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24 Oct

Maghreb: la protection de l’environnement n’est plus un luxe

– La protection de l’environnement n’est plus perçue comme un luxe dans les programmes de développement des pays maghrébins, qui font face à des défis communs appelant à une réponse collective en la matière. A partir des années 1990, les pays maghrébins ont pris conscience des similitudes des problèmes écologiques, notamment la désertification, la déforestation, la surexploitation des ressources naturelles, la pollution industrielle et le stress hydrique. Ils se sont dotés, en 1992, d’une Charte maghrébine pour la protection de l’environnement et le développement durable, « compte tenu de l’étroite connexion existant entre les politiques régionales dans ce domaine et leur incidence sur l’ensemble des Etats du Maghreb ». Le document met l’accent sur l’importance d’intégrer la dimension environnementale dans les politiques publiques, de lui accorder la priorité dans les plans de développement, de doter les structures en charge de ce dossier de moyens suffisants, ainsi que d’élaborer des législations homogènes et complémentaires. En partenariat avec les acteurs de la société civile, à des degrés et selon des modes différenciés, les pays de l’Union du Maghreb Arabe (UMA) se sont attelés à la traduction de ces objectifs, de manière à allier souci de croissance économique et préservation des écosystèmes. Les gouvernements maghrébins ont oeuvré, individuellement ou collectivement, à jeter les fondations institutionnelles et juridiques de l’action écologique, à travers des chartes nationales, la mise en place d’observatoires et la présence de plus en plus remarquée du facteur environnemental dans les projets de développement économique et social. Le chercheur algérien Azzouz Kerdoun juge « inéluctable » la coopération régionale dans ce domaine, au vu des ressemblances et des interdépendances des écosystèmes qui occasionnent des contraintes et des challenges communs, dont l’acuité s’est accentuée par les changements climatiques. Pour ce faire, il appelle à « une solidarité environnementale entre pays maghrébins, au-delà des différends politiques ou économiques » car la grande pression sur les ressources naturelles et certains types de pollution transfrontalière requièrent « une refonte des relations traditionnelles, particulièrement dans le cas des catastrophes ». Même vision chez Mohamed Lamine Al-Hassan, professeur de géomorphologie à l’université moderne de Nouakchott, qui fait remarquer que les phénomènes environnementaux « ne reconnaissent pas les frontières et remettent en cause l’autarcie derrière des frontières bien délimitées, qui constituent un obstacle à la gestion des questions communes dans certaines situations ». Le chercheur mauritanien considère, à juste titre, que la fédération des efforts des pays maghrébins est devenue « impérative » pour atténuer les effets néfastes de la dégradation des écosystèmes, rappelant que les gouvernements disposent déjà d’un cadre institutionnel pour travailler de concert dans ce domaine. La président du Centre International des Technologies de l’Environnement de Tunis, Amel Jerad, a suggéré l’unification des stratégies maghrébines et la mutualisation des efforts, en encourageant des modes de consommation et de production durables (économie verte) et en oeuvrant à améliorer la qualité de vie et à instaurer une équité sociale et régionale. Elle a souhaité que la prochaine Conférence sur les changements climatique à Marrakech soit celle « des actes » et de concrétisation des axes de l’accord de Paris, essentiellement en matière de réchauffement climatique. Les spécialistes s’accordent à dire que la protection de l’environnement n’est plus une affaire purement nationale, d’où la centralité de la dimension régionale dans la gestion de ce dossier et la vitalité d’une plus grande intégration de ce paramètre dans les politiques nationales.

BI.

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