RégionsLes provinces du Sud marocain, des zones plus résilientes grâce à des techniques éco-friendly

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18 Nov

Les provinces du Sud marocain, des zones plus résilientes grâce à des techniques éco-friendly

Marrakech – Les provinces du Sud marocain sont désormais des zones plus résilientes grâce à des techniques éco-friendly qui visent à favoriser l’adaptation aux changements climatiques et limiter leurs impacts néfastes sur la population locale.

Ces nouvelles techniques et initiatives vertes interviennent suite à la prise de conscience quant à la nécessité d’utiliser les énergies alternatives pour réduire l’impact des émissions de gaz à effet de serre (GES) sur l’environnement.

Le désert marocain a enregistré des avancées considérables en matière de projets verts, développés en vue de préserver les équilibres écologiques et lutter contre la désertification et l’ensablement, tout en contribuant à l’essor socio-économique de la région, a souligné le président de l’association Ceinture verte pour le développement durable, Essalek S’ghayer dans un entretien accordé à la MAP.

M. Sghayer, également président de la Coalition régionale pour l’économie verte (région Laâyoune-Sakia El Hamra), a précisé que cette coalition développe plusieurs projets dans le cadre de son programme, à savoir les biocarburants à base d’huiles usagées qui garantissent à la fois une haute performance et réduisent l’empreinte écologique.

« Quelque 3 kilogrammes équivalents CO2 sont évités par litre d’huile alimentaire usagée valorisée et 93% de GES émis durant l’élaboration et l’usage sont réduits », a-t-il expliqué en marge de sa participation à la COP22.

Ce militant associatif a également fait savoir qu’en ajoutant de la soude et du méthanol (procédé d’estérification), on obtient un ester méthylique d’huile usagée (EMHU) pouvant être brûlé par n’importe quel moteur diesel en toute sécurité, précisant que le procédé fournit un sous-produit, la glycérine, qui est utilisée par l’industrie chimique.

Pour ce qui est du deuxième projet, il porte, selon M. S’ghayer, sur des biocarburants de troisième génération qui sont principalement produits par des microalgues.

« On distingue deux façons de les cultiver, d’une part avec des procédés dits intensifs où les microalgues croissent dans des photobioréacteurs fermés, où l’on contrôle les paramètres physico-chimiques et d’autre part, les procédés dits extensifs dans des bassins en extérieur », a fait savoir ce chercheur biologiste.

Le milieu de culture circule grâce à des roues à aubes a-t-il indiqué, notant que les éléments nutritifs sont apportés de manière à garantir, dans les conditions standards, une croissance optimale des algues.

Les microalgues peuvent subir différentes transformations pour être valorisées en biocarburant. Elles peuvent accumuler des acides gras jusqu’à 80% de leur poids sec, permettant d’envisager des rendements à l’hectare supérieurs d’un facteur 30 aux espèces oléagineuses terrestres, a-t-il expliqué.

Et de poursuivre: « ces acides gras doivent être extraits puis trans-estérifiés pour produire du biodiesel, tandis que d’autres espèces de microalgues peuvent contenir des sucres et ainsi être fermentées en bioéthanol ».

« Enfin, les microalgues peuvent être méthanisées pour produire du biogaz », a-t-il enchaîné.

Quant au rendement de production de ces microalgues, il a estimé qu ’il peut être supérieur aux végétaux terrestres du fait d’un taux de photosynthèse plus important et d’une culture annuelle et de concentration en CO2 plus importante.

« En effet, le CO2 peut être capté par exemple dans les fumées de centrales thermiques ou d’incinérateurs. Le rendement de production peut atteindre 20 à 40 TEP/ha/an », d’après M. S’ghayer.

Dans un cadre lié, il a évoqué également le projet développé dans le cadre de la coalition qui vient substituer le charbon de bois, qui constitue un combustible domestique très prisé, surtout dans les pays en développement, indiquant que le biochar représente une solution extrêmement efficace, en évitant de couper des arbres, et en les substituant par des déchets végétaux renouvelables.

« Le charbon vert est une source d’énergie propre et renouvelable, qui s’inscrit dans le cycle naturel du carbone », a-t-il rappelé, notant que malgré le mode facile de son transport et son stockage, la production du charbon de bois représente une cause majeure de déforestation et de pollution.

La déforestation contribue à hauteur de 20% des émissions mondiales de GES, auxquelles il faut ajouter celles qui sont issues des déchets végétaux, brûlés à l’air libre ou laissés à l’abandon, a-t-il déploré.

Pour sa part, le président de l’Association Badil pour la préservation du patrimoine et de l’environnement, Mohammed Aalem, a indiqué que dans le cadre de ses activités, l’association recycle les eaux issues de la réfrigération du poisson.

Il a, a cet effet, noté que ces eaux, qui sont d’habitude versées, causent la salinisation du sol et la pollution de la nappe phréatique, précisant que ces eaux sont désormais réutilisables grâce à des techniques d’épuration et de traitement.

« Nous essayons, dans le cadre de notre association, de séparer les composantes organiques de l’eau, dont notamment les restes du poisson et son sang qui peuvent servir en tant que biofertilisants, tandis que l’huile résiduelle du poisson est utilisée pour l’extraction de l’Oméga 3, célèbre pour ses vertus médicinales », a-t-il déclaré.

M. Aalem, également membre de la Coalition régionale pour l’économie verte, a précisé que l’eau épurée est utilisée par la suite pour l’irrigation des serres, à travers notamment des techniques de goutte-à-goutte.

Et de conclure que le traitement de ces eaux a également une dimension préventive contre les risques d’accidents et de renversement de voitures, suite à leur versement sur les voies publiques.

L’ensemble des projets, développés dans le cadre de la coalition régionale pour l’économie verte dans la région de Laâyoune Sakia El Hamra ,visent la sensibilisation quant à l’intérêt des déchet biodégradables, en créant de la valeur ajoutée environnementale par la production du biogaz, du charbon vert et du biodiesel, outre un triple impact socio-économique et environnemental sur les populations locales.

Toutefois, un soutien financier des initiatives et projets de recherches reste un enjeux de taille pour améliorer les conditions de travail et les situation des acteurs associatifs qui contribuent de manière significative à l’essor économique et environnemental de la région.

Par : Nadia El Ahmar

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