Entreprenariat vert: quatre questions à Fatima Zahra El Khalifa, DG du Cluster solaire

Casablanca – Alors que les enjeux environnementaux se trouvent plus que jamais à l’avant plan des agendas politiques et économiques, l’entreprenariat vert poursuit sa dynamique d’évolution au profit des emplois et des activités durables respectueux de l’environnement.

Dans un entretien à la MAP, Fatima Zahra El Khalifa, Directrice générale du Cluster solaire, analyse les perspectives de ce mode novateur d’entrepreneuriat sur le plan national ainsi que l’impact de la crise sanitaire sur l’écosystème.

1. En quoi consiste d’abord l’entrepreneuriat vert?

La transition vers une économie verte respectueuse de l’environnement et favorisant la création de richesses et d’emplois durables, s’inscrit comme un objectif majeur de la politique de développement durable du Maroc. Ainsi, l’entrepreneuriat vert constitue aujourd’hui une nouvelle dynamique économique en pleine évolution.

La prise de conscience croissante des enjeux environnementaux permet de favoriser la transition vers une économie verte encourageant, notamment, le recours aux énergies renouvelables, l’agriculture durable, la gestion durable de l’eau, la valorisation des déchets et l’éco-construction.

Les jeunes entrepreneurs marocains sont de plus en plus nombreux à innover et développer des technologies et solutions destinées à résoudre les problématiques environnementales du pays. Un engagement qui révèle et confirme le potentiel d’une filière verte en plein essor au Maroc qu’il convient d’accompagner.

2. Pouvez-vous nous dresser un état des lieux de ce mode d’entrepreneuriat au Maroc?

Aujourd’hui, l’entrepreneuriat vert a du potentiel au Maroc, même s’il reste encore une niche, il n’en demeure pas moins une filière qui suscite beaucoup d’engouement et d’intérêt. La crise du Covid-19 a également démontré le besoin urgent de changer les modes de vie actuels, et de repenser le modèle économique et social.

D’autre part, les acteurs de l’écosystème marocains l’ont bien compris, et reconnaissent la nécessité d’apporter un appui au secteur à travers les différents programmes et partenariats conclus et les mécanismes de financement verts déployés.

L’une des missions du Cluster Solaire consiste à promouvoir et à valoriser les projets portés par les entrepreneurs verts et d’inciter les jeunes en général à adopter les principes de l’économie verte afin de renforcer cette tendance et faire des métiers verts un levier de croissance.

3. Comment le cluster solaire contribue à la dynamique de l’entrepreneuriat vert de par son expertise et son savoir-faire conséquent dans ce domaine?

A travers son incubateur Greentech, le Cluster solaire soutient la promotion de l’innovation en matière de technologies propres, et la création d’emplois verts. Il accompagne chaque année près d’une quarantaine de startups, entrepreneurs et porteurs de projets désireux de développer des solutions greens innovantes, et ce, grâce à un programme de formation adapté aux besoins et au niveau de maturité des projets, une assistance technique, et soutien financier pouvant atteindre jusqu’à 700.000 DH (entre subvention et prêt d’honneur).

Le Cluster Solaire appuie également les startups lors du processus de levée de fonds à travers une mise à disposition d’experts dédiés, et une mise en relation ciblée avec fonds d’investissement et business angels via son programme d’accélération Green Business Booster.

Le Cluster Solaire agit ainsi sur toute la chaîne de valeur, offrant aux entrepreneurs un accompagnement totalement gratuit leur permettant de développer des modèles d’affaires économiquement durables et compétitifs en adéquation avec la réalité de l’industrie et du marché.

4. Quel impact a eu la crise sanitaire sur ce type d’entrepreneuriat? Peut-on parler d’un ralentissement ou plutôt d’un effet accélérateur?

La crise sanitaire a fragilisé et ralenti la dynamique d’entrepreneuriat vert, la majorité des startups ont connu un arrêt partiel voire total de leurs activités durant cette période. Néanmoins différentes initiatives ont également vu le jour, portées par les entrepreneurs marocains avides de contribuer à l’effort national afin de minimiser un tant soit peu l’impact du Covid-19.

A l’instar de l’étude d’impact du covid19 sur le secteur des énergies renouvelables réalisée par le Cluster solaire, une nouvelle étude auprès des startups cette fois-ci est en cours de finalisation. L’objectif étant de quantifier l’impact de la crise sanitaire sur l’activité des startups greens au Maroc, et de déterminer les principaux besoins et mesures de soutien permettons d’améliorer leur résilience face à cette crise.