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21 Oct

Le Rwanda à la conquête du marché mondial de l’or vert Texte

Par Anass BELHAJ

Kigali – Le pays des collines et des Gorilles, niché au coeur de l’Afrique des Grands Lacs: le Rwanda, a fait son entrée dans le club des pays africains autorisant la production et l’exportation du cannabis à des fins thérapeutiques, un marché en pleine croissance devenu si rentable qu’il a engendré l’expression « or vert ».

Après le Lesotho, l’Ouganda, le Ghana, l’Eswatini, la Zambie et le Malawi, c’est désormais au tour du Rwanda de prendre sa part d’une galette qu’on évalue à des dizaines de milliards de dollars au niveau mondial. Mais pour autant, ce pas jugé « audacieux » ne remet pas en cause l’interdiction de consommer le cannabis qui reste illégale et sévèrement punie dans le pays.

L’enjeu est énorme : la taille du marché mondial du cannabis légal devrait dépasser les 200 milliards de dollars à l’horizon 2025, tandis que les exportations rwandaises pourraient générer d’importants revenus pour l’État. La production locale qui sera exclusivement orientée à l’export devrait permettre à ce pays de 12 millions d’habitants de réduire son déficit commercial et de créer des emplois après la crise historique de Covid-19, dont les répercussions commencent à peser sur l’économie.

« Le Rwanda va commencer à recevoir des candidatures pour des licences de la part d’investisseurs intéressés par cette culture thérapeutique à haute valeur ajoutée », a indiqué le gouvernement dans un communiqué officiel, précisant que « ce cadre spécifique d’investissement n’affecte en rien le statut légal de la consommation de cannabis dans le pays, qui demeure interdite ».

De nombreuses sociétés ont d’ores et déjà soumis leur offre pour démarrer une production locale de l’or vert, a révélé la présidente de l’Office rwandais de développement, Clare Akamanzi, dans une déclaration à la presse, soulignant que les sociétés désignées devront présenter un solide programme de sécurité qui devra être validé par les services rwandais de sécurité.

« Nous avons des investisseurs intéressés avec lesquels nous allons travailler dans les jours qui viennent, à présent que les directives sont en place », a-t-elle déclaré, notant que ces produits sont « très demandés » dans des marchés importants tels que ceux des Etats-Unis, du Canada et l’Union européenne.

Un prélèvement spécial à l’exportation sera également effectué afin de permettre au pays d’engranger des ressources considérables du cannabis à des fins thérapeutiques, d’après la patronne de l’institution gouvernementale.

Interrogé par la MAP, l’analyste économique Alexis Nkurunziza a fait observer que le potentiel du cannabis médical en termes de revenus séduit de plus en plus les pays du monde, relevant que le Rwanda souhaite également tirer profit d’un marché florissant.

M. Nkurunziza, par ailleurs directeur exécutif du Centre rwandais des priorités économiques et politique (CPEP), a qualifié la mesure rwandaise de « nouvelle stratégie pour alléger la dette et accélérer la croissance économique du pays » qui devrait fortement chuter cette année en passant de 9,4% en 2019 à 2% d’ici fin 2020 en raison de la pandémie de coronavirus.

D’après une étude de Prohibition Partners, une société britannique spécialisée dans le consulting pour le marché du cannabis, le marché africain du cannabis aura une valeur marchande de 7,1 milliards de dollars d’ici les trois prochaines années.

La plante de cannabis, introduite en Afrique orientale au début des années 1500 à partir de l’Asie du Sud, s’est très vite propagée à travers le continent pendant le XVIe siècle. Outre son usage « récréatif », il était initialement utilisé dans la guérison de plusieurs maladies. Cependant, dans les années 1920, la plante de cannabis a été interdite sur presque tout le continent, en raison notamment de ses effets psychoactifs.

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