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15 Mai

Les fontaines murales de Tétouan: Des points d’approvisionnement en eau qui étanchent la soif des artisans et des passants

.- Par: Abdelaziz HAYOUN -.

Tétouan, 15/05/2021 (MAP), La ville de Tétouan se distingue par l’abondance des fontaines publiques, localement connues sous le nom de « fontaines murales », connectées au réseau traditionnel de distribution d’eau de la médina « Skundo », qui sont des sources d’eau douce destinées, depuis des siècles, à étancher la soif des visiteurs, passants et des artisans, en plus de leurs rôles en matière environnementale.

Ces fontaines murales, dont le nombre s’élève à 44 réparties sur les principaux espaces et ruelles de l’ancienne médina, jouaient un rôle fondamental dans la gestion de l’utilisation de l’eau provenant des sources de Jbel Dersa et d’autres sources voisines, en rationalisant son utilisation et en répondant aux besoins en eau de certains habitants, des artisans et des visiteurs de la ville.

La construction des « fontaines murales » n’était pas par pure coïncidence, mais se basait sur un schéma fonctionnel et urbain précis, qui se reflète principalement dans leur distribution sur les différents quartiers de la médina, dans la mesure où elles étaient situées notamment à proximité des quartiers commerciaux et artisanaux (Souk El Hout, Syaghines et El Kharrazine) et des portes principales de la médina de Tétouan (Bab Al Oqla, Bab Saida, Bab Tout et Bab Sefli), afin de fournir de l’eau aux passants et aux visiteurs de la ville, à l’exception des « fontaines murales » construites et offertes par des familles, dont certaines sont dotées de caractéristiques esthétiques distinguées.

La fontaine la plus célèbre de Tétouan est celle de « Bab Al Oqla », qui fut construite par le Caïd gouverneur de la ville Mohamed Loukache au milieu du XVIIIè siècle. Elle se distingue par des caractéristiques esthétiques compatibles avec l’architecture de la ville et son tissu urbain, outre son emplacement stratégique à l’entrée principale de la médina, à cette époque.

A cela s’ajoutent d’autres fontaines importantes, telles que celles de « Sloukia », « Zaouiat Sidi Saidi », « Souk El Hout Lakdim », adjacente à la mosquée de la Kasbah, et la fontaine murale offerte par la famille Lebbadi à Syaghines, ainsi que les fontaines de « Sidi Naji », « Houmat Laâyoune », « Zaouia Al Fassia » et de « Bab Tout », outre la fontaine connue sous le nom de « Maâda » située au quartier « Trankat ».

Les eaux de certaines de ces fontaines dépassaient les murs de la médina pour irriguer les terres agricoles voisines, en particulier les fontaines murales situées à proximité des portes et des murs de la ville, comme c’est le cas pour les fontaines de la ruelle « Chrichar » près du sanctuaire Sidi Saidi.

Bien que le débit de certaines fontaines murales soit faible et irrégulier, l’excédent d’eau a été destiné à l’irrigation des terres au lieu d’être gaspillé, contribuant ainsi à la préservation des ressources hydriques et à la rationalisation de leur utilisation.

Sur le plan environnemental, les « fontaines murales » constituaient une source d’eau pour les oiseaux et les animaux de compagnie pour étancher leur soif, puisque les habitants de Tétouan ont veillé à équiper ces fontaines de bassins ou de tuyaux spéciaux pour abreuver les animaux, en étant conscients de leur rôle dans l’élimination des insectes et rongeurs porteurs de maladies et le maintien de l’équilibre écologique dans la médina.

En termes de caractéristiques architecturales, les « fontaines murales » sont divisées en deux types, dans la mesure où les fontaines installées dans les maisons ou des endroits stratégiques se distinguent par leur beauté et leur décor en zellige tétouanais, tandis que les fontaines situées dans les ruelles et les souks étaient seulement peintes à la chaux.

Dans une déclaration à la MAP, le chercheur Bouabid Bouzid a souligné que la réhabilitation et la mise en valeur de certaines fontaines murales de l’ancienne médina ont été programmées dans le cadre du programme complémentaire de réhabilitation et de valorisation de la médina de Tétouan (2019-2023), compte tenu de leur importance en tant que patrimoine matériel mis au service du tourisme.

M. Bouzid a précisé que certaines de ces « fontaines murales », considérées comme l’un des plus beaux monuments de la médina de Tétouan, ont disparu, tandis que d’autres ont été endommagées, ce qui a impacté négativement leur beauté et leur fonction, soulignant l’impératif de procéder à leur réhabilitation et leur restauration fonctionnelle.

Il a conclu que le programme complémentaire de réhabilitation et de valorisation de la médina de Tétouan permettra à ces fontaines murales de retrouver leur splendeur d’antan, en tant que sites patrimoniaux civilisationnels qui reflètent l’authenticité marocaine et l’intelligence innée des Marocains, ainsi que leurs préoccupations pour l’environnement et l’eau.

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