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17 Sep

Journée sans voiture à Bruxelles, une mesure pertinente mais insuffisante face aux niveaux ‘’inquiétants’’ de la pollution

Bruxelles – Les habitants de la ville de Bruxelles où les niveaux de pollution sont jugés ‘’inquiétants’’ soufflent dimanche, au sens figuré et propre du terme, le temps d’une journée décrétée sans voiture, dans le cadre de la semaine européenne de la mobilité, qui se tient du 16 au 22 septembre.

Bruxelles connaît en effet régulièrement des pics de pollution qui peuvent avoir des conséquences sur la santé de la population et l’environnement. Pour prévenir ces effets, la Région a établi différents seuils de concentration en polluants à partir desquels une information est communiquée au public et, dans certains cas, des mesures doivent être mises en œuvre.

Dans l’une de ses récentes éditions le journal belge Le Soir tirait la sonnette d’alarme en attirant l’attention des responsables sur les ‘’niveaux de pollution inquiétants’’ à Bruxelles, sur la foi d’une ONG européenne qui a mesuré la pollution au NO2 sur les grands axes de la capitale de l’Europe et qui a découvert que ‘’les mesures y dépassent largement les moyennes autorisées’’.

‘’La capitale de l’Europe a du mal à respirer’’, s’alarmait encore le quotidien, rappelant qu’en avril 2016, la Commission européenne avait adressé à la Belgique une mise en demeure concernant la violation répétée des valeurs limites en matière de dioxyde d’azote.   Cette inquiétude est partagée par le Conseil des ministres européens qui avait souligné ‘’les sérieux problèmes de pollution’’ dont souffre Bruxelles.

Une étude menée en mars 2016 par l’organisation européenne ClientEarth et dont les médias belges se sont fait l’écho, abonde dans le même sens et montre que ces préoccupations paraissent fondées. Les résultats, validés par un laboratoire britannique, ont montré des concentrations de NO2 ‘’ très préoccupantes’’.

Cette Ong a été jusqu’à soutenir cinq Bruxellois dans leur plainte contre le gouvernement régional en exigeant des mesures plus ambitieuses contre la pollution de l’air et particulièrement le dioxyde d’azote, arguant de l’ l’insuffisance des mesures de la pollution dans la capitale.

Face à cette situation, la mesure consistant à décréter ce dimanche sans voiture vient rappeler l’urgence d’adresser ce phénomène.

Cette mesure sera ‘’d’application pour tous, à l’exception des taxis, transports en commun, cars de voyage, services de secours, des forces de l’ordre et des personnes munies d’un laissez-passer’’, lit-on sur le site de la ville qui a prévu la gratuité des transports en commun à cette occasion.

Les 19 communes de la Région bruxelloise sont concernées par l’événement. Concrètement, entre 9h30 et 19h, toute circulation automobile est interdite et cela concerne tous les véhicules à moteur, y compris les véhicules LPG ainsi que les véhicules électriques à 2,3 et 4 roues.

En outre les véhicules autorisés à circuler ce jour-là à Bruxelles doivent respecter la vitesse maximale de 30 km/h.

Les vélos électriques sont autorisés, à condition que leur assistance soit désactivées au-dessus des 25 km/h. Au-delà, le vélo est considéré comme un cyclomoteur. Idem pour les trottinettes électriques, segway et autres overboards très tendances. Ils sont permis, mais à certaines conditions.

Quiconque contreviendrait à cette mesure serait obligé de payer une amande de 164 euros.

Cette journée est marquée également par l’organisation d’activités visant la préservation de l’environnement.

A la mi-journée, tout indique que les Bruxellois se sont conformés aux consignes. les cyclistes, profitant d’une journée ensoleillée, ont pris possession des principales avenues et des places publiques de la capitale belge et cette édition est déjà considérée comme un ‘’succès’’.  Ils ont sorti leurs bicyclettes, leurs trottinettes, leurs patins à roulettes et sillonnent les artères de la ville aux côtés des quelques bus et taxis.

Outre son impact écologique, cette journée a un avantage collatéral, en épargnant aux Bruxellois la pollution sonore qu’engendre la dense circulations que la ville connait habituellement.

Au-delà de son caractère symbolique l’organisation d’une journée sans voiture dans la capitale belge, vient interpeller tout un chacun quant aux dangers de la pollution et à l’urgence d’y remédier afin de préserver la santé de la population dans une ville où la teneur moyenne annuelle en fines particules PM2,5 est supérieure au seuil recommandé et qui connait de grands embouteillages parfois même en dehors des heures de pointe.

Ce fléau est néanmoins loin d’être emblématique de la capitale belge puisqu’il touche la majorité écrasante des villes du monde et est consubstantiel des modes de vie et de développement adoptés par l’homme à l’ère de l’industrialisation à outrance.

Dans l’un de ses récents rapports, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a alerté que 92% de la population mondiale respire un air extérieur trop pollué et que plus de 80% des gens vivant dans des zones urbaines où la pollution atmosphérique est surveillée sont exposés à des niveaux de qualité de l’air ne respectant pas les limites fixées par l’OMS.

En 2012, l’organisation onusienne estimait déjà à trois millions le nombre de décès prématurés provoqués chaque année dans le monde par la pollution de l’air extérieur.

D’après l’OMS, chaque année, les risques environnementaux – pollution de l’air intérieur et extérieur, tabagisme passif, insalubrité de l’eau, manque de moyens d’assainissement et hygiène insuffisante – entraînent le décès de 1,7 million d’enfants de moins de 5 ans.

 

(Par Rahal Taoussi)

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