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14 Nov

Recyclage au Maroc: Un cadre légal clair s’impose

.-Par Hajar SEKHER-.

Rabat – De nos jours, le recyclage constitue un enjeu écologique majeur car la production de nouveaux matériaux, comparativement à la réutilisation de matériaux existants permet d’économiser de l’énergie, du temps et éventuellement des ressources naturelles.

Le Maroc, porte étendard de la cause climatique, peut s’enorgueillir de se doter d’un cadre légal clair régissant le recyclage des déchets et d’une foi du charbonnier qui lui permettra de relever plusieurs défis qui s’imposent dans ce domaine.

L’utilisation intensive et abusive des ressources et le rejet des déchets dans l’environnement constituent une menace majeure pour notre environnement et impactent la santé humaine, la production alimentaire, les ressources hydriques, le tourisme et l’écologie, a indiqué M. Adil Moussebbih, professeur universitaire de Droit public à l’Université Chouaib Doukkali d’El Jadida, dans une déclaration à la MAP à l’occasion de la journée mondiale du recyclage célébrée le 15 novembre de chaque année.

Dans ce sens, M. Moussebbih a fait savoir que le tri et le recyclage des déchets s’imposent parce qu’ils permettent à la fois de diminuer la pollution de la planète et de préserver les ressources naturelles.

Le fait, à titre d’illustration, de recycler les déchets papier et carton permet de préserver les ressources en bois et ainsi de diminuer l’impact négatif des activités humaines sur la nature, a-t-il ajouté.

La loi 28-00 relative à la gestion des déchets et à leur élimination définit le recyclage comme une technique de valorisation des déchets qui consiste à transformer les déchets après leur récupération afin de réintroduire le tout ou une partie dans un cycle de production, a souligné, pour sa part, Bouchra Nadir, professeure de Droit de l’environnement à l’Université Mohammed V de Rabat, dans une déclaration à la MAP.

« Le recyclage a deux conséquences écologiques majeures, notamment la réduction du volume des déchets et donc la limitation de la pollution qu’ils causent (certains matériaux mettant des décennies, voire des siècles pour se dégrader) et la préservation des ressources naturelles, car la matière recyclée est utilisée à la place de celle qu’on aurait dû extraire », a dit Mme Nadir.

L’application de la loi cadre n° 99-12 portant Charte nationale de l’environnement et du développement durable permettra de sensibiliser les citoyens sur l’importance de la pratique du recyclage, a-t-elle affirmé.

La responsable du Master « Droit de l’environnement et développement durable » à l’Université Mohammed V a indiqué que cette loi facilitera l’implication des citoyens dans le processus du recyclage à travers le tri à la source, notant que le premier centre de tri et de recyclage des déchets au Maroc a été lancé à Sidi Bernoussi, un quartier industriel de Casablanca, mobilisant une enveloppe de 10 millions de dirhams.

Fruit d’un partenariat entre l’Initiative nationale pour le développement humain (INDH) et le secteur privé, le centre de tri abrite une unité de tri et de valorisation des déchets ménagers et assimilés, une plateforme pour le traitement des déchets organiques et le recyclage en compost ainsi qu’une administration.

Afin de mettre en œuvre la stratégie du recyclage, le législateur marocain a encadré les opérations de tri et de recyclage des déchets à travers la consécration de l’obligation pour les acteurs territoriaux d’assurer l’élimination des déchets, la mise en place des installations de valorisation de ces déchets et la présence des techniques de recyclage dans l’élaboration des plans de gestion des déchets (plan national, régional ou communal…) et celle du Programme national de gestion des déchets ménagers et assimilés (PNDM), a ajouté l’universitaire.

Cependant, malgré les résultats concrets enregistrés, le secteur de la gestion des déchets fait face à d’importants freins et défis notamment « la mauvaise gouvernance du secteur, le manque de communication et de sensibilisation, la présence de 200 décharges sauvages non encore réhabilitées, la multiplicité des intermédiaires et des acteurs impliqués et l’insuffisance de la recherche scientifique et technique dans ce domaine », selon les universitaires.

Les deux professeurs sont unanimes à mettre l’accent sur la nécessité de réhabiliter en priorité et d’urgence les décharges non contrôlées, améliorer la gestion des déchets, en particulier les déchets ménagers (recyclage du papier et carton, du verre, plastique, métaux ou déchets organiques), rationaliser le cycle de vie des déchets (tri-recyclage-valorisation), renforcer les capacités en matière de gestion intégrée des déchets et de sensibiliser les citoyens au tri et au recyclage par catégorie des déchets afin d’atteindre le taux de 20% de recyclage fixé par le PNDM comme l’objectif à atteindre au Maroc en 2020.

A titre de rappel, la journée du recyclage a été instituée en 1994 aux États-Unis afin de promouvoir la consommation de produits fabriqués à partir de matériaux recyclés.

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