Non classifié(e)La sécheresse, un problème récurrent qui inquiète de plus en plus en Espagne

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26 Sep

La sécheresse, un problème récurrent qui inquiète de plus en plus en Espagne

Madrid – La sécheresse et la pression sur les ressources hydriques ne sont pas des problèmes nouveaux en Espagne, mais ils commencent à inquiéter de plus en plus, particulièrement après une année 2017 décevante en termes de précipitations et dans un contexte sensible à la question du réchauffement climatique.

Dans un pays jouissant d’un secteur agricole florissant et fier de sa richesse en espaces naturels, les plus diversifiés d’Europe, le manque en eau suscite toutes sortes d’inquiétudes autant sur un plan économique que d’un point de vue environnemental.

En effet, la moyenne des précipitations enregistrées jusqu’au 12 septembre était de 541 litres par m2, soit 12 pc de moins que la moyenne normale de la même période (618 litres par m2).

En outre, durant l’année hydrologique en cours (du 1er octobre au 30 septembre en Espagne), les précipitations accumulées n’ont pas dépassé la pluviométrie annuelle moyenne dans une grande partie de la péninsule ibérique occidentale et intérieure, en Catalogne (nord-est) et dans de vastes zones de Navarre et de La Rioja (nord), selon les données fournies par l’Agence météorologique de l’Etat (AEMET).

Dans des régions comme les îles Canaries, Estrémadure (sud-ouest), l’Andalousie (sud), ainsi que la Galice, les Asturies et la Cantabrie (nord), les quantités de pluies ont été inférieures de 75 pc à la moyenne normale.

La faiblesse des précipitations, par rapport à la moyenne des dernières années, s’est reflétée dans le taux de remplissage des barrages, qui n’a pas dépassé les 40,3 pc au 19 septembre, soit 13 points de moins qu’à la même date de 2016 (53,1 pc).

Pire encore, ce taux de remplissage a chuté de manière vertigineuse en l’espace des trois derniers mois, correspondant à la saison d’été, passant de 52,5 pc à 40,3 pc, selon les données du ministère de l’Agriculture, de la pêche, de l’alimentation et de l’environnement.

Au total, le niveau de remplissage des barrages a accumulé 17 semaines consécutives de baisse.

Cette situation a lieu alors que l’été n’a pas été totalement dénué d’épisodes pluvieux, notamment dans certaines régions, et a même été une saison «humide» selon l’AEMET.

Mais ces pluies d’été n’ont pas permis de combler un manque chronique dans la pluviométrie, car les températures ont été de leur côté supérieures, par rapport aux valeurs habituelles, de 3 degrés en juin, de 0,9 degrés en juillet et de un degré en août.

Et ses chaleurs d’été sans arrivées après un printemps déjà particulièrement chaud, avec des températures moyennes record, à 15,4 degrés, supérieures de 1,5 degré à la moyenne pour cette saison.

Selon les experts, l’année 2017 enregistrera, selon toute vraisemblance, la pire sécheresse des 20 dernières années, une situation qui a affecté la plus part des bassins hydrauliques, à l’image de ceux du Guadalquivir (sud) qui enregistrait, au 19 septembre, 16 pc de ressources en eau en moins par rapport à la même période de 2016, et de Miño-Sil, dans le nord-ouest.

Le niveau d’eau de surface a augmenté seulement dans trois bassins, qui sont tous de petite taille par rapport au reste du réseau espagnol de bassins hydrauliques.

Un fait anecdotique est venu récemment illustrer cette situation. En effet, la sécheresse a été tellement forte que l’eau du réservoir du barrage de Mansilla, dans La Rioja (nord) ne remplit que 14,7 pc de sa capacité de stockage, ce qui permet aujourd’hui de se balader dans les rues d’un ancien village qui a été submergé par les eaux du barrage en 1960.

Pour faire face à cette situation, le ministère de l’Agriculture, de la pêche, de l’alimentation et de l’environnement avait déjà obtenu auprès de l’UE d’avancer le paiement d’aides en faveur des agriculteurs, pour un montant global de 3 milliards d’euros, dans le cadre de la Politique agricole commune (PAC).

Le gouvernement a également réduit certaines taxes et a financé des crédits de l’ordre de 200 millions d’euros en faveur des agriculteurs.

Cependant, l’opinion publique espagnole est consciente du caractère chronique de la problématique de la sécheresse et de l’aggravation du problème en raison du réchauffement climatique.

Les experts réclament ainsi des solutions structurelles pour cette problématique, qui vont au-delà des mesures d’urgence qui consistent en des aides financières ou des transferts d’eau d’un bassin à l’autre, en vue d’une véritable politique de rationalisation de l’utilisation de l’eau et, plus largement, de lutte contre les effets du changement climatique.

Par Hicham Boumehdi

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