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15 Mar

Le projet « ARiMA » : La région de Marrakech-Safi se met à l’heure de la résilience aux risques multi-aléas

Par Hassan EL AMRI:

Marrakech- Accentués sous l’effet des changements climatiques, les risques multi-aléas et les catastrophes naturelles sont devenus un phénomène mondial très préoccupant et un défi planétaire nécessitant la conjugaison des efforts et la fédération des énergies pour faire face à ces menaces qui ne cessent de s’amplifier et d’engendrer des dégâts économiques et sociaux très lourds pour les pays, les populations et les territoires touchés.

A la faveur de cette prise de conscience et de cette mobilisation collective qui continuent de s’intensifier, des efforts considérables ont été consentis et des politiques importantes en matière de gestion des risques naturels ont été mises en place par les différents pays, y compris le Maroc, dans le sillage des Cadres d’action de Hyogo 2005-2015 et de Sendai 2015-2030, qui ont notamment insisté sur l’impératif de l’amélioration de la résilience des pays et des communautés contre les risques et désastres, à travers la promotion d’une approche stratégique et systématique pour réduire les vulnérabilités et le risque de catastrophes.

Dans ce cadre, un nouveau projet a été lancé récemment dans la région de Marrakech-Safi portant sur l’évaluation et la simulation des risques multiples, actuels et futurs, dans cette partie du territoire du Royaume.

Le projet « ARiMA » (Assessment and Simulation of Present and Future Multi-Hazard Risk in the Marrakech-Safi Region), se veut, en effet, une contribution aux efforts soutenus déployés par le Maroc et aux stratégies élaborées par le Royaume en matière d’identification et d’évaluation des risques multi-aléas, notamment le Plan National d’Adaptation (PNA), ainsi qu’une réponse aux besoins exprimés par les parties prenantes de la région en vue de bénéficier d’une évaluation intégrée des risques multi-aléas actuels et futurs, via une plate-forme pouvant soutenir des mesures de prise de décision préventives et coordonnées à l’échelle régionale.

Financé à hauteur d’un million d’euros par la Commission Européenne et regroupant cinq partenaires à savoir la société allemande « IABG », le Laboratoire de recherche « 3GEO » de la Faculté des sciences Semlalia relevant de l’Université Cadi Ayyad, l’Université des Nations Unies « UNU-EHS », la société marocaine d’ingénierie « RESING » et la Fondation italienne de recherche « CIMA », ce projet pilote vient aussi répondre au besoin de disposer d’un outil d’analyse des risques « standardisé » à l’échelle régionale, intégrant les différentes actions existantes, les données et les moyens de tous les opérateurs régionaux.

D’une durée de deux ans (2019 et 2020), « ARiMA » a pour finalité, entre autres, d’intégrer les évaluations multirisques existantes à l’échelle de la région, centrées sur 3 aléas (inondations, sécheresse et érosion), y compris l’analyse d’exposition et de vulnérabilité, et de réaliser des simulations de scénarios futurs d’inondations et de sécheresses découlant des effets des changements climatiques.

Vu que la région de l’Afrique du Nord est confrontée, selon les Indices mondiaux de risque, à des niveaux de risque élevés en raison de son exposition à de multiples dangers et d’une vulnérabilité aussi élevée de la société et de l’environnement, « ARiMA » vise aussi, selon ses initiateurs, à développer une plate-forme d’information spatiale avec cartographie digitale sur les risques multiples (MRIP) au profit de plusieurs bénéficiaires régionaux (Agence urbaine, Protection civile, Agence du bassin hydraulique du Tensift, Direction régionale de l’agriculture, Office national du conseil agricole, Direction régionale des Eaux et Forêts et Lutte contre la Désertification, provinces, etc) et ce, en faisant usage des méthodes novatrices d’évaluation et de simulation des risques, qui font actuellement défaut.

Cette plate-forme fournira des informations spatiales sur les risques multiples actuels et futurs pour le système socio-écologique vulnérable sur l’ensemble de la région.

Ainsi, une fois collectées, ces données permettront aux bénéficiaires régionaux d’intégrer des informations et des évaluations des risques dans leurs stratégies de gestion en la matière et d’accroître leur capacité de définir des mesures de prévention contre les risques les plus importants pour la région, à savoir les inondations, les sécheresses et l’érosion associée aux crues.

Le projet « ARiMA » se déroulera sur trois phases : d’abord, il sera procédé au développement et à l’application des méthodes scientifiques innovantes pour identifier et évaluer les principales zones menacées par des risques multiples (inondations, sécheresse, érosion) et simuler des scénarios futurs de risques dans la région de Marrakech-Safi (jusqu’en 2050).

Ces résultats seront, ensuite, intégrés dans un système d’information spatiale multi-aléas, conçu et testé avec les bénéficiaires publics du projet. Enfin, il sera question de faire le point sur les stratégies de Gestion des Risques liées aux Catastrophes (GRC) existantes et de proposer des solutions complémentaires, sachant que les capacités existantes de gestion des risques de catastrophes seront évaluées et renforcées si nécessaire.

Donc, les résultats d' »ARiMA » permettront aux experts et intervenants régionaux d’acquérir les compétences nécessaires pour mener des évaluations des risques futurs et pour intégrer plus systématiquement les informations relatives aux risques dans leur planification quotidienne, ce qui les aidera à mieux se préparer aux éventuels dangers futurs et ce, en améliorant la planification et la hiérarchisation des mesures préventives afin de réduire les pertes et les dommages causés aux personnes, aux biens, aux secteurs économiques importants (notamment l’agriculture) et aux infrastructures critiques de la région de Marrakech-Safi.

De l’avis des intervenants et acteurs au niveau de la région, « ARiMA » leur permettra ainsi de disposer d’un outil régional « standardisé » incluant tous les résultats existants des études et analyses de risques et de vulnérabilité, de se doter d’un outil d’aide à la décision coordonnée à l’échelle régionale, de soutenir les stratégies régionales de gestion des risques liés aux changements climatiques et de renforcer les capacités régionales de gestion des risques (formation, capacity building…).

L’objectif étant, in fine, l’amélioration de la prévention et de la gestion des catastrophes en vue d’une meilleure résilience de l’ensemble du territoire de la région de Marrakech-Safi face aux risques multi-aléas, à même de promouvoir un développement local et régional durable et intégré au service du bien-être des populations concernées.

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