InitiativesLe Chili, premier pays d’Amérique latine à interdire les sacs en plastique

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04 Fév

Le Chili, premier pays d’Amérique latine à interdire les sacs en plastique

Par Brahim Salaheddine AMHIL

Santiago – Avec l’entrée en vigueur ce dimanche, 3 février, au Chili de l’interdiction définitive de distribution de sacs en plastique aux clients dans le grand commerce, le pays andin se place désormais en précurseur en matière de protection de l’environnement et devient la première nation d’Amérique latine à franchir cette étape.

En effet, depuis dimanche, le grand commerce ne sera plus en mesure de livrer des sacs en plastique aux clients sur l’ensemble du territoire chilien, une mesure qui entre en vigueur après la promulgation en août 2018 d’une loi interdisant la distribution de sacs en plastique à usage unique.

Accompagnée de mesures qui ont permis aux grandes entreprises, dans un délai de six mois, de préparer leur transition vers une interdiction totale de la distribution de sacs en plastique dans les commerces, cette loi fait office d’une petite révolution culturelle dans le pays andin où seulement 4% des 17,5 millions d’habitants recyclent leurs déchets, alors que la consommation des sacs en plastique avoisinerait les 3,4 milliards d’unités par année, dont au moins 90% finissent dans des décharges.

Cette nouvelle loi interdit la distribution de sacs en plastique, sauf ceux servant à emballer des aliments « pour des raisons hygiéniques ou (…) pour éviter le gâchis de nourriture », selon le Journal officiel.

En vertu de cette loi, un délai de six mois a été donné aux grandes entreprises et de deux ans aux petits commerces pour mettre en application cette interdiction totale.

Une fois ces délais écoulés, une amende de 370 dollars par sac plastique remis aux clients est prévue en cas d’infraction, alors qu’au cours de cette étape transitionnelle, « les commerces peuvent remettre un maximum de deux sacs plastique aux consommateurs à chaque achat », précise le texte de loi.

Pendant l’hiver austral, les 4.000 km de littoral chilien sont jonchés de déchets alors que dans les eaux gelées du Pacifique, les sacs plastiques s’accumulent, en profondeur et en surface, formant d’immenses îles.

« Près des côtes, entre le Chili et le Pérou, il y a des îles de plastique de la taille du Mexique, soit près de 2 millions de kilomètres carrés, a prévenu Marcela Cubillos, ancienne ministre de l’Environnement et actuelle titulaire du portefeuille de l’Éducation.

Vendredi, la ministre de l’Environnement, Carolina Schmidt, a révélé que six mois après la publication de la loi qui permettait de donner deux sacs en plastique par achat, le total des sacs remis par les grands commerces a enregistré une baisse d’un milliard d’unités.

« Le Chili est le premier pays d’Amérique latine à interdire la livraison de sacs en plastique dans le commerce dans tout le territoire national, en reconnaissance d’une profonde aspiration à la citoyenneté », s’est félicité la ministre.

A compter de ce dimanche, les grandes surfaces telles que les supermarchés et les grands magasins ne seront plus en mesure de donner des sacs en plastique à leurs clients, a rappelé Mme Schmidt, une mesure qui constitue, selon elle, « un nouveau jalon dans la protection de l’environnement au Chili ».

La nocivité de ces sacs pour la nature se compte en siècles car ils peuvent rester dans la nature jusqu’à quatre cents ans sans se dégrader, alors que leur utilité dans la vie quotidienne ne dépasse pas les trente minutes.

En 2016, un programme de nettoyage lancé par le gouvernement, avait permis de ramasser 93 tonnes d’ordures sur 218 kilomètres de plages et dont 90% étaient du plastique.

Avec cette nouvelle mesure, le Chili rejoint la soixantaine de pays qui ont pris des mesures pour réduire leur consommation de sacs à usage unique. Lors de la Journée mondiale de l’environnement, célébrée le 5 juin dernier, dix pays d’Amérique du Sud et des Caraïbes avaient annoncé des initiatives pour limiter ou réduire l’utilisation des sacs plastiques.

Environ 5.000 milliards de sacs en plastique sont consommés dans le monde chaque année, soit presque 10 millions par minute, selon un rapport publié début juin dernier par l’Organisation des Nations unies.

Fin décembre, le président Sebastián Piñera avait indiqué que le Chili organisera la 25e Conférence de l’ONU sur les changements climatiques (COP25) en janvier 2020.

« Au cours de cette importante réunion, nous aurons l’énorme responsabilité de diriger et de progresser vers un meilleur contrôle des changements climatiques et réchauffement de la planète », avait indiqué M. Piñera lors d’un point de presse au Palais présidentiel de La Moneda, ajoutant qu' »en novembre de l’année prochaine, le Chili sera le pays hôte du Sommet de l’APEC et en janvier 2020, nous organiserons la COP25″.

L’organisation de la COP25 au Chili a été concrétisée par les États réunis à la COP24 à Katowice en Pologne suite au renoncement du Brésil en novembre dernier à l’organisation de cet événement en raison de « restrictions budgétaires ».

Prévues par la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques de 1992, les conférences prennent la forme d’une suite de Conférences des parties (ou COP pour Conference of the Parties) organisées chaque année depuis 1995. Le Protocole de Kyoto et l’Accord de Paris ont été négociés pendant ces conférences.

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