Les gorilles, une attraction très rentable au Rwanda
(Par Anass BELHAJ)
Kigali – Au pays des mille collines, les gorilles des montagnes font l’objet d’une attention toute particulière de la part des autorités rwandaises. Cette espèce menacée d’extinction, à cause des braconnages et des maladies, attire annuellement des milliers de touristes aisés et contribue significativement à la dynamisation de l’économie rwandaise.
Admirer de près les plus grands primates de la création se mérite et se paie aussi : il faut débourser près de 1.500 dollars pour un tête-à-tête d’une heure, outre les heures de trek dans le massif des Virunga qui abrite le célèbre Parc national des volcans.
Ces grands singes à dos argenté qui possèdent 98% de gènes communs avec les hommes et peuvent vivre jusqu’à 50 ans ont attiré quelque 17 249 visiteurs au Rwanda l’année dernière, soit une hausse de 25% par rapport à 2018, selon les chiffres de l’Office rwandais du développement (RDB). Les revenus touristiques du Parc national des volcans ont, en effet, atteint plus de 25 millions de dollars US en 2019, alors que les permis vendus aux touristes pour suivre les gorilles ont, à leur tour, rapporté près de 20 millions USD.
Une grande partie de ces recettes est réinvestie pour diversifier l’offre touristique du Rwanda, avec pour objectif d’allonger la durée moyenne de séjour des voyageurs, tandis que 10% des revenus du parc sont reversés aux projets communautaires permettant de rallier les communautés en faveur de la sauvegarde et de la protection de la faune sauvage.
Pour l’analyste économique Alexis Nkurunziza, le Rwanda est aujourd’hui tourné vers un avenir touristique haut de gamme prometteur, qui ambitionne de concilier mise en valeur des trésors naturels et écologie.
Interrogé par la MAP, M. Nkurunziza a fait observer que « le Rwanda veut se positionner en tant que destination d’écotourisme de choix sur le continent africain en se forgeant une réputation de destination de luxe et à faible empreinte écologique », relevant que le Parc national des volcans, habitat des primates, est l’attraction principale pour concrétiser cette ambition.
L’analyste rwandais a signalé que le tourisme rwandais n’a pas échappé aux conséquences de la pandémie de Covid-19, qui a causé l’arrêt de toutes les activités touristiques pendant des mois, notant que le Parc national des volcans et ses gorilles joue un rôle de taille dans la relance, en cours, de secteur stratégique pour l’économie rwandaise.
« Au Rwanda, les produits touristiques tournés vers dame nature et la conservation de la faune donnent leurs fruits, cela profite également aux communautés vivant à proximité des attractions touristiques », a-t-il conclu.
Pour sensibiliser à la préservation de cette espèce et susciter, en même temps, l’intérêt des touristes désireux d’observer les plus grands primates au monde dans leur habitat naturel, les autorités rwandaises organisent chaque année, en septembre, la cérémonie emblématique « Kwita Izina », au cours de laquelle des gorilles nouveau-nés reçoivent un nom selon un rituel traditionnel à forte valeur symbolique.
Dans le massif des Virunga, qui abrite le Parc national des Virunga dans la RDC, le Parc national des Volcans au Rwanda et le Parc national des Gorilles de Mgahinga en Ouganda, la population de gorilles de montagne est passée de 480 en 2010 à près de 800 aujourd’hui. En 1981, le nombre des gorilles des montagnes dans toute la région avait chuté à seulement 242, en raison notamment du braconnage.
Actuellement, le Rwanda abrite près de 35% de la population mondiale des gorilles de montagne. Cette population connait un accroissement annuel qui profite non seulement au peuple rwandais mais aussi aux visiteurs du monde entier.