire progressive d’environ 10 % au cours des quatre à cinq dernières semaines.

Pour les militants et organisations internationales oeuvrant dans le domaine de protection du climat et de l’environnement, les effets de ralentissement de la pollution et des émissions de gaz à effet de serre ont un caractère éphémère. Ils estiment que ces émissions ont toujours tendance à rebondir, après une crise, plaidant pour « une baisse soutenue et régulière des émissions de gaz à effet de serre, pas d’une année blanche ».

Selon le Secrétaire général de l’OMM, Petteri Taalas, « le moment est venu de réfléchir aux moyens d’utiliser les plans de relance économique de façon à soutenir une transition à long terme vers des pratiques professionnelles et personnelles plus respectueuses de l’environnement et du climat ».

«L’expérience montre que les émissions baissent pendant les crises économiques puis connaissent une recrudescence rapide. Nous devons infléchir cette trajectoire», a-t-il précisé.

«Le monde doit faire preuve de la même unité et du même engagement en matière d’action climatique et de réduction des émissions de gaz à effet de serre que pour contenir la pandémie de coronavirus», a-t-il poursuivi. «Si nous ne parvenons pas à atténuer le changement climatique, les pertes humaines et économiques pourraient être plus importantes dans les prochaines décennies», a‑t-il prévenu.

D’après l’OMM, « le dioxyde de carbone persiste dans l’atmosphère et les océans pendant des siècles. La planète est donc vouée au changement climatique, indépendamment de toute chute temporaire des émissions due à l’épidémie de coronavirus ».

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