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16 Sep

Le Venezuela expérimente  »l’élevage des lapins », sa dernière trouvaille pour endiguer la crise alimentaire

Par Hicham Lakhal.

Caracas – Face à la persistance de la crise économique et alimentaire, la plus grave, que traverse le Venezuela, le gouvernement du président Nicolas Maduro a sorti sa dernière trouvaille: des « lapins reproducteurs » pour aider les Vénézuéliens à se nourrir en raison de la pénurie chronique d’aliments de base.

Pour les Vénézuéliens, il est quasi utopique de prendre trois repas par jour, alors même que le fait de manger de la viande devient un luxe auquel chaque ménage se doit de consacrer 10% des revenus pour en acheter un unique kilogramme, et s’il en trouve!

Face à une telle impasse, le gouvernement vénézuélien avance l’idée de l’élevage des lapins pour nourrir les millions de bouches affamées en lançant un programme de distribution de lapins dans les quartiers pauvres pour leur élevage et la consommation de leur viande.

Selon le ministre vénézuélien de l’Agriculture, Freddy Bernal, ce plan est déjà lancé mais fait face à un « problème culturel »: les Vénézuéliens ont depuis leur tendre enfance considéré les lapins comme des animaux de compagnie et non une source de nourriture, alors même que ce lapin représente deux kilogrammes et demi de viande et contient une forte dose de protéines.

« Le problème est que les Vénézuéliens sympathisent avec les lapins et beaucoup d’entre eux leur donnent des noms et dorment avec dans leurs chambres », a-t-il dit lors d’une rencontre télévisée en compagnie du président Maduro.

Néanmoins, la réalité est plus rude. Un animal en voie d’extinction, le tapir, est devenu la proie de Vénézuéliens affamés. En effet ce gros mammifère de plus de 200 kg de la famille des Tapiridés qui présente des similarités avec les rhinocéros et les chevaux est devenu la cible de braconniers qui s’infiltrent régulièrement dans les parcs zoologiques à la recherche notamment de cochons, d’oies, de dindes et même de perroquets!

Selon une étude réalisée par des universités les plus prestigieuses du pays, les Vénézuéliens ont perdu en moyenne 8 kilos l’année dernière en raison de la pénurie de produits et de l’inflation rampante.

Le gouvernement n’en est pas à sa première tentative de faire face à la pénurie de produits de base. D’autres projets d’élevage de poules ou de cochons n’ont pas fait long feu.

Pour le leader de l’opposition vénézuélienne, Henrique Capriles Radonski, le gouvernement Maduro est la principale cause de cette pénurie alimentaire, qualifiant le « Plan lapin », tel que baptisé par le gouvernement, de « blague ridicule ».

De son côté, la députée vénézuélienne Maribel Guedez a relevé, dans une déclaration à la MAP, que le plan d’élevage de lapins n’est en fin de compte qu’une manœuvre et un acte démagogique du gouvernement, tout en s’interrogeant sur la faisabilité de l’élevage de tels animaux alors qu’il n’y a pas de quoi nourrir ou soigner les humains avant les animaux au Venezuela.

« Ce n’est un secret pour personne, un grand nombre de Vénézuéliens s’alimentent en fouillant les ordures », a-t-elle souligné avec amertume, faisant savoir que « selon les estimations, 40% le font tous les jours, tandis que les 60% restants se contentent d’un seul et unique repas par jour, ou au mieux deux repas ».

« La situation est très grave parce que les gens commencent à manger de la viande de chien à cause de la faim », a-t-elle mis en garde.

Abondant dans ce sens, la députée Mariella Magallanes a souligné dans une déclaration similaire que ce plan « est ridicule et ne peut résoudre le problème de la crise alimentaire au Venezuela car il ne fait que confirmer que le pays n’est plus capable de produire de la nourriture ».

À son avis, ce plan basé sur l’élevage de lapins est surprenant car la viande de ce type d’animal ne correspond pas aux habitudes alimentaires des Vénézuéliens.

Pour les observateurs, le véritable problème au Venezuela n’est autre que la faillite du modèle socialiste adopté par le gouvernement chaviste qui a rendu le pays tributaire des recettes pétrolières et qui, face à la chute des cours mondiaux de l’or noir, est entré dans une impasse interminable avec un taux d’inflation parmi les plus élevés du monde et qui devrait même dépasser 720% en 2017, selon le Fonds monétaire international (FMI).

Le président Maduro insiste lui sur le fait que la crise de son pays est le résultat d’une « guerre économique » menée contre le Venezuela de l’extérieur avec l’aide de ses adversaires de l’intérieur.

Néanmoins, ni les lapins, les poules ou autres pseudo-solutions ne peuvent résoudre une crise vénézuélienne multidimensionnelle. Le pays sud-américain a été retiré du MERCOSUR et a été condamné à l’isolement après que de nombreuses compagnies aériennes aient suspendu leurs vols depuis et à destination de Caracas.

Tous les espoirs reposent désormais sur le nouveau cycle de dialogue lancé cette semaine entre l’opposition et le gouvernement vénézuélien en République dominicaine avec le soutien de pays amis.

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