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17 Avr

Région du Nord: Le rejet des déchets de construction dans les forêts, un comportement incivilisé qui interpelle la société

Par: Abdelaziz HAYOUN

Tanger – L’un des phénomènes les plus marquants qu’un visiteur observe dans certaines forêts de quelques villes de la région du nord est la présence de débris et de déchets, en particulier ceux résultant de la construction, un comportement incivilisé qui interpelle la société toute entière, en particulier les imprudents qui abusent d’un espace vital, censé représenter le poumon des villes.

Ce comportement honteux ne se limite pas aux espaces forestiers isolés. Au contraire, il impacte de nombreuses forêts, bien qu’il affecte plus particulièrement celles situées à proximité des quartiers résidentiels.

Il s’agit bien d’un comportement négatif qui ne reflète guère les préceptes religieux ni encore les valeurs civilisationnelles et de citoyenneté active, et va à l’encontre des efforts considérables consentis par le Maroc pour protéger et développer les forêts, dans un contexte international marqué par l’accentuation des changements climatiques.

Les « destructeurs de l’environnement » profitent souvent de l’absence de surveillance, que ce soit pendant le jour ou la nuit, pour jeter les débris de construction, les plastiques et les pneus de voiture, sans décence morale ni remords de conscience, un acte vivement dénoncé par la société et criminalisé par les lois, puisqu’il contribue, à long terme, à priver les générations montantes de leur droit de jouir de la forêt, qui joue un rôle vital dans l’équilibre écologique, en plus d’être le foyer d’un certain nombre d’espèces vivantes, un exutoire et une source de subsistance.

Plusieurs forêts qui étaient dans un passé récent une destination où affluent les habitants des villes du nord, sont devenues aujourd’hui des « décharges » de déchets de construction, d’autant plus que l’atteinte à ce milieu naturel vital est devenue une pratique courante pour ceux qui agissent sans conscience.

L’Observatoire pour la protection de l’environnement et des monuments historiques de Tanger a sonné l’alarme, dans son rapport annuel publié en octobre 2020, sur « l’aggravation du phénomène des constructions anarchiques et de construction autorisée au détriment des forêts », appelant à « l’activation de la loi sur les infractions relatives au domaine forestier ».

L’observatoire a averti que « les forêts urbaines souffrent de la marginalisation, en plus du manque de protection contre les dangers auxquels elles sont confrontées », soulignant « la poursuite du rejet de débris dans un certain nombre de sites et le traitement négatif des plaintes déposées à cet égard ».

Le rapport a relevé que certaines forêts, en particulier celles proches des agglomérations, en l’occurrence la forêt de Rahrah à Tanger, souffrent « d’agissements criminels de certains usagers bénéficiant de cette situation, et de certaines personnes qui supervisent les chantiers de construction et jettent délibérément les débris de construction dans les espaces forestiers », notant que « ces comportements ont grandement affecté le domaine forestier ».

Plus encore, de nombreuses associations concernées par les questions environnementales dans la région du Nord avaient déjà alerté, à travers leurs rapports périodiques, sur l’exacerbation du phénomène de rejet des déchets de construction et autres débris dans les espaces forestiers, appelant à inclure « le rejet des déchets », les incendies, la coupe abusive des arbres et les constructions anarchiques, dans la catégorie des risques auxquels est confronté le domaine forestier en général, constituant en outre des infractions passibles de poursuites judiciaires répressives à l’encontre de leurs auteurs.

Nul ne peut nier que le législateur marocain a mis en place de nombreuses lois répressives, ayant pour objectif majeur de protéger la santé humaine, la faune, la flore, les eaux, l’air, le sol et les sites naturels des effets nocifs des déchets. L’activation de cet arsenal juridique est de nature à protéger la forêt contre ce genre de pratiques.

Les efforts de la société civile doivent être accompagnés de ceux des citoyens pour plaider en faveur de la protection des forêts contre les atteintes de l’homme, et placer cet espace au centre d’une campagne sociétale continue et large, qui comprend l’aspect juridique et celui de sensibilisation, à travers le déploiement de tous les moyens pour faire face à ce comportement non civilisé, et ce en coordination avec les institutions officielles concernées, de manière à poursuivre la mobilisation pour protéger les forêts, dont la superficie ne cesse de régresser.

La responsabilité de protection des forêts contre les déchets de construction est une responsabilité partagée, puisqu’elle constitue une manifestation de la conscience humaine du rôle des espaces forestiers, et une question d’éducation et de sensibilisation.

par ailleurs, la répression de ces infractions nécessite le durcissement des lois, le renforcement du contrôle aux environs des forêts et l’interpellation de tous ceux qui détruisent les forêts, le poumon vert des villes. Un effort auquel les visiteurs des espaces forestiers sont appelés à contribuer activement, à travers la collecte de leurs déchets et le signalement des infractions contre la forêt.

L’article 31 de la Constitution de 2011 a consacré le droit au développement durable, en mettant à la charge de l’État, des établissements publics et des collectivités territoriales l’obligation d’œuvrer « à la mobilisation de tous les moyens à disposition pour faciliter l’égal accès des citoyennes et des citoyens aux conditions leur permettant de jouir de ce droit », ce qui nécessite de poursuivre la mobilisation et de conjuguer les efforts de tous pour mettre un terme à ces comportements nuisibles à l’environnement.

Certes, l’atteinte de cet objectif passe par une réelle mobilisation sociétale pour inciter tout le monde à respecter et à protéger les forêts de tout ce qui peut nuire à cette richesse commune, pour assurer l’équilibre écologique et un cadre de vie sain. Il importe aussi d’en faire des « aires protégées » au lieu de les désigner comme de simples « espaces naturels ».

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