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13 Jan

Bassins et nappes phréatiques : Penser écolo pour préserver de précieuses ressources en eau

(Par Ali Refouh)

Rabat – Se débarrasser de sa poubelle est un acte quotidien qu’on exécute presque machinalement et souvent insoucieusement, mais qui a des conséquences néfastes sur l’environnement et l’avenir notre Dame Nature et en particulier ses nappes phréatiques, d’où la nécessité de penser écolo pour préserver de précieuses ressources en eau.

Ce sac qu’on balance insoucieusement dans la benne à ordure du coin et à l’intérieur duquel cohabitent des tas d’objets et de matières aussi divers qu’incohérents, semble à priori inoffensif. Mais une fois mêlé, au bout du circuit, à des tonnes de déchets produits par nos villes, on se trouve face à une vraie problématique écologique.

En ligne de mire de cette bombe à retardement, se trouvent les bassins et les nappes phréatiques, de gigantesques réservoirs naturels d’eau qui jouent un rôle primordial dans la conservation et l’alimentation en cet élixir aussi vital pour l’Homme que pour son environnement, mais qui sont très vulnérables à la pollution, résultant notamment de la mauvaise gestion de toutes sortes de déchets.

Dans ce sens, un rapport du ministère délégué chargée de l’Eau, publié en 2014, estime la production annuelle des déchets ménagers à 6,80 million de tonnes (MT), dont 5,3 MT en milieu urbain, contre 1,2 MT générés par le secteur industriel et 21.000 tonnes/an de déchets médicaux.

Le rapport, intitulé « Les sources de pollution de l’eau au Maroc », souligne que la composition des déchets ménagers reste tributaire de « la nature des déchets et des habitudes de consommation qui varient en fonction du niveau de vie et des habitudes culturelles ». Il précise que la matière organique constitue la principale composante, à hauteur de 60pc, tandis que le reste est composé de papier, plastique, verre débris, métal et autres.

Ces matières nocives pour la nature finissent malheureusement là où il ne faut pas. Selon le document, près de 25pc des décharges sont localisées dans les lits ou en bordure des cours d’eau et 15pc sont situées dans des zones géologiques où les nappes d’eau souterraine sont vulnérables à la pollution.

Expliquant l’impact des déchets ménagers sur les ressources en eau, le rapport souligne que « le lessivage des matières organiques et minérales, des germes et des matières toxiques contenus dans les déchets par les eaux de pluie produit un liquide très concentré : le lixiviat ». Il ajoute que « chaque tonne de déchets entreposés génère près de 200 litres de lixiviat », qui « atteint les eaux superficielles et les eaux souterraines, respectivement, par le biais du ruissellement et de la percolation ».

Pour pallier à cette situation, un « Programme national de gestion des déchets ménagers » a été élaboré par le ministère délégué chargé de l’Environnement et le ministère de l’Intérieur, avec l’objectif d’assurer la collecte et le nettoiement des déchets ménagers pour atteindre un taux de collecte de 85pc en 2016 et 90pc en 2020, réaliser des centres d’enfouissement et de valorisation au profit de tous les centres urbains (100pc, en 2020), réhabiliter ou fermer toutes les décharges existantes (100pc, en 2020) et moderniser et professionnaliser le secteur des déchets.

Initié avec l’appui de la Banque Mondiale, ce programme, dont le coût est estimé à 40 Mrds de DH, tend également à développer la filière de « tri-recyclage-valorisation », avec des actions pilotes de tri, pour atteindre un taux de 20pc du recyclage en 2020, généraliser les plans directeurs de gestion des déchets ménagers et assimilés pour toutes les préfectures et provinces du Royaume et former et sensibiliser tous les acteurs concernés sur la problématique des déchets.

Mais, au-delà des politiques et stratégies de l’Etat, la limitation de l’impact sur les bassins et nappes phréatiques doit se faire en amont et reste une question d’habitudes de consommation et de bonne gestion des déchets ménagers par tout un chacun. De simples gestes dans ce sens peuvent sembler insignifiants, mais s’ils sont adoptés à grande échelle, ils peuvent donner un sérieux coup de pouce aux efforts engagés.

Ainsi, le premier mot d’ordre qui saute à l’esprit quand on parle déchets, c’est le « tri ». Mettre tous dans le même sac d’ordure, sans distinction entre matières organiques (restes de nourriture par exemple), emballages métalliques ou en verre, bouteilles en plastique ou anciens petits objets, revient à limiter l’efficacité d’un réseau de recyclage qui existe bel et bien.

En effet, les chiffonniers, communément appelés « Mikhala », sont omniprésents dans les rues et ne demandent qu’à détourner une bonne partie des déchets vers d’autres circuits que celui menant à la décharge. Il suffit juste d’un petit effort de tri pour les aider à mieux faire leur boulot.

Les habitudes de consommation sont également à revoir. Acheter ce dont on a strictement besoin et pas plus, signifie forcément générer moins de déchets. Préférer les emballages en verre coûterait un peu plus cher, certes, mais rendrait un grand service à l’environnement, étant donné qu’il s’agit d’une matière recyclable à l’infini. Le recours à des sacs réutilisables pour faire ses courses réduirait considérablement les sachets en plastiques qui étouffent la nature…

Bref, on ne cessera jamais de rappeler qu’il faut penser écolo à chaque geste quotidien pour préserver de précieuses ressources en eau.

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