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09 Mai

Gaspillage alimentaire: Arrêtez la frénésie!

Par: Samia BOUFOUS

Casablanca – Mois de jeûne, de transcendance et de questionnement de soi, Ramadan est également pour un grand nombre de concitoyens un mois où le gaspillage alimentaire prend des proportions alarmantes suscitant de vives inquiétudes sur ce fléau récurrent, qui va à l’encontre de la vocation première de ce mois sacré.

Le gaspillage alimentaire, qui à chaque Ramadan enregistre de malheureux records, est la conséquence de l’engouement d’une grande majorité de Marocains, qui, gagnés par une sorte de fièvre acheteuse et pris d’une véritable boulimie frénétique « raflent » tout dans les grandes surfaces et même chez les épiciers du quartier!

« Chaque Marocain jette annuellement 91 kilogrammes d’aliments à la poubelle », tel est le constat d’un rapport publié récemment par l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le temps où le programme alimentaire mondial des Nations Unies (PAM) révèle que deux tiers des ménages marocains ont des dépenses alimentaires en dessous de la moyenne, soit un fait contradictoire mais surtout alarmant!

Dans le même sillage, des études du Centre international de hautes études agronomiques méditerranéennes (CIHEAM) et de la FAO font savoir que pendant le mois sacré 45,1% des familles marocaines jettent l’équivalent de 6 à 51 dollars par mois soit 60 à 500 dirhams.

Le président de la Fédération Nationale des Associations du Consommateur (FNAC), Ouadie Madih, souligne dans ce sens que le Maroc connaît une flambée pendant le mois de Ramadan au niveau du gaspillage alimentaire partant du fait que les habitudes du consommateur changent pendant ce mois. « Le Marocain consomme sans limite et toujours plus », a-t-il dit.

Dans une déclaration à la MAP, M. Madih a relevé que le changement d’approvisionnement du consommateur pousse également à des achats impulsifs et excessifs de produits qui pourront ne pas être consommés, outre l’aspect psychologique du consommateur qui, au moment de ses achats pense pouvoir tout consommer.

Selon lui, ce phénomène a toujours suscité une levée de boucliers dans le rang des défenseurs des droits de consommateurs qui ont souvent alerté sur la gravité de cet enjeu à la fois économique, éthique et environnemental, soutenant que chaque acteur de la chaîne alimentaire, du producteur au consommateur en passant par l’industriel, le distributeur et le restaurateur, doit prendre sa part de responsabilité.

Il a, dans ce sens, fait savoir que les répercussions du gaspillage alimentaire vont au-delà de tout ce qui est « matériel », notant que ce phénomène à de multiples facettes, en l’occurrence l’impact social dans la mesure où la personne qui jette le produit va empêcher une autre personne dans le besoin d’y accéder.

On peut également évoquer le volet économique. Le produit acheté par le consommateur et dont une partie sera jetée, veut dire que toute la valeur ajoutée qui accompagne ce projet sera jetée aussi, a-t-il précisé.  » Derrière tout aliment, il y a de nombreuses personnes qui ont fourni des efforts, beaucoup d’énergie, de temps, de travail, des ressources, de l’intelligence… Le jeter à la poubelle serait un véritable gâchis.

Selon M. Madih, le gaspillage de nourriture n’est pas uniquement un problème éthique, mais c’est aussi un problème environnemental, « car souvent nous jetons des aliments encore consommables », soulignant à cet effet, que tout abus de consommation est à même d’affecter les générations futures, notamment en matière de consommation de l’eau.

Sensibiliser est la clé!

En vue de changer les habitudes du consommateur, l’éducation à l’école et les initiatives politiques et associatives constituent de bons points de départ, estime M. Madih qui souligne l’impératif de faire comprendre aux consommateurs qu’il est inadmissible de jeter inutilement à la poubelle de la nourriture qui aurait pu servir.

Et d’ajouter qu’il est plus judicieux de faire admettre au consommateur, qu’en raison de la disponibilité limitée des ressources naturelles, il serait plus rentable de diminuer le gaspillage de nourriture que d’accroître la production agricole pour nourrir une population mondiale croissante.

Force est de constater que la grande interrogation demeure dans l’aspect chronique de ce phénomène. Quelle est la solution ? Comment faire ? Lorsqu’on est prévenu chaque année que le même scénario va se répéter. En tout cas, une chose est sûre, la lutte contre ce gâchis alimentaire qui constitue une énorme plaie pour l’économie nationale est l’affaire de tous !

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