Agriculture durable: le Souss-Massa teste une technologie japonaise
— Par Omar ACHY—.
Agadir – Réduire la consommation d’eau et augmenter le rendement dans le secteur agricole, telle est l’équation qui se pose sans cesse aux agriculteurs du Souss-Massa qui, intéressés par une meilleure productivité agricole tournée vers l’export, sont néanmoins confrontés aux contraintes inhérentes au stress hydrique et à une faible pluviométrie.
Les expérimentations menées depuis 2015 à l’aide d’une nouvelle technologie japonais attestent des efforts inlassables déployés par les opérateurs de la région pour chercher les dernières technologies favorisant une meilleure maîtrise de la consommation d’eau dans un contexte climatique versatile.
Il s’agit d’un support du sol dit « Porous Alpha », basé sur du verre recyclé qui peut réaliser, selon l’entreprise japonaise, une économie des intrants ainsi qu’un meilleur rendement avec le système goutte à goutte.
Et pour cause, les ressources en eau constituent la contrainte principale du secteur agricole au niveau de cette partie du Maroc de telle sorte que l’ensemble des orientations stratégiques du Plan Maroc Vert prennent en considération ce facteur.
Dans ce sens, le directeur de l’Office régional de mise en valeur Agricole du Souss-Massa (ORMVASM) a rappelé qu’un « effort titanesque » a été entrepris au niveau de la région pour la maîtrise de l’eau et à sa rationalisation en tant que levier stratégique pour l’amélioration de la productivité et la stabilisation de la production.
« Actuellement, 71.000 ha sont équipés en système goutte à goutte » dans le cadre du Plan Maroc vert, a-t-il indiqué dans une déclaration à la MAP.
Le Directeur de l’ORMVA Souss-Massa intervenait dans le cadre d’une journée d’information, organisée jeudi à Agadir, pour présenter les résultats des tests engagés localement sur le nouveau support du sol japonais.
Pour lui, ce produit, un granulat de mousse de verre fabriqué à base de bouteilles recyclées, triées, écrasées, broyées et brûlées à 1000℃, est encore au stade d’expérimentation dans la région.
Les agriculteurs donneront d’abord leurs feed-back sur la base de la fiabilité et de l’efficacité de cette technique en termes de coût, avant de le valider, explique-t-il.
Depuis plus d’une année, le « Porous Alpha » est en effet testé d’abord dans la station d’expérimentation de l’ORMVA de Souss-Massa puis au niveau de 7 fermes de production maraîchère (haricot vert et tomates), dans le cadre de la coopération entre le Maroc et le Japon.
Selon M. Yoshiaki Takeuchi, président de la société japonaise, Tottori Resource Recycling, Inc, à l’origine de cette technologie, ce support du sol a donné des résultats encourageants en termes de consommation d’eau, d’économie d’engrais et de rendement.
« Les résultats initiaux de l’étude ont démontré une économie de consommation d’eau atteignant les 50 pc, une économie d’engrais soluble de 50 pc et une augmentation encourageante du rendement pour les agriculteurs », a-t-il avancé.
Avec Porous Alpha, le sol a une meilleure capacité de rétention de l’eau et de l’aération, qui réalise l’économie d’eau et favorise une amélioration de rendement et une plus grande résilience au changement climatique, ajouté le patron de l’entreprise japonaise qui opère dans le domaine depuis 2001.
Etalé sur deux ans, le projet engagé dans le Souss-Massa a été mené avec l’appui de l’Agence Japonaise de la coopération internationale (JICA).
Pour Mme Reiko Yagi, de la division Opération d’Appui aux PME japonaises, au sein de la JICA, ce projet d’essais du produit japonais s’inscrit dans le cadre du partenariat public-privé, qui est une forme de coopération relativement nouvelle mais importante pour ce genre de technologie d’économie d’eau en agriculture dans la zone aride.
« Consciente de l’importance de l’agriculture pour le Maroc et le programme national d’économie d’eau en irrigation, je suis certaine que cette étude permettra de valoriser au mieux les ressources en eau et contribuer à l’atténuation du déficit hydrique enregistré dans la région », a-t-elle souligné.
Encouragés par ces premiers essais, Tottori Resource Recycling, Inc, a déjà installé un noyau de son entreprise à Agadir. L’objectif, espère son président, est de cibler, une fois le produit agréé par les autorités, d’autres régions du Maroc, lequel servira ainsi de modèle pour les agriculteurs et producteurs des pays voisins confrontés à la même problématique de stress hydrique.