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20 Fév

Au sud de la Finlande, l’hiver manque son rendez-vous !

-Par Rachid KAROM-

Helsinki – Dans une Finlande obsédée par les enjeux du changement climatique depuis belle lurette, les habitants du sud du pays vivent un hiver « noir » en raison de températures particulièrement douces… bien loin de la carte postale traditionnellement enneigée.

Avec ce redoux inhabituel, la météo fait la Une des journaux sauf que les prévisions climatiques continuent de décevoir. Si les lacs du sud du pays ne gèlent pas d’ici la fin de l’hiver, 2020 sera décidément une année historique et marquera de nombreuses générations de Finlandais, surtout si l’on sait qu’un tel évènement ne s’est pas produit depuis plus d’un siècle dans ces contrées riveraines de l’Arctique.

Helsinki entre deux hivers record !

Il y a tout juste un an, la capitale finlandaise a été classée comme la ville la plus enneigée d’Europe après avoir enregistré des chutes de neige hivernales record entraînant de fortes perturbations dans les transports, malgré les efforts des autorités pour déblayer voies et trottoirs.

Si l’on en croit ce classement effectué par Holidu en collaboration avec la plateforme worldweatheronline, le record d’enneigement a été détenu par Helsinki avec 17 jours de neige par mois. A préciser que le classement a été établi d’après le nombre moyen de jours enneigés par mois, entre décembre et mars, de 2009 à 2017.

La liste européenne comprend une autre ville finlandaise, Turku, aux côtés de Kaunas (Lituanie), Oslo (Norvège), Vilnius (Lituanie), Tallinn (Estonie) et Kiev (Ukraine).

En 2019, le volume de neige était « historiquement » élevé, selon l’Institut météorologique finlandais. Dans la région de Kaisaniemi, où les quantités sont mesurées depuis 1959, la neige n’avait jamais atteint 40 cm en un mois, alors que le Grand Helsinki comptait une couche de neige allant de 20 à 40 cm de plus que d’habitude.

Cet hiver en revanche, et jusqu’à la mi-février, des chutes de neige ont à peine été enregistrées durant quelques jours seulement à Helsinki et dans le sud de la Finlande en général, avec des températures modérées tout au long de la saison hivernale.

« Où est la calotte glaciaire de la mer Baltique? », « Les amoureux d’hiver… Désolé, le printemps est arrivé plus tôt! », « L’hiver a-t-il été annulé cette année dans le sud de la Finlande? » sont autant de gros titres qui ont meublé la Une des principaux journaux de Finlande ces dernières semaines, avec à l’appui des commentaires d’experts en météorologie et climat.

« S’agit-il d’un hiver exceptionnel ou l’exception deviendra-t-elle la norme dans les années à venir en raison du réchauffement climatique? » est la question qui se pose désormais !

Le réchauffement climatique, une préoccupation croissante!

Le 1er février 2018, lors de la cérémonie de son investiture au siège du Parlement après avoir brigué un second mandat, le Président de la Finlande Sauli Niinistö a particulièrement mis en garde contre le réchauffement planétaire.

Dans son discours, M. Niinistö avait estimé que « le réchauffement planétaire reste le grand défi auquel le pays nordique devra faire face dans les années à venir », ajoutant que « l’atténuation des changements climatiques sera le problème le plus important des prochaines années ».

Il ne fait aucun doute que les fluctuations climatiques actuelles confirment le constat et la préoccupation du dirigeant finlandais, bien que les gouvernements successifs continuent d’inclure dans leurs politiques publiques diverses mesures visant à réduire les émissions de carbone.

D’ailleurs, les émissions de CO2 ont augmenté de 2% l’année dernière dans le pays, selon les données de Statistics Finland qui souligne que l’augmentation de la consommation du gaz naturel a été le principal moteur de la croissance des émissions de gaz à effet de serre.

Depuis l’année dernière, huit municipalités finlandaises ont annoncé leur engagement à réduire les émissions de dioxyde de carbone de 80% d’ici 2030 par rapport aux niveaux de 2007. L’objectif du projet des municipalités neutres en carbone (Hinku project) vise en effet à doubler l’objectif du gouvernement finlandais, fixé à 39%.

La mobilité propre est un autre exemple qui illustre cette prise de conscience collective croissante de la nécessité de stopper la dégradation du climat. Le pays, qui encourage l’utilisation des véhicules électriques pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2035, devra installer 5.500 bornes de recharge supplémentaires dans les complexes et bâtiments résidentiels. Au cours des deux dernières années, quelque 3.000 bornes de recharge ont déjà été installées.

Cette année aussi, le financement des infrastructures grimpera de 4 millions d’euros, contre 1,5 million d’euros réservé en 2019.

Bien que l’ensemble des mesures prises par la Finlande ne peuvent, à elles seules, limiter les effets du changement climatique, la prise de conscience collective croissante de la nécessité de changer les comportements quotidiens en adoptant des pratiques respectueuses de l’environnement finira, sans doute, par entraîner un changement et encourager d’autres pays à s’approprier la même approche, à même d’arrêter le « saignement » de la planète.

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