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08 Fév

Sidi Boughaba: Un héritage écologique riche et résistant aux changements climatiques

– Par Ibrahim EL JEMLI –
Kénitra – Loin d’être un simple lac naturel se trouvant au coeur d’une forêt riche en différentes espèces d’animaux et de plantes indigènes, ou une zone humide classée qui fait le bonheur des amoureux de tranquillité et des beaux paysages, la réserve biologique de Sidi Boughaba est avant tout un véritable joyau écologique essentiel au maintien de l’équilibre écologique et à la protection de la biodiversité, ainsi qu’à la lutte contre la pollution, les changements climatiques et l’urbanisation accrue.

A environ 40 kilomètres de la ville de Rabat et sept kilomètres de Kénitra, les visiteurs de ce site voient se dresser devant leurs yeux une dense forêt verte emplie de diverses espèces de plantes, telles que le chêne, l’olivier sauvage et le genévrier de Phénicie, et qui abrite un nombre d’espèces animales, notamment les petits mammifères ainsi que les oiseaux sédentaires et migrateurs, outre divers insectes, invertébrés et poissons d’eau douce présents dans le lac.

En évoquant la valeur et les rôles écologiques de cette réserve, qui est l’une des 26 zones humides marocaines d’importance internationale, il est essentiel de souligner son importance primordiale dans la stabilisation du sol et sa protection contre l’érosion, en plus de l’amélioration de la qualité de l’air et l’absorption du dioxyde de carbone (CO2) et divers gaz toxiques, notamment grâce à ses nombreux arbres, ses plantes variées, ses lichens et ses algues, surtout vu son emplacement non loin de Kénitra, ville qui connait une urbanisation avancée.

 Sidi Boughaba, refuge des deux tiers d’avifaune du Maroc :

Nombreux sont les spécialistes en biologie, les chercheurs et les férus des sciences de la terre qui s’accordent à dire que la réserve de Sidi Boughaba est un réservoir très important pour de nombreuses espèces animales rares ou menacées, telles que la cigogne blanche, le harle couronné et la sarcelle marbrée, faisant ainsi de cette réserve un héritage écologique qui fait le bonheur des férus de photographie et d’observation d’oiseaux, ainsi que les personnes désirant découvrir la magie de la nature, loin de l’agitation de la ville et de la pollution urbaine.

La réserve de Sidi Boughaba, à l’instar d’autres réserves marocaines protégées, notamment celles situées auprès des côtes, constitue un patrimoine national et international abritant environ les deux tiers des espèces d’oiseaux nationales, a fait savoir à la MAP Bouchra El Asri, responsable du services partenariat et communication au sein de la direction régionale des eaux et forêts et de la lutte contre la désertification, précisant que cet écosystème exceptionnel comprend plus de 200 espèces d’oiseaux sur un total de 300 vivant dans le Royaume.

Cet espace écologique intégré regorge d’espèces végétales menacées, au cœur desquelles se trouve un lac permanent avec de l’eau douce, une terre fertile et un milieu très riche qui nourrit un grand nombre d’oiseaux sédentaires et migrateurs, a indiqué M. El Asri, notant que la réserve est le lieu de repos privilégié pour les oiseaux migrateurs, qui, parfois, s’y installent et s’y reproduisent.

Sidi Boughaba, l’un des écosystèmes les plus anciens de l’Atlantqiue:

Pour sa part, le coordinateur régional de l’Alliance marocaine pour le climat et le développement Durable de la région Rabat-Salé-Kénitra, Ibrahim Haddane, a noté que la réserve de Sidi Boughaba, classée en tant que réserve biologique intégrale, se situe dans un axe très important, sur le chemin de migration de nombreuses espèces d’oiseaux, du sud de l’Europe vers les pays d’Afrique de l’Ouest, et constitue également l’un des écosystèmes les plus anciens du front atlantique, qui s’étendait auparavant du sud de Larache à Essaouira.

Une ceinture verte naturelle qui résiste aux changements climatiques, aux impacts de la pollution et à l’urbanisation accrue :

A l’instar d’autres zones humides au Maroc, la réserve de Sidi Boughaba est confrontée à diverses contraintes et menaces, en particulier à la lumière des changements climatiques qui se sont intensifiés ces dernières années provoquant ainsi des vagues de chaleur et des précipitations irrégulières, outre la pollution des aquifères et les effets néfastes de l’accroissement de l’urbanisation près de la réserve.

Les changements climatiques, a précisé M. Haddane, ont engendré, au cours des années de sécheresse, une baisse drastique du niveau de l’eau dans le lac, entraînant ainsi la perte de nombreux poissons et animaux aquatiques. Il a également mis l’accent sur le risque de plus en plus probant d’incendie pouvant survenir au sein de la forêt.

Le Haut Commissariat aux eaux et forêts et à la lutte contre la désertification, qui commémore la journée mondiale des zones humides sous le thème « soyons énergiques face au changement climatique, les zones humides sont une solution naturelle, cessons de les détruire : Restaurer, Utiliser rationnellement, Conserver », poursuit la mise en œuvre d’une stratégie ambitieuse visant à préserver ce patrimoine écologique et à le protéger des diverses menaces auxquelles il est confronté, et ce dans le cadre d’un plan décennal pour la période 2015-2024.

La réserve biologique de Sidi Boughaba, comme toutes les autres zones humides du Royaume, est sans aucun doute un trésor précieux à préserver et à maintenir dans le cadre d’une vision durable et globale, afin de la préserver pour les générations futures.

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