ActualitésÉté 2016 : la poussée de fièvre planétaire à la veille de la COP22 amplifie les défis

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27 Sep

Été 2016 : la poussée de fièvre planétaire à la veille de la COP22 amplifie les défis

Rabat, 20/08/2016 (MAP)- La poussée de fièvre planétaire qui sévit depuis juillet dernier, à quelques semaines de la COP22 à Marrakech, a hissé d’un cran les défis de mise en œuvre de l’accord de Paris lors de cette manifestation écologique décisive.

Ce phénomène météorologique, lié étroitement au réchauffement climatique, mettra à l’épreuve l’ensemble des pays signataires de cet accord. Ils seront face à leurs engagements pour contenir la hausse des températures sous la barre de 2°C, sachant que les températures moyennes enregistrées en 2016 ont dépassé de 1,05°C la moyenne enregistrée au 20è siècle, battant au passage le record précédent de 0, 20°C obtenu en 2015, selon les observations de la NASA.
Cette montée de chaleur est dû essentiellement au phénomène océanique appelé « El Nino », qui se caractérise par des températures anormalement élevées de l’eau dans la partie Est de l’océan Pacifique Sud, affectant le régime des vents, la température de la mer et les précipitations, et qui a boosté remarquablement l’indice de température planétaire jusqu’à sa dissipation en mai 2016.

Selon le représentant de l’Institut de recherche pour le développement (IRD-France) à Rabat, Abdelghani Chehbouni, cette canicule est le produit direct d’un phénomène global « alarmant » qui nécessite une action synergique de tous les acteurs concernés, y compris responsables politiques, société civile et scientifiques.

M. Chehbouni a confirmé que cette montée « incompréhensible » des températures est liée au phénomène « El niño », qui déclenche une levée « anormale » des températures qui impacte les précipitations au Maroc.

Bien que globales, ces températures ne sont pas distribuées de façon homogène sur la planète. La moyenne des températures est en hausse de 2,2°C en Amérique du Nord, 2,05°C en Asie, 1,73°C en Europe, 1,53°C en Océanie, 1,35°C en Afrique et 1,22°C en Amérique du Sud.

Cette hausse des températures à l’échelle planétaire confirme la nécessité, pour les pays signataires de l’Accord de Paris, d’honorer leurs engagements, particulièrement ceux liés aux financements, au transfert technologique, au renforcement des capacités et à la transparence.

Ainsi, les pays développés doivent prendre en considération les besoins des pays en voie de développement, surtout ceux vulnérables au dérèglement climatique, en leur octroyant des ressources financières conséquentes qui « devraient renforcer l’application de leurs politiques, stratégies, règlements, plans d’action et mesures de lutte contre les changements climatiques tant en matière d’atténuation que d’adaptation ».

Les pays développés doivent poursuivre leur objectif collectif actuel de mobilisation, jusqu’en 2025, d’un niveau plancher de 100 milliards de dollars par an.

Par ailleurs, la concrétisation de ces engagements est d’autant plus urgente que la dernière vague de chaleur enregistrée à travers le monde depuis la mi-juillet, et ressentie également au Maroc, est venue apporter une autre preuve tangible de ce dérèglement climatique qui appelle des solutions adéquates.

Selon la direction de la météorologie, le Royaume a connu, en juillet dernier, plus de 21 jours de températures dépassant les 39 degrés dans la région de Béni-Mellal, 20 jours à Marrakech, 19 jours à Fès, 17 jours à Smara et 31 jours à Errachidia, tandis qu’au cours de la première quinzaine d’août, le temps a été très chaud avec des températures maximales dépassant les 40°C.

Cette élévation de la température moyenne de la planète n’est pas seulement un simple exemple de variabilité naturelle du climat, mais « le résultat de notre activité anthropique et nos émissions massives de gaz à effet de serre dans l’atmosphère par l’usage des combustibles fossiles », a expliqué à la MAP le coordinateur du comité scientifique (COP22), Karim Anegay.

Ce phénomène a non seulement des effets incommensurables sur l’ensemble de la planète à savoir la sécheresse, l’insécurité alimentaire, l’acidification des océans et le changement des écosystèmes, mais également un impact direct sur le mode de vie et la santé des citoyens, notamment les enfants et les personnes âgées, c’est le cas par exemple de Mme Fatima, une diabétique, âgée de 79 ans, résidant à Rabat, qui raconte à la MAP les retombées de ce phénomène sur son quotidien et sa maladie.

« J’ai vieilli et mon corps ne supporte plus de telle température », a-t-elle soupiré, faisant savoir que cette vague de chaleur l’a fragilisée, intensifié ses douleurs et augmenté sa glycémie en raison de la déshydratation de son corps.

Interrogée sur ce phénomène climatique, Mme Fatima a relevé que ce changement de climat lui rappelle deux phénomènes météorologiques qui ont toujours existé, et qui bien que pénibles, étaient tout à fait normaux autrefois, à savoir « Chergui » en été et « Jriha » en hiver.

« J’entends souvent les gens parler de réchauffement climatique, je n’ai jamais compris en quoi consistait-il exactement, tout ce que je sais, est que les êtres humains ne cessent de polluer la terre », a-t-elle affirmé, poursuivant: « à notre époque, nous n’étions pas modernes, mais nous menons un mode de vie sain qui respecte toutes les composantes de la nature ».
Ce témoignage rejoint tous les indicateurs du réchauffement climatique, qui font réellement froid au dos, et qui pointent la responsabilité de tous, citoyens, États, société civile, chercheurs et scientifiques. Il s’agit d’un appel de cœur pour répondre à ce signal d’alarme de mère nature afin de trouver une solution urgente à cette menace climatique qui pèse sur la planète.

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