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06 Nov

COP23 : Appels à agir d’urgence pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris

Bonn -« Agir et agir d’urgence » était le mot d’ordre qui a rythmé les différentes interventions à l’ouverture, lundi à Bonn, de la 23ème Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP23), traduisant un esprit d’inquiétude général dans un contexte de poursuite des événements climatiques extrêmes.

Les apports alarmants publiés la semaine dernière par le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) et l’Organisation météorologique mondiale (OMM) étaient évoqués à maintes reprises dans les discours des intervenants, faisant état de tant de signes du changement climatique qui montrent clairement que « nous devons faire davantage pour stopper la hausse continue des températures » dans le monde, semant le doute quant à la possibilité d’atteindre l’objectif de maintenir le réchauffement en dessous de 2 °C, comme fixé dans l’Accord de Paris.

« J’ai une pensée émue pour les victimes des terribles catastrophes qui ont été endeuillées cette année, des Caraïbes aux Etats Unis en passant par de nombreux autres pays. Ceci nous rappelle, encore une fois, l’urgence d’agir », a d’emblée déclaré le président sortant de la COP22, Salaheddine Mezouar, avant de passer le relais à la nouvelle présidence fidjienne de la COP23 pour prendre en charge les dossiers relatifs au climat.

Craignant, comme le souligne le rapport du PNUE, que les Contributions Déterminées des Pays au niveau National « ne nous feraient rencontrer que le tiers du chemin pour atteindre l’objectif d’être bien en deçà de 2 degrés Celsius », M. Mezouar a affirmé que « cet état de fait est tout simplement inacceptable pour notre planète et en particulier les plus vulnérables ».  »Malgré les efforts positifs consentis par l’ensemble des Parties, nous devons en faire davantage », a-t-il insisté.

Même son de cloche chez le Premier ministre fidjien Frank Bainimarama qui lui succède à la tête de la COP. « Notre demande collective au monde est qu’il maintienne le cap fixé à Paris » avec l’accord climat adopté fin 2015, a-t-il souligné, tout en se disant honoré de prendre les commandes de l’action climatique après la présidence marocaine.

Il a souligné l’importance d’accélérer, sous son mandat, la mise en œuvre de l’Accord de Paris au vu des effets néfastes des phénomènes climatiques extrêmes que connait le monde actuellement, comme les ouragans et les inondations qui menacent la sécurité alimentaire.

S’inscrivant dans la continuité de l’esprit de Marrakech, la présidence fidjienne de la COP23 place comme priorité la préservation du consensus multilatéral dégagé dans le cadre de l’Accord de Paris pour des réductions substantielles des émissions de carbone, avec l’ambition de maintenir l’élan actuel pour la mise en œuvre de l’Accord par le biais d’une vague d’actions climatiques qui requiert l’implication de tous.

Pour la Secrétaire exécutive de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), Mme Patricia Espinosa, le message était on ne peut plus clair : »Nous n’avons plus le luxe du temps. Nous devons agir maintenant! ».

« Des millions de personnes souffrent des phénomènes climatiques extrêmes. Il est plus que jamais urgent d’agir », a insisté Mme Espinosa qui a tenu à remercier à cette occasion le leadership de la présidence marocaine de la COP22 pour le travail mené jusqu’ici dans le cadre de cette conférence, la première COP après l’entrée en vigueur de l’Accord de Paris.

Elle table sur la COP23 pour qu’elle soit aussi une étape essentielle pour accélérer la mise en œuvre complète de l’Accord de Paris, aujourd’hui ratifié par 169 pays, mais aussi relever ses ambitions.

« Nous sommes appelés à terminer le travail entamé, pour que la promesse de Paris, faite à l’humanité, soit une réalité », a-t-elle lancé en souhaitant le succès de la COP23.

Les trois dernières années sont les plus chaudes qui aient jamais été enregistrées et s’inscrivent dans la tendance au réchauffement à long terme de la planète », a mis en garde, pour sa part, le Secrétaire général de l’Organisation météorologique mondiale (OMM), Petteri Taalas, se référant à la déclaration provisoire de l’OMM sur l’état du climat mondial, publié lundi à Bonn.

D’après cette déclaration, la température moyenne à la surface du globe pour les neuf premiers mois de l’année dépassait de quelque 1,1 °C celle de l’époque préindustrielle. Sous l’effet d’un puissant Niño, 2016 devrait donc conserver son statut d’année la plus chaude, 2015 et 2017 se disputant la deuxième et la troisième places, selon l’OMM.

Le monde, a expliqué M. Taalas, a assisté à des conditions météorologiques exceptionnelles, avec notamment des pics de température à plus de 50 °C en Asie, des ouragans d’une intensité record dans les Caraïbes et dans l’Atlantique qui ont atteint l’Irlande, des inondations dévastatrices causées par la mousson et frappant des millions de personnes, ou encore une terrible sécheresse en Afrique de l’Est.

« Nombre de ces phénomènes – des études scientifiques approfondies en révéleront le chiffre exact – portent indiscutablement la marque du changement climatique causé par l’augmentation des concentrations de gaz à effet de serre engendrés par les activités humaines », a-t-il conclu.

Pour la ministre allemande de l’environnement, Barbara Hendricks, le transfert de la présidence de la COP aux îles Fidji, un État insulaire qui représente les pays du Pacifique fortement vulnérables aux effets des changements climatiques, est porteur d’un message fort quant à la prise de conscience de l’impératif d’une action collective et solidaire pour faire face à la menace planétaire que représente le phénomène du réchauffement climatique.

Convaincue que l’Accord de Paris est irréversible, elle a annoncé que l’Allemagne a décidé de relever sa contribution au Fonds vert pour le climat de l’ONU avec un montant additionnel de 50 millions d’euros en 2017.

De son côté, le maire de Bonn, Ashok-Alexander Sridharan, a souligné l’impératif pour tous les pays du monde de s’unir pour agir d’urgence afin de faire face aux effets néfastes des changements climatiques, relevant en particulier la nécessité d’associer les acteurs locaux. Il a cité à cet égard plusieurs événements que sa ville s’apprête accueillir en marge de la COP23 qui se poursuit jusqu’au 17 novembre, pour sensibiliser sur les enjeux de la lutte contre les effets du changement climatique et promouvoir les initiatives vertes.

Entre 25.000 et 35.000 participants, parmi lesquels les représentants de plus de 500 ONG et plus d’un millier de journalistes, prennent part à la Conférence de Bonn, où les pays chercheront à avancer dans l’élaboration du règlement d’opérationnalisation de l’Accord de Paris.

L’Accord de Paris, qui a été adopté par les 196 Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) en décembre 2015 à Paris, appelle les pays à lutter contre le changement climatique en visant à limiter la hausse de la température mondiale en-dessous de 2 degrés Celsius et à s’efforcer de ne pas dépasser 1,5 degré Celsius.

En novembre 2016, la Conférence de Marrakech sur le climat s’était conclue par la « Proclamation de Marrakech pour l’action en faveur du climat et du développement durable », dans laquelle les Etats parties à la CCNUCC affirmaient leur « engagement » à « la mise en œuvre complète » de l’Accord de Paris. Aujourd’hui, 169 Parties ont ratifié cet accord.

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