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29 Nov

Le spectre d’une lourde sanction plane sur la Pologne pour les abattages dans la dernière forêt naturelle d’Europe

Varsovie- La Pologne, qui vient d’être épinglée par le Parlement européen pour sa réforme de la justice, est également sous le coup d’une astreinte financière de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) qui l’a sommé de suspendre les abattages d’arbres dans la Forêt protégée de Bialowieza, sanctuaire de biodiversité inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco.

Par une décision le 20 novembre, la Cour de justice européenne saisie par la Commission européenne sur l’affaire de la forêt de Bialowieza, a enjoint la Pologne de mettre fin immédiatement aux coupes d’arbres. A défaut, elle menace Varsovie d’une astreinte d’au moins 100.000 euros par jour, sauf cas exceptionnel et strictement nécessaire pour assurer la sécurité publique.

Située à la frontière de la Pologne et de la Biélorussie, la forêt de Bialowieza, constitue la dernière « forêt primaire » d’Europe. En d’autres termes, elle n’a quasiment pas été modifiée par l’homme depuis son apparition, il y a plus de douze mille ans.

Le site classé Natura 2000 se caractérise par une faune unique et de vieux arbres notamment centenaires. Ce sanctuaire de la biodiversité qui s’étend sur près de 140 000 hectares, inclut notamment un parc national, abrite une faune variée dont la plus grande population de bisons d’Europe, plus de 60 autres espèces de mammifères et des centaines d’espèces végétales.

Ce massif forestier est depuis plusieurs mois, au cœur d’un conflit entre l’Union européenne et le gouvernement polonais.

L’exécutif européen reproche à la Pologne de mener une exploitation forestière à grande échelle à Bialowieza, affirmant que ces coupes vont à l’encontre des règles européennes de protection de la nature mais Varsovie soutient qu’elle procède à des coupes de protection.

Les opérations dans la Forêt ont débuté en 2016 après que le ministre polonais de l’Environnement, Jan Szyszko a autorisé un plan de gestion forestière afin d’enrayer une attaque d’insectes.

Toutefois, les arguments du gouvernement polonais pour justifier les abattages n’ont convaincu ni les écologistes polonais, ni les institutions européennes.

Estimant que les opérations de gestion forestière active avaient des répercussions négatives sur le site forestier, la Commission européenne avait, à la suite de plusieurs injonctions, introduit un recours en manquement devant la Cour de justice européenne le 20 juillet dernier, et demandé en urgence de faire cesser ces opérations.

Le 27 juillet, celle-ci a ordonné à son tour la fin des abattages, une décision confirmée dans son ordonnance rendue le 20 novembre. La CJUE craint que ces coupes conduisent à bouleverser en profondeur la structure et les fonctions des peuplements forestiers touchés sur le site et provoquent une métamorphose irréversible d’une forêt naturelle en forêt exploitée, avec un risque de perte d’habitats d’espèces rares.

Face au coup de semonce donné par la justice européenne, le ministre polonais de l’Environnement a affirmé que son pays respectera comme avant les dispositions de l’UE sur la forêt de Bialowieza et appliquera à 100% les suggestions contenues dans la requête de la Commission européenne.

Il a annoncé le retrait des engins forestiers et la poursuite des coupes de sécurité à travers d’autres moyens, tout en soulignant qu’aucune coupe n’est opérée dans le massif forestier, mais uniquement des travaux de protection destinés à garantir la sécurité publique.

Depuis le début du conflit, le gouvernement polonais soutient que ces opérations ont pour but d’assurer la sécurité dans la forêt en combattant la prolifération du scolyte de l’épicéa, un insecte xylophage ravageur et qu’elles correspondent donc à une exception acceptée par la législation européenne.

L’ordonnance de la CJUE, stipule en effet que sauf cas exceptionnel et strictement nécessaire pour assurer la sécurité publique, la Pologne doit cesser immédiatement les opérations de gestion forestière active dans la forêt de Bialowieza.

Cette décision sans précédent de la Cour européenne a été saluée par les ONG de défense de l’environnement qui s’opposent aux coupes, considérant que le montant des sanctions financières était à la hauteur du préjudice environnemental causé par les opérations d’abattage.

Ce dossier litigieux n’est pas encore clos. La Pologne doit répondre aux remarques de la Cour de justice qui lui a demandé de lui communiquer au plus tard quinze jours à compter de la notification de l’ordonnance, toutes les mesures qu’elle aura adoptées afin de la respecter pleinement et préciser de manière motivée, les opérations de gestion forestière active en cause qu’elle prévoit de poursuivre en raison de leur nécessité pour assurer la sécurité publique.

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