La protection de l’environnement au centre des élections locales dimanche en Macédoine du Nord

Skopje – Plus d’un million d’électeurs macédoniens se rendront, dimanche, aux urnes pour des élections locales particulières placées sous le signe de la protection de l’environnement et l’émergence d’une nouvelle génération ayant pour but de porter l’écologie au pouvoir.
Cette nouvelle génération inscrite sur des listes indépendantes vient perturber les plans des principaux partis pour ce qui est de la composition des conseils municipaux, a affirmé l’analyste Petar Arsovski, cité par des media électroniques locaux, précisant que les formations politiques traditionnelles sont bousculées par ces listes de citoyens qui souhaitent porter l’écologie au pouvoir.
Il regrette toutefois le mode de scrutin à la proportionnelle, avec une répartition des sièges qui pourrait permettre l’élection de conseillers municipaux indépendants à qui il serait difficile d’obtenir des postes de maires pour cause de scrutin majoritaire au sein des conseils élus, déplore-t-il.
D’autres experts macédoniens croient qu’une plus grande concurrence sur l’arène politique ne pourra permettre qu’une amélioration de la classe dirigeante. Cette diversification de l’offre politique ne s’accompagne toutefois pas d’une féminisation : à peine 8 pc des candidats au poste de maire sont des femmes, regrettent-ils.
Une lecture des programmes des différents candidats indépendants laisse dégager des préoccupations environnementales, un constat qui vient combler un vide politique: celui de formations se revendiquant de l’écologie, observe Petar Arsovski, qui note que souvent dans les Balkans, l’idéologie des formations politiques macédoniennes se confond avec l’appartenance communautaire, ce qui laisse de côté de nombreuses préoccupations citoyennes.
Désireux de limiter ou d’empêcher la participation des initiatives citoyennes aux élections, le parti au pouvoir, le SDSM de Zoran Zaev (une formation issue des anciens communistes devenue pro-occidentale), a présenté un amendement modifiant la loi électorale à peine deux mois avant ces élections, une initiative soutenue par la quasi-totalité des partis au parlement. Ce texte a fait passer le nombre de signatures nécessaires à une liste pour se présenter à 2 pc du nombre d’électeurs inscrits, soit le double de ce que recommande l’OSCE (organisation pour la sécurité et la coopération en Europe), le but étant d’empêcher des candidats citoyens à accéder à la présidence des conseils municipaux.
Indépendante en 1991, la Macédoine du Nord fait face dans les villes à une quasi-absence de la thématique de l’environnement au profit d’une bétonisation massive. L’exemple de Skopje est le plus édifiant puisque la capitale macédonienne compte aujourd’hui neuf points chauds où les températures peuvent atteindre des niveaux dangereusement élevés, dénoncent les écologistes.
Au lieu d’inverser la tendance, les autorités municipales actuelles ont continué à délivrer des permis de construire pour s’assurer du soutien des grands donateurs du parti, accusent-ils.
La négligence de la protection de l’environnement a donné lieu à la forte apparition des listes indépendantes et citoyennes, portées par des figures de la société civile, se présentant dans presque toutes les communes.
CuCer-Sandevo et Brvenica, deux ténors de la défense écologique se félicitent de ce « sursaut » démocratique, justifiant l’attitude des grandes formations politiques qui dominent l’espace médiatique, par leur crainte de perdre les grandes communes.
Les partis de la coalition au pouvoir se présentent à ces élections en ordre dispersé. Même le SDSM et le mouvement Besa (social conservateur) qui avaient fait alliance en juillet 2020 lors des dernières législatives n’ont pas formé de listes communes. Le premier ministre Zoran Zaev a néanmoins assuré que lors du vote pour le poste de maire, les conseillers municipaux du SDSM et de Besa se prononceront pour le même candidat, issu du parti le mieux placé lors du scrutin de dimanche. Le SDSM contrôle aujourd’hui 57 mairies, Besa une seule.
Les Macédoniens entendent adresser, dimanche, un message clair aux politiques: défendre l’environnement.