Consommation de bouteilles en plastique et responsabilité écologique, un dilemme cornélien?

Rabat- Symbole de la société de consommation, les bouteilles en plastique sont utilisées annuellement à hauteur de 3 millions de tonnes dans le monde. Un engouement loin de surprendre, au regard de la myriade d’avantages que propose le plastique : légèreté, flexibilité, hygiène, isolation thermique, durabilité,… etc. Toutefois, les ravages écologiques de ces denrées sont un secret de Polichinelle.

Au Maroc, les bouteilles et bidons en plastique sont traditionnellement utilisés pour couvrir plusieurs besoins, dont, par exemple, la conservation de denrées alimentaires fortement consommés, comme l’huile d’olive, Amlou, le miel et l’huile d’argan. De ce fait, l’utilisation de ces bouteilles est non seulement une évidence dans presque chaque maison marocaine, mais s’avère nécessaire pour la survie même des associations et amicales offrant des produits de terroir.

De là se dégage un dilemme cornélien ressenti par plusieurs citoyens marocains, notamment avec l’émergence constatée d’une fibre écologique collective. Ce dilemme est davantage consacré par l’absence de dispositifs de tri sélectif des déchets pouvant parer aux menaces potentielles que pose le plastique à la faune et la flore.

« Je sais que les bouteilles en plastique peuvent être néfastes pour la santé et l’environnement, mais je les utilise assez souvent malheureusement », regrette Ahmed T. dans une déclaration à la MAP.

« Au Maroc, il n y a pas encore de recyclage. Donc à la fin, nous finissons par amasser des quantités astronomiques de bouteilles en plastique vides que nous devons jeter. Cela pèse lourdement sur ma conscience », avoue ce jeune actuaire, désolé.

Nassima B., cadre bancaire, relève le même constat, tout en mettant en exergue une conscience écologique qu’elle observe autour d’elle.

« Au Maroc, je trouve qu’il y a de plus en plus de citoyens responsables, conscients des effets du plastique sur l’environnement et qui sont prêts à s’engager dans le tri sélectif. Malheureusement, il n’y a pas encore de dispositif de tri mis en place », s’est-elle ainsi exprimé au micro de la MAP.

De plus en plus de citoyens s’attendent à ce que les pouvoirs publics prévoient des programmes de recyclage et mettent à disposition des structures dédiées tant bien dans les villes que dans les compagnes, afin de les collecter et les transformer en matière première réutilisable.

Ce processus se veut nécessaire, car à même de prévenir, autant que faire se peut, la transformation des bouteilles, bidons et autres emballages en plastique en déchets potentiellement dangereux pour l’environnement.

A la lumière de l’absence actuelle d’un tel rôle des pouvoirs publics, serait-ce possible de concilier consommation des bouteilles en plastique et responsabilité écologique ?

Pour Nassima B., il n’est pas question de renoncer à son devoir citoyen. « Personnellement, je trie le plastique et les matières recyclables qui sont ensuite ramassés par des individus pour qui ces matières-là constituent un gagne-pain », lance-t-elle.

Hanaa I., enseignante, abonde dans le même sens. « Bien que j’essaie de limiter ma consommation des bouteilles en plastique, leur côté pratique fait qu’elles restent indispensables au quotidien. Néanmoins, je suis consciente du danger qu’elles peuvent représenter, notamment pour la santé, d’où l’importance pour moi de les éloigner des zones de chaleur et de limiter leur utilisation tant que possible ».

Le rôle citoyen que tout un chacun est appelé à assumer dans ce sens est donc crucial, à commencer par cesser de jeter les bouteilles en plastique dans la nature, jusqu’à l’élimination de moult objets dont la fabrication en plastique n’est pas nécessaire. Ainsi, nous pouvons, par exemple, nous abstenir d’utiliser des pailles pour déguster un jus, ou encore utiliser une fourchette en métal au lieu d’une en plastique.

En définitive, les bouteilles en plastique sont une invention bien utile et peuvent même se montrer écologiquement profitables à une technologie verte. Nous ne nous débarrasserons donc pas de sitôt des bouteilles et bidons en plastique, mais nous sommes bien invités par les sirènes de Mère Nature à les utiliser à bon escient.

Al Mustapha Sguenfle