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22 Nov

Danemark : Un projet de lutte contre la sur-fertilisation par l’utilisation de la nanotechnologie

Copenhague – Des chercheurs danois se penchent sur l’élaboration d’un nouveau projet visant à lutter contre la sur-fertilisation dans l’agriculture par l’utilisation de la nanotechnologie, à travers le développement d’un engrais phosphaté plus efficace.

« Le nouveau projet, qui est une collaboration entre le Fonds d’innovation du Danemark et le Département des sciences végétales et environnementales de l’Université de Copenhague, est une tentative de développer un engrais phosphaté plus efficace grâce à l’utilisation de la nanotechnologie », indique mercredi un communiqué des initiateurs du projet.

Baptisé « SMART-P », ce projet d’une durée de quatre ans est doté d’un budget total de 2,9 millions d’euros, dont 1,9 million mobilisé par le Fonds d’innovation danois.

Les chercheurs tentent d’encapsuler le phosphate dans des nanoparticules biodégradables que les plantes peuvent absorber par leurs feuilles, et ainsi empêcher qu’il ne reste dans le sol. De même que l’azote, le phosphate est un nutriment végétal et une cause importante de prolifération d’algues dans les lacs et les zones côtières.

« Le projet signale un changement de paradigme, où nous pouvons appliquer le phosphate exactement quand la plante en a besoin », explique le directeur du projet, Søren Husted, professeur en sciences végétales au Département des sciences végétales et environnementales.

Søren Husted prévoit que le nano-fertilisant sera en mesure de réduire la consommation de phosphate dans le secteur agricole de 70-75%.

De plus, le nano-fertilisant facilitera l’application de l’engrais au moment exact où les cultures sont capables d’absorber le phosphate.

« L’objectif est de réduire les 25 kg de phosphate actuellement utilisés par hectare et par an, à seulement 5-8 kg de phosphate qui seront appliqués directement sur les plantes. Ainsi, nous serons en mesure de contourner le sol et les mécanismes qui le lient à l’engrais de manière à le rendre inaccessible aux plantes », a-t-il expliqué.

« Avec les pratiques actuelles, une grande quantité de phosphate est gaspillée, ce qui représente un énorme gâchis d’une ressource naturelle précieuse et limitée, et constitue en outre une menace environnementale quand elle pénètre dans l’environnement aquatique », a-t-il poursuivi.

En plus des avantages environnementaux, une utilisation plus précise et ciblée du phosphate permettra au secteur agricole d’économiser les achats coûteux d’engrais, tout en produisant potentiellement des rendements plus élevés.

« C’est vraiment une situation gagnant-gagnant si nous réussissons à optimiser l’absorption de phosphate par les cultures. Cela profitera financièrement aux agriculteurs et protégera l’environnement », a pour sa part relevé Leif Knudsen, consultant en chef sur les engrais auprès de SEGES, un bureau leader de consulting agricole au Danemark.

L’autre partenaire, Funen Flex Fertilizer, produira l’engrais et s’assurera que le nano-fertilisant est capable de concurrencer les engrais traditionnels sur le marché.

« Nous devons être en mesure d’assurer que le nouvel engrais phosphaté soit plus efficace que les alternatives existantes. Cet engrais sera plus coûteux et nous devons donc être en mesure de justifier ce coût supplémentaire. S’il y a une incitation économique, nous serons en mesure d’ouvrir les portes aux agriculteurs qui ne peuvent pas nécessairement se permettre le coût supplémentaire », reprend le directeur du produit, Allan Holm Nielsen.

Chaque année, une grande quantité de phosphate en excès d’engrais est appliquée sur les terres agricoles où il s’accumule dans le sol sans bénéficier de la production agricole. En fait, seulement environ 15-25% du phosphate appliqué est utilisé par les cultures pour les aider à pousser.

L’excès de phosphate est très dommageable pour l’environnement aquatique, qui est progressivement ruiné par la pollution. Par conséquent, le paquet agricole récemment entré en vigueur au Danemark exige que le secteur agricole réduise significativement les émissions de phosphore.

BI.

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