Le chef de l’ONU appelle les Etats à déclarer « l’état d’urgence climatique »
Nations-Unies (New York) – Lors du Sommet sur l’ambition climatique, coïncidant avec le cinquième anniversaire de l’Accord de Paris, le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a appelé samedi les responsables du monde à déclarer « l’état d’urgence climatique » dans leur pays jusqu’à ce que la neutralité carbone soit atteinte.
« Cinq ans après l’Accord de Paris, nous ne sommes toujours pas sur la bonne voie », a constaté M. Guterres à l’ouverture de ce sommet virtuel organisé conjointement avec la Grande Bretagne et la France, en partenariat avec l’Italie et le Chili, et marqué par la participation de plusieurs chefs d’Etat et de gouvernement.
« À Paris, la promesse de limiter autant que possible l’élévation de la température à 1,5 degrés avait été faite. Mais les engagements qui avaient été alors pris pour y parvenir n’étaient pas suffisants. Et même ces engagements n’ont pas été respectés », a regretté le chef de l’ONU.
Selon M. Guterres, les niveaux de dioxyde de carbone n’ont jamais été aussi hauts, et aujourd’hui la température mondiale est de 1,2 degrés de plus qu’avant la révolution industrielle. « Si nous n’infléchissons pas la tendance, nous allons tout droit vers une augmentation catastrophique de plus de 3 degrés pendant le XXIème siècle », a-t-il dit devant cette messe mondiale qui rassemble également des dirigeants d’entreprises, des représentants de la société civile et des peuples indigènes.
Ce sommet de l’ambition climatique, destiné à célébrer l’Accord de Paris et à montrer que son esprit n’est pas mort, est l’occasion d’exhorter les gouvernements à redoubler leurs efforts en matière de lutte contre le réchauffement climatique.
« Il n’est plus possible de nier que nous faisons face à une urgence dramatique. C’est la raison pour laquelle j’appelle aujourd’hui les responsables du monde à déclarer l’état d’urgence climatique dans leur pays jusqu’à ce que la neutralité carbone soit atteinte », a-t-il plaidé, relevant que c’est ce qu’ont déjà fait 38 pays, conscients de l’urgence de la situation et de ce qui se joue.
Pour le Secrétaire général, « nous ne sommes pas condamnés à échouer », en ce sens que le relèvement de la crise du COVID-19 peut être vu comme « une occasion d’engager nos économies et nos sociétés sur une voie verte, conformément au Programme de développement durable à l’horizon 2030 ».
« Mais ce n’est pas encore gagné », a-t-il averti, notant que pour l’instant, les membres du G20 consacrent 50 % de plus à leurs plans de relance et de sauvetage des secteurs liés à la production et à la consommation de combustibles fossiles qu’aux énergies à faible teneur en carbone.
« C’est inacceptable », a estimé le chef de l’ONU, en faisant remarquer que les milliers de milliards de dollars nécessaires au relèvement du COVID, « c’est aux générations futures que nous les empruntons ».
« Il s’agit là d’un test moral. Nous ne pouvons pas utiliser ces ressources pour mettre en place des politiques qui fassent crouler les générations futures sous une montagne de dettes, sur une planète en ruine », a-t-il encore mis en garde.
C’est pourquoi l’Organisation des Nations Unies s’est donnée pour premier objectif en 2021 de constituer une véritable coalition mondiale qui permette de parvenir à la neutralité carbone d’ici à la moitié du XXIème siècle, a-t-il dit.
Antonio Guterres a également appelé « chaque pays, ville, institution financière et entreprise » à adopter un plan de transition vers zéro émission nette d’ici à 2050, et commencer à le mettre en œuvre dès maintenant, notamment en fixant des cibles claires à court terme.
Les principaux secteurs émetteurs, tels que le transport maritime, l’aviation et l’industrie, doivent également présenter et appliquer de nouveaux plans de transformation, en accord avec cet objectif, a-t-il insisté
Le Secrétaire général a également estimé qu’il est « grand temps » de de fixer un prix au carbone, d’éliminer progressivement le financement des combustibles fossiles et de mettre un terme aux subventions dont ils bénéficient.
Il a ainsi appelé à arrêter de construire de nouvelles centrales à charbon, à « faire peser l’impôt non plus sur le revenu mais sur le carbone, non plus sur les contribuables mais sur les pollueurs ».
M. Guterres a aussi plaidé pour l’intégration de l’objectif de neutralité carbone dans toutes les politiques et décisions économiques et budgétaires. « Le secteur financier privé doit aider les entreprises à transformer leurs modèles économiques, aligner ses investissements avec l’objectif de neutralité carbone et publier ses progrès en ce sens », a-t-il dit.