En vedetteCulture de la pastèque à Chichaoua : Une importance socio-économique indéniable

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04 Août

Culture de la pastèque à Chichaoua : Une importance socio-économique indéniable

Par : Samir Lotfy

Chichaoua – La culture de la pastèque constitue une filière à fort potentiel de croissance et revêt une importance socio-économique indéniable au niveau de la province de Chichaoua et ce, en raison de plusieurs facteurs liés essentiellement à la jonction entre un savoir- faire ancestral et une technicité dictée par l’impératif de moderniser cette activité afin de tirer vers le haut son rendement.

A la faveur de l’émergence et du développement de cette filière qui fait vivre des milliers de familles, permet de créer de l’emploi et de dynamiser l’économie local malgré sa saisonnalité au niveau rural, figurent également des conditions pédoclimatiques favorables à l’essor de cette culture au niveau de cette partie du territoire national.

Relevant de la famille des « Cucurbitacées », ce fruit originaire de l’Afrique équatoriale, qui est très connu par ses vertus nutritionnelles, riche en vitamines B1, B2, A, C, Biotine et sels minéraux, 90% d’eau et peu de fructose, s’est fait une place de choix dans les cultures au niveau de la région Marrakech- Safi et plus précisément au niveau de la province de Chichaoua.

 

Pratiquée pendant longtemps de manière traditionnelle, avec recours au méthodes classiques héritées des ancêtres, la culture de la pastèque s’est érigée, peu à peu, d’une culture de subsistance en une véritable filière pleinement orientée vers la commercialisation à grande échelle et à l’export et ce, grâce aux efforts déployés par le ministère de l’Agriculture via le « Plan Maroc Vert » notamment, dans son volet destiné à l’économie de l’eau d’irrigation.

La filière a ainsi bénéficié d’avancées technologiques fort remarquables (greffage, goutte à goutte, fertilisation maitrisée avec recours aux engrais organiques, fertilisation minérale avec NPK et oligo-élément entre autres).

Comparativement à la culture du melon, celle de la pastèque dispose d’une particularité qui lui est intrinsèque, celle d’être plus résistante et peu sujette aux maladies et aux attaques de parasites.

Au niveau de la province de Chichaoua, plusieurs communes rurales, à l’instar de « Mzouda », « Mejjat », « Frouga » et « Saâidate » abritent des fermes- modèles dédiées à la production de la pastèque. Une culture pourtant ancienne qui, tout en subissant les bienfaits de la modernisation et de la technicité, continue de préserver un certain « savoir-faire » ancestral, et de faire- vivre des milliers de familles, malgré sa saisonnalité.

Derrière cette donne, plusieurs facteurs dont, les conditions pédoclimatiques favorables (journées longues et suffisamment ensoleillées, sol fertile, haute résistance au froid et à la salinité, grande capacité de régénérescence des racines, durée de production prolongée….).

Selon les chiffres de la Direction Provinciale de l’Agriculture (DPA) de Chichaoua, la culture de la pastèque génère quelque 180.000 journées de travail, un chiffre d’affaire de 300 millions de DH et un investissement de 300 millions de DH.

En termes d’économie d’eau, le recours aux nouvelles méthodes d’irrigation permet une économie annuelle de quelque 450.000 m3 en cette denrée vitale au niveau provincial.

Si les producteurs de la pastèque au niveau local fondent de grands espoirs sur cette filière notamment, en termes de baisse du taux de chômage, d’amélioration des revenus des agriculteurs, de renforcement de la qualité de la production et de garantie de l’économie d’eau, cette culture continue, pourtant, de souffrir de deux handicaps majeurs liés à la raréfaction des ressources hydriques dans nombre de zones de production et à la commercialisation.

Au niveau de la Région Marrakech-Safi, selon les données de la Direction Régionale de l’Agriculture (DRA), la filière pastèque occupe une superficie globale de 4.450 ha et une production annuelle de 165.050 tonnes.

Par province, Chichaoua arrive en tête avec 3.600 ha et une production annuelle de 123.000 tonnes, suivies de la province d’El Kelaâ des Sraghna avec 400 ha et 17.600 tonnes, de la préfecture de Marrakech (300 ha et une production de 13.350 tonnes), de la province de Youssoufia, avec 90 ha et 3.900 tonnes.

Quant à la culture de la pastèque au niveau de la province de Rehamna, elle occupe une superficie totale de 60 ha et génère une production annuelle de 2.400 tonnes, suivie de la province de Safi avec 60 ha et 3.000 tonnes, et enfin en dernière position, la province d’Al Haouz avec une superficie de 40 ha et une production de 1.800 tonnes.

Approchés par la MAP, Abdelkrim et Youssef El Felhi, copropriétaires d’une ferme pilote au Douar Sidi Mohamed Dalil (commune de Saâidate), ont souligné l’importance de cette culture au niveau local notamment, en termes de lutte contre l’exode rural, faisant savoir que cette activité qui faisait appel, par le passé, à la technique d’irrigation dite « Errabta » qui gaspille l’eau, a bénéficie d’un apport technologique considérable en termes de modernisation, outre l’accompagnement, la sensibilisation et les conseils prodigués aux agriculteurs et ce, dans le cadre du « Plan Maroc Vert ».

« Cette grande contribution du Plan Maroc Vert nous a permis de réaliser des économies importantes en eau d’irrigation, dans l’énergie ainsi qu’en termes d’amélioration de la qualité du produit », se sont-ils félicités, notant que cette filière crée, autour d’elle, toute une économie ( la cueillette, le transport….), ce qui n’est pas sans engendrer une véritable dynamique au niveau de la province en termes de création d’emplois et de garantie de revenus pour les agriculteurs, les travailleurs de champs et leurs familles.

Tout en louant les efforts inlassables accomplis par les autorités provinciales et locales, ainsi que par le département de l’agriculture via le « Plan Maroc Vert », ils ont tenu à préciser que grâce à l’introduction de nouvelles techniques d’irrigation, la culture de la pastèque, contrairement à toute la polémique qui l’entoure, ne gaspille pas d’eau.

« En effet, n’importe quelle culture a besoin d’eau pour arriver à une excellente production », ont-ils enchainé, notant que l’introduction de la technique de gotte à goutte a considérablement contribué à étendre les superficies dédiées à cette culture si ancienne et courante au niveau de la province, permettant de tirer vers le haut le rendement et la productivité de la filière.

Pour ces deux jeunes agriculteurs, la culture de la pastèque génère des effets socioéconomiques « visibles » au niveau de la région, contribue à améliorer les conditions de vie des agriculteurs en poussant nombre d’entre eux à s’attacher davantage à la terre et à abandonner tout projet d’aller s’installer en ville notamment, durant les périodes de « la vache maigre ».

Ils ont, en outre, mis en avant l’importance de cette filière en termes d’export notamment vers certains pays européens, en l’occurrence : la Belgique, la Hollande, l’Espagne, la France et certains pays africains : Sénégal, Mauritanie, et le Mali, avant de déplorer l’impact, cette année, de la crise induite par la propagation de la pandémie de la Covid-19 sur la filière.

Et de conclure sur, un ton d’optimisme et d’espoir, en soulignant que la culture de la pastèque qui nécessite tant de patience et de persévérance, est une activité rentable car, au-delà de la production du fruit, les résidus sont automatiquement orientés vers l’alimentation du cheptel ce qui permet à l’agriculteur de réduire ses dépenses.

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