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28 Oct

L’huile d’olive italienne sous la menace d’un virus ravageur

Siham Toufiki.

Rome – L’olivier en Italie a survécu pendant des milliers d’années aux guerres et aux incendies pour devenir un symbole pour le sud de ce pays, mais cet arbre méditerranéen se trouve aujourd’hui menacé par la bactérie « Xylella » qui décime les plantations, conduisant à la destruction d’environ 50.000 hectares d’oliviers dans la région du Salento et au déclin de la production oléicole dans un contexte marqué par des conditions économiques extrêmement compliquées.

L’Italie, deuxième exportateur d’huile d’olive au monde, a enregistré une baisse de production de 26% cette année, en raison de la propagation de cette bactérie mortelle qui a détruit un total d’environ 10 millions d’arbres sur 70 millions dans la région des Pouilles dans le sud du pays, qui représente à elle seule environ la moitié de la production italienne.

Mais la pire année pour les producteurs d’huile d’olive italiens a été 2018, lorsque la production a chuté de 57%.

Selon les chiffres publiés par l’Institut public pour les services du marché agricole et alimentaire en Italie, la production d’huile d’olive a atteint 185 mille tonnes en 2018, contre 429 mille en 2017, enregistrant ainsi un taux inférieur aux prévisions initiales qui tablaient sur une production de 265 mille tonnes.

Les baisses les plus fortes ont été enregistrées dans la région des Pouilles, où la production a chuté d’environ 65% en raison de la bactérie « Xylella » qui attaque les oliviers et perturbe leur capacité à absorber l’eau, de sorte que leurs feuilles deviennent sèches, ce qui conduit à leur morte progressive.

A cause de cette bactérie qui a détruit 22 millions d’oliviers en Italie, l’économie nationale de ce pays a subi des pertes estimées à 1,2 milliard d’euros en 2018.

La faiblesse de la production a affecté les prix de l’huile d’olive premium, le prix du kilo en décembre dernier atteignant 5,6 euros, soit une augmentation de 40% par rapport à juin, tandis que son prix en Sicile augmentait à 7 euros le kilo.

La baisse de la production d’huile d’olive due à ces bactéries a affaibli la capacité de l’Italie à répondre à ses besoins nationaux en huile d’olive ainsi qu’à la demande extérieure.

L’Italie exporte en effet 50% de son huile d’olive principalement vers quatre pays: Les États-Unis (32% des exportations totales), l’Allemagne (12,8%), le Japon (8%) et la France (7,4%).

Selon les experts, le nombre d’arbres infectés par cette bactérie, considérée comme l’un des «agents pathogènes des plantes les plus dangereux au monde», a triplé par rapport aux deux derniers mois, notant que cette maladie est apparue pour la première fois en 2015 en Italie dans les régions de Brindisi, Francavilla et Fontana.

La Commission européenne a annoncé en novembre dernier qu’elle offrira sept millions d’euros pour financer la recherche visant à éliminer ce virus ravageur.

De même, les experts agricoles ont engagé une course contre la montre pour stopper la propagation de cette bactérie, qui constitue une menace sérieuse pour l’agriculture, l’environnement et l’économie, au moment où le Conseil national de la recherche en Italie a procédé à l’identification des espèces d’arbres affectées par cette bactérie.

En effet, les experts du Conseil de la recherche ont constaté que certaines variétés d’oliviers sont résistantes à la bactérie, ce qui constitue une lueur d’espoir dans la lutte contre cette gangrène qui menace l’oléiculture dans tout le bassin méditerranéen.

Pour Federico Lanotte, agronome, l’identification de deux types d’arbres résistants à cette maladie « est un point de départ et non pas un point d’arrivée. Nous espérons et travaillons également à trouver des espèces plus résistantes », a-t-il dit.

Les branches des espèces résistantes avec lesquelles sont greffés les troncs d’oliviers affectés par la bactérie poussent naturellement et portent également des fruits, une avancée qui constitue une lueur d’espoir pour éradiquer ce fléau dans la région du Salento, dont l’économie locale dépend beaucoup de l’agriculture en général et de la production d’huile d’olive en particulier.

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