ActualitésRéduction des GES : Les objectifs du Canada impossibles à atteindre (comité sénatorial)

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08 Mar

Réduction des GES : Les objectifs du Canada impossibles à atteindre (comité sénatorial)

Montréal – Les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) fixés par le Canada dans le cadre de l’accord de Paris semblent impossibles à atteindre, a affirmé, mardi, le Comité sénatorial permanent de l’énergie, de l’environnement et des ressources naturelles dans son nouveau rapport.

« Le gouvernement s’est engagé au nom des Canadiens à respecter un objectif qui semble impossible à atteindre », a déclaré le président du comité, le sénateur Richard Neufeld.

Le rapport a indiqué qu’ »une tâche colossale attend le Canada : l’élimination de 219 mégatonnes d’émissions de GES, conformément à son objectif de réduction prévu dans l’Accord de Paris », estimant que même « si tous les véhicules automobiles, camions, avions, trains et navires disparaissaient du Canada en 2030, nous serions encore très loin de notre objectif ».

La cible du Canada, conformément à l’Accord de Paris, consiste à réduire les émissions de GES de 30 pc par rapport au niveau de 2005 d’ici 2030, sachant qu’il s’agit d’un objectif minimal, car des réductions plus importantes sont à prévoir pour atteindre l’objectif ambitieux établi dans ledit Accord, soit réduire de 80 pc les émissions par rapport au niveau de 2005 d’ici la deuxième moitié du siècle.

Selon le rapport, de nombreux pays, dont le Canada, ont remis à plus tard, pendant plusieurs décennies, les décisions difficiles qui s’imposaient pour réduire les émissions de GES, mais ce problème, qui est de taille, ne se résorbera pas par lui-même, et « il n’est plus question de le refiler aux générations futures ».

« Nous avons désormais atteint le seuil où on ne peut plus se permettre de ne rien faire devant les effets des changements climatiques. L’inaction coûte tout simplement trop cher », a martelé, de son côté, le vice-président du Comité, le sénateur Paul Massicotte.

Selon les projections établies par le ministère canadien de l’Environnement et du Changement climatique en novembre 2016, le Canada doit réduire ses émissions annuelles de 219 mégatonnes d’équivalent de dioxyde de carbone pour atteindre son objectif en 2030, ce qui correspondrait presque aux émissions de tout le secteur pétrolier et gazier du pays durant la même année (233 mégatonnes).

En vue de respecter son engagement sur le changement climatique, le Canada devrait ainsi émettre 523 mégatonnes en 2030 contre 732 mégatonnes en 2014, mais selon les projections publiées par le Sénat, les émissions vont au contraire grimper à 742 mégatonnes en 2030.

Ledit rapport a souligné que la réalisation de l’objectif fixé pour 2030 « nécessitera un virage colossal des modes de production et des habitudes de consommation de l’énergie au Canada ».

Il a, par ailleurs, fait remarquer que si les Etats-Unis reviennent sur leurs objectifs de réduction d’émissions et sur l’Accord de Paris, cela mettra à rude épreuve les efforts de coopération mondiale dans la lutte contre les changements climatiques, et il sera par conséquent encore plus difficile pour les autres pays ainsi que pour le Canada d’appliquer des politiques de réduction strictes.

« L’autre défi important qui se présente au Canada est l’incertitude découlant de l’élection présidentielle de 2016 aux Etats-Unis. La nouvelle administration américaine a déjà fait état des changements qui seront probablement apportés aux politiques commerciale, énergétique et relative au changement climatique du pays », a expliqué la même source.

Et le rapport de préciser que les objectifs de la nouvelle administration US posent de sérieux défis pour le Canada, qui doit demeurer « compétitif », tout en s’efforçant de réduire ses émissions de GES, ce qui entraîne généralement une augmentation des coûts d’affaires.

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