ActualitésIndustrie du cuir: Interview avec Hicham Boudraa, DG par intérim de l’AMDIE

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24 Mar

Industrie du cuir: Interview avec Hicham Boudraa, DG par intérim de l’AMDIE

Casablanca- Le Directeur général par intérim de l’Agence Marocaine de Développement des Investissements et des Exportations (AMDIE) décrypte, dans une interview accordée à la MAP, les nouveaux relais de croissance de l’industrie nationale du cuir.

Dans cet entretien, M. Boudraa explique comment cette industrie ancestrale pourrait-elle se réinventer et tirer profit des perturbations globales des chaînes d’approvisionnement à l’international pour, in fine, promouvoir une offre innovante et conquérir de nouveaux marchés dans le monde entier.

* La crise sanitaire due au Coronavirus a chamboulé plusieurs économies du globe. Comment l’industrie marocaine du cuir, à fort potentiel notamment à l’export, pourra-t-elle tirer son épingle du jeu de la nouvelle donne ?

Capitaliser sur les acquis et sur les fondamentaux solides. S’il est un des enseignements phares de cette crise, celui-ci en ferait indéniablement partie. Et à juste titre. Notre industrie a connu ces dernières années une profonde mutation, la hissant parmi les plus attractives et les plus compétitives sur l’échiquier industriel mondial. Une fierté pour notre pays et la consécration d’une vision stratégique avant-gardiste de Sa Majesté le Roi que Dieu l’assiste qui insiste à la fois sur le positionnement de l’expertise marocaine sur les industries nouvelles, dites de pointe et sur les métiers traditionnels du pays afin de les développer et de leur donner toutes leurs chances de s’intégrer à la mondialisation.

S’il est un mot d’ordre pour l’ensemble des secteurs, auquel le secteur du cuir ne déroge pas c’est bien la nécessité d’innovation. Le secteur du cuir bien qu’ancestral présente un potentiel d’innovation très important, encore inexploité. Son exploitation peut se décliner sur plusieurs volets pour ne citer que la modernisation des process de production, le design, la modernisation de l’offre ou encore sa réadaptation à la demande mondiale.

Sur le volet commercialisation et promotion, ce secteur devra également tirer profit des nouveaux outils à disposition et intégrer définitivement le digital dans sa démarche commerciale et promotionnelle.

Il s’agira également, dans le cadre de cette dynamique de «marketter» une offre innovante, aux qualités et standards internationaux. La demande croissante à l’international et les opportunités commerciales qui se présentent aujourd’hui sont autant d’éléments qui indiquent que le temps de l’action dans ce secteur est bel et bien arrivé.

* Quels sont les éléments clés sur lesquels l’écosystème de l’industrie du cuir devra-il miser pour assurer une véritable relance du secteur ?

Le secteur du cuir représente aujourd’hui un maillon important de l’industrie et de l’économie marocaine, avec un chiffre d’affaires de 4 milliards de dirhams à l’export en 2019.

Cette performance s’est sans doute rétrécie en 2020, qui a été une année de crise globale ayant affecté particulièrement ce secteur, et ce partout dans le monde. Cette crise a généré une baisse des commandes et les contraintes commerciales ont provoqué un ralentissement des exportations, qui représentent environ 60% de la production totale du secteur.

Toutefois et en dépit de la crise, les professionnels du secteur du cuir bataillent pour redonner au secteur marocain du cuir son lustre d’antan. Le renforcement de l’amont de la filière et la diversification des marchés cibles sont au cœur de cette démarche.

Aussi et afin d’assurer son développement, une stratégie industrielle lui est dédiée dans le cadre du Plan d’accélération industrielle articulée autour de 3 écosystèmes cuir mis en place et opérationnels, à savoir « Chaussures en Cuir », « Maroquinerie et Vêtements en Cuir » et « Tannerie et Mégisserie ».

* Selon vous, quelles actions faudra-t-il privilégier pour promouvoir une offre locale et à l’export, qui soit compétitive et de qualité à l’aune de la conjoncture actuelle ?

Nous travaillons depuis toujours en étroite collaboration avec nos partenaires de la Fédération Marocaine des Industries du Cuir «FEDIC» pour assurer au mieux cette transformation stratégique et structurelle de l’offre du cuir « Made in Morocco ». L’objectif étant de la positionner sur les marchés à l’export traditionnels comme la France, Espagne, Italie… mais aussi sur les nouveaux marchés à fort potentiel comme l’Asie ou l’Afrique de l’Ouest.

Aussi, de nombreuses actions promotionnelles sont organisées pour assurer une promotion plus « innovante » et plus adaptée à la demande mondiale. L’identification de nouveaux marchés relais de croissance pour le secteur a d’ores et déjà été assurée avec la FEDIC. Le processus est en marche.

Ce secteur stratégique pour le Royaume, devra aussi relever un défi majeur : se réinventer. Pour ce faire, un nécessaire passage par une formation adaptée aux besoins du marché, une modernisation des process et un réel travail d’innovation devra se faire afin que nous puissions, dans un avenir très proche, nous positionner comme pays exportateurs de produits finis de haute qualité.

Les écosystèmes du secteur commencent à porter leurs fruits et sa structuration en marche ouvre de réelles perspectives, aujourd’hui presque totalement tributaires de l’innovation pour répondre au mieux à la demande.

Malgré les difficultés rencontrées suite à la crise de Covid-19, le secteur est aujourd’hui devant une opportunité de redorer son blason.

D’abord en tirant profit des perturbations globales des chaînes d’approvisionnements à l’international qui pourraient lui accorder un avantage compétitif certain notamment sur les marchés européens friands de ce genre de produits.

Ensuite, en se déliant justement d’une production trop axée sur ses marchés traditionnels et en pariant sur une diversification de ses marchés à l’export et l’attrait auprès de nouveaux donneurs d’ordre. Le Maroc est plus que jamais tenu de connaître les besoins d’autres marchés émergents et d’adapter ses outils de production à ces marchés potentiels. Il s’agit notamment du marché africain, asiatique ou même scandinave.

Enfin, en améliorant l’amont du secteur qui représente un facteur-clé pour l’amélioration de la compétitivité de l’ensemble de la filière.

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