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10 Fév

Les moyens à mettre en œuvre pour la valorisation et la protection des zones humides au cœur des débats à Essaouira

Essaouira – Les moyens à mettre en œuvre pour la préservation et la protection des zones humides (ZH) de manière à leur permettre de jouer pleinement leur rôle à la fois écologique, économique et social, ont été au cœur des débats lors d’une rencontre tenue samedi à Essaouira, à l’initiative de la coordination régionale Marrakech-Safi de l’Alliance Marocaine sur le Climat et le Développement Durable (AMCDD).

Organisée en partenariat avec la Direction Régionale des Eaux et Forêts et de la Lutte contre la Désertification-Haut Atlas (DREFLCD-HA), l’Agence du Bassin Hydraulique de Tensift (ABHT), le Conseil de la ville d’Essaouira, les Collectivités territoriales de la région de Marrakech-Safi, l’Université Cadi Ayyad de Marrakech (UCAM), et des ONG environnementales, cette rencontre a été également l’occasion de plaider en faveur de la conjugaison des efforts de tous en vue de la protection de ces sites naturels stratégiques pour les générations montantes et ce, conformément à la vision et aux engagements du Maroc sur le plan international.

Les différents intervenants à cette occasion ont passé en revue une série de contraintes à même de freiner tous les efforts visant la protection et la valorisation des zones humides, soulignant la nécessité de mettre en place un cadre opérationnel de suivi de l’état des ZH, et de déterminer les mécanismes de coopération entre les parties prenantes, de planification des activités, de suivi et d’évaluation et de mise en place d’une Commission spécialisée dédiée aux ZH.

Intervenant à cette occasion, M. Mohammed Issoual, directeur régional des Eaux et Forêts (DREFLCD-HA), s’est félicité de l’organisation de cette rencontre régionale qui s’inscrit dans le cadre de la célébration, le 2 février de chaque année, de la journée mondiale des zones humides, notant que cet événement vise à souligner le rôle important joué par ces zones, en tant que ‘’solutions naturelles’’ dans l’adaptation au changement climatique et l’atténuation de ses effets.

‘’L’existence des zones humides et le maintien de leur équilibre est une affaire de survie de l’homme’’, a-t-il dit, faisant observer qu’au Maroc, ces zones jouent un rôle substantiel dans le processus de lutte contre les effets des changements climatiques vu leur capacité de régulation des régimes des eaux et de stockage de carbone.

‘’Ces zones humides constituent des réservoirs d’une diversité biologique et écologique, étant donné qu’on y trouve des concentrations élevées d’oiseaux, de mammifères, de reptiles, d’amphibiens, de poissons et d’invertébrés’’, a-t-il poursuivi, précisant que ces zones assurent aux populations locales un certain nombre de bénéfices par l’exploitation de diverses ressources, outre le fait qu’elles offrent des avantages agricoles en constituant de bonnes zones de pâturage et de renouvellement des nappes phréatiques.

Tout en précisant qu’au Maroc, on peut dénombrer plus de 300 zones humides sur 400.000 ha, dont 25 sites classés par la convention RAMSAR, M. Issoual a indiqué que depuis la ratification de cette convention par le Royaume, le HCEFLCD (point focal pour l’application de cette convention), a lancé plusieurs projets visant le renforcement des efforts de conservation de la biodiversité des zones humides et la promotion du développement durable local et participatif.

Et de faire observer que dans le cadre des efforts déployés pour la conservation et la valorisation de ces zones, le HCEFLCD a élaboré une stratégie nationale des zones humides 2015-2024 selon une démarche intégrée et participative, en concertation avec les différents partenaires agissant dans cet espace pour mettre en place un plan d’action réalisable à l’horizon 2024.

De son côté, le coordinateur régional Marrakech-Safi de l’AMCDD, Mohamed Al Ifriqui, a loué l’importance de la tenue de ces rencontres régionales tout au long du mois de février autour du thème ‘’pour une grande mobilisation et une gouvernance locale opérationnelle en vue de la protection de nos zones humides’’.

Et de faire remarquer que la région de Marrakech-Safi dispose d’importantes zones humides soit naturelles telles les oueds, marais, sources ou artificielles en l’occurrence les canaux et les lacs des barrages, faisant constater la très faible valorisation de ces potentialités régionales, d’autant plus que seuls trois sites humides sont classés et inscrits dans la convention RAMSAR, à savoir le barrage Al Massira (Province d’El Kelâa des Sraghna), la Sebkha de Zima (province de Youssoufia), et l’Archipel et les Dunes d’Essaouira.

Il a indiqué que ces trois sites couvrent une superficie totale de 18760 ha, ce qui reste loin du potentiel réel et de la richesse et la diversité des zones humides dans la région de Marrakech-Safi.

M. Al Ifriqui a passé en revue également une série de facteurs contribuant à la dégradation de ces espaces en raison des pollutions et de l’insuffisance des efforts déployés par les différents acteurs concernés en termes notamment d’approches adoptées et des moyens mobilisés, rappelant que seuls 26 sites au Maroc figurent sur le classement de la Convention RAMSAR, alors que le Royaume dispose de la plus grande superficie des zones humides en Afrique du Nord.

Il a, en outre, insisté sur le rôle déterminant et indispensable que les collectivités territoriales se doivent de jouer conformément à leurs obligations contenues dans les lois en vigueur notamment en matière d’aménagement et de gestion des espaces naturels publics, invitant ces instances élues à s’inscrire pleinement dans les efforts visant la protection, la valorisation et la gestion rationnelle des zones humides.

Le président de la section Essaouira de l’Association des Enseignants des Sciences de la Vie et de la Terre (AESVT), M. Said Boulaanakch, a mis en relief l’importance de cette rencontre régionale en tant qu’espace d’échange des connaissances et des expériences en vue de parvenir à des solutions efficientes en matière de conservation de ces espaces.

Il a, en outre, mis l’accent sur une série d’efforts déployés de manière continue en vue de la protection du site d’Essaouira, rappelant dans ce sens la signature de plusieurs conventions de partenariat, notamment celle signée en 2006 et portant sur l’aménagement de la ceinture verte de la ville d’Essaouira, ou encore celle conclue le 8 mars 2017 portant entre autres sur le projet de création d’un musée écologique pour la promotion et la préservation du patrimoine naturel et culturel de la ville ainsi que sur le projet de la requalification des zones et du littoral d’Essaouira.

M. Ahmed Mouafik, au nom du Conseil local des Ouléma, a mis l’accent sur l’importance de la préservation de l’environnement d’un point de vue religieux et éthique, insistant sur la nécessité de promouvoir l’éducation environnementale chez les jeunes et les enfants afin de les inciter à adopter des comportements positifs vis-à-vis de la nature.

Il a réitéré l’engagement et la disposition du Conseil local des Ouléma ainsi que son ouverture à toutes les initiatives dans ce domaine.

M. Laarbi Oussouss, au nom de la direction provinciale de l’éducation nationale d’Essaouira, a relevé que la protection de l’environnement et des ressources naturelles focalisent actuellement les débats et les discussions aussi bien au Maroc comme à l’échelle mondiale, notant que cela témoigne de la prise de conscience quant à la nécessité de réaliser l’équilibre entre la croissance démographique et ces ressources jugées limitées.

Il a en outre salué la pertinence de cette rencontre régionale sur les zones humides, insistant sur la nécessité d’œuvrer pour que ce genre d’initiative se multiplie à l’avenir.

M. Oussouss a insisté aussi sur le rôle de taille du système pédagogique et éducatif dans l’éducation et la sensibilisation des générations montantes en vue de l’adoption de comportements positifs vis-à-vis de la nature, rappelant que l’éducation environnementale figure au rang des priorités dans les différents programmes de la direction provinciale de l’Education nationale d’Essaouira.

Par la suite, l’assistance a été conviée à suivre un exposé détaillé présenté au nom de la DRHFLCD par Mme Karima Karimi, sur la stratégie nationale élaborée par le HCEFLCD (2015-2024).

Placée sous le signe ‘’agir avec volontarisme et pragmatisme’’ cette stratégie se fixe pour mission ‘’qu’en 2024, les zones humides au Maroc soient gérées de façon intégrée et durable, assurant l’amélioration de leur patrimoine écologique et de leur service éco-systémique’’, explique-t-on.

De son côté, M. Yassine Alkaa, représentant de la Direction Régionale de l’Environnement à Essaouira, a présenté un exposé autour de la stratégie nationale de développement durable, avec un focus sur les grands axes de cette feuille de route, ses enjeux majeurs, ses principes et ses objectifs.

Au menu figuraient également une série d’exposés, dont une présentation scientifique de l’Université Cadi Ayyad de Marrakech autour des zones humides, outre un exposé de l’AESVT-Essaouira sur les rôles et l’importance des zones humides d’un point de vue valorisation, éducation et sensibilisation.

Les participants à cette rencontre ont pris part aussi à une sortie au circuit des lagunes aménagées dans les dunes d’Essaouira, avec l’encadrement des Eaux et Forêts et de l’Association des Enseignants des Sciences de la Vie et de la Terre-section Essaouira.

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