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03 Mar

Vie sauvage : pour la protéger, il faut la connaître

.- Par Hakim Ennadi -.

Rabat – Peu de Marocains savent que des espèces rares et uniques comme le serval, le caracal ou encore le vautour percnoptère existent toujours au Maroc, et que le Royaume est deuxième à l’échelle de la méditerranée, après la Turquie, en matière de biodiversité riche et diversifiée.

En effet, le Maroc abrite une mixture entre des écosystèmes d’origine afrotropicale et des écosystèmes avec des extensions eurasiatiques, ce qui lui confère une biodiversité riche et originale profitant à une vie sauvage prospère.

Mais, de l’avis des observateurs, cette vie sauvage au Maroc est de plus en plus mise à mal, à cause notamment de la détérioration des habitats naturels des différentes espèces endémiques du Royaume.

Le changement climatique, l’agriculture intensives, le braconnage ou encore le pâturage excessifs, sont autant de problèmes qui menacent la biodiversité et la vie sauvage au Maroc. Un travail de préservation, mais aussi de sensibilisation s’impose.

« Le Maroc a déjà perdu beaucoup d’écosystèmes et la biodiversité est sujette à des enjeux environnementaux divers », avertit Imad Cherkaoui, enseignant-chercheur à l’université Sultan Moulay Slimane (Béni Mellal – Khénifra).

« Une grande partie de la biodiversité est perdue et une bonne partie est très menacée à cause de la dégradation de l’habitat naturel des espèces, la surexploitation, le commerce illégal ou encore le braconnage », a-t-il fait remarquer dans une déclaration à la MAP, citant à titre d’exemple des espèces disparues telles que le lion de l’Atlas, le léopard de l’Atlas, le phoque moine et l’antilope bubale.

« Cette situation appelle de sérieux efforts de conservation! » s’est-t-il exclamé, indiquant que dans le cadre de ces efforts, le Maroc a ratifié plusieurs conventions internationales portant sur la protection de l’environnement et la vie sauvage, dont la convention de Bonn sur la conservation des espèces migratrices, l’accord de l’AEWA, qui porte sur la conservation des oiseaux d’eau migrateurs d’Afrique-Eurasie et la convention RAMSAR sur la protection des zones humides.

D’autre part, le Maroc a mis en place une dizaine de parcs naturels et un réseau de plusieurs dizaines d’aires protégées, qui sont des outils de conservation qui permettent de protéger ce qui reste de ces écosystèmes uniques.

« Ce réseau d’aires protégées, établi à travers le Plan directeur des aires protégées, a même été reconnu par l’UNESCO comme un patrimoine naturel », s’est-t-il félicité, évoquant à titre d’exemple la biosphères de l’arganeraie (800.000 Ha), la réserve de biosphère de la cédraie, la réserve de biosphère des oasis de Tafilalet et une réserve intercontinentale, la seule de son genre dans le monde qui s’étend du Rif à l’Andalousie, et qui protège des écosystèmes qui sont partagés entre le Maroc et l’Espagne.

Louant l’ouverture des autorités concernées sur les ONG, M. Cherkaoui a relevé que le rôle de la société civile ne se limite pas uniquement au plaidoyer, mais peut aller jusqu’à la cogestion des ressources naturelles.

« Pour protéger la vie sauvage, il faut la connaître », estime de son côté, Oussama Abaouss, journaliste spécialisé dans le patrimoine naturel du Maroc.

Les Marocains ne connaissent pas les espèces d’arbres, les mammifères et les reptiles remarquables qui n’existent qu’au Maroc, a-t-il regretté dans une déclaration similaire, faisant savoir que « l’histoire biologique du Royaume et les écosystèmes façonnés par sa topographie font que nous avons plus que 33 types d’écosystème unique ».

« La vie sauvage existe encore au Maroc », s’est-il félicité, insistant sur l’impératif de sensibiliser les Marocains quant à la richesse de la biodiversité qu’abrite le Royaume.

« Si on ne connaît pas l’espèce menacée, on ne peut pas la protéger », a-t-il ajouté, notant qu’aujourd’hui, les jeunes écoliers doivent apprendre à connaître le patrimoine naturel de leurs pays. »

Un travail de sensibilisation doit être réalisé sur le long terme, à travers l’éducation nationale et sur le court terme, à travers les médias au profit du large public, a-t-il conclu.

Instituée par l’ONU en 2014, la journée mondiale de la vie sauvage célèbre, le 3 mars de chaque année, les nombreuses formes de la faune et de la flore sauvages. Elle vise à faire prendre conscience de la multitude d’avantages que sa conservation procure aux populations.

Dans un message à cette occasion, le secrétaire générale de l’ONU, Antonio Guterres a exhorté les gouvernements, les entreprises et les gens du monde entier « à redoubler d’efforts pour préserver les forêts et les espèces forestières, ainsi qu’à écouter et à soutenir les populations forestières ».

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