L’apiculture, un créneau pour l’amélioration du revenu agricole
Par: Maria MOUATADID
Casablanca – La filière apicole au Maroc, qui tire parti de l’espace sylvicole étendu et de la diversité des plantes naturelles, présente des potentialités de développement amplement importantes. Elle constitue un créneau majeur pour l’amélioration et la diversification des revenus des agriculteurs.
Mohamed, un jeune apiculteur de Benslimane, a confié que l’apiculture et la transformation des produits de la ruche demeurent des activités rentables et porteuses de revenus de façon durable.
Dans une déclaration à la MAP, Mohamed a souligné qu’en dépit du climat sec dans certaines régions, l’apiculteur peut préserver sa production et ainsi son rendement.
Encourageant les agriculteurs et les éleveurs de sa région à se lancer dans le secteur, Mohamed a relevé que la province de Benslimane, plateforme fertile au développement de la filière, regorge d’opportunités agricoles importantes, notamment la pluviométrie importante et la position géographique (proximité des grandes agglomérations pour le développement et la commercialisation des productions).
Mohamed a de même souligné l’importance de la pollinisation, qui garantit des rendements optimaux aux agriculteurs. « Les pollinisateurs assurent l’amélioration des rendements de nombreuses espèces végétales », a-t-il dit, notant que, les espèces cultivées deviennent, en contrepartie, des sources de nectar et de pollen nécessaires à la production du miel.
Les pollinisateurs contribuent également à la préservation de la productivité et la biodiversité des cultures, a-t-il poursuivi.
Casablanca-Settat, une région à fort potentiel apicole
« Au niveau de la région, on compte plus de 27.000 ruches modernes », a souligné, Abderrahman Naili, directeur régional de l’agriculture de Casablanca-Settat (DRA-CS), faisant observer une amélioration importante au niveau de la production du miel.
« L’augmentation de la production du miel au fil des années s’explique par l’augmentation du nombre de ruche qui a passé de 12.080 en 2011 à 27.000 en 2019, l’amélioration du savoir-faire des apiculteurs et l’amélioration de la productivité par ruche passée de 7,5 Kg/ruche à 11 Kg/ruche », a-t-il expliqué.
Actuellement la production du miel au niveau de la région est de 310 tonnes, a relevé M. Naili, faisant état d’une augmentation de 182% depuis le démarrage du Plan Maroc Vert.
Parmi les atouts dont dispose la région, le directeur régional a cité les conditions climatiques favorables pour le développement d’une végétation offrant des flores mellifères importantes, diverses et riches, l’existence d’une forêt importante au niveau de Benslimane, l’existence d’un savoir-faire important et l’encadrement technique et sanitaire.
Pour ce qui est de l’organisation professionnelle agricole autour de la filière apicole, M. Naili a soulevé l’existence, en 2008, de seulement 9 coopératives répertoriées pour la filière apicole de terroir.
Et de poursuivre : « Suite aux actions de sensibilisation et l’accompagnement de l’organisation agricole autour de cette filière, on compte en 2020, 108 coopératives de production de miel et des produits de la ruche au niveau de toutes les provinces de la région ».
Le directeur a, en outre, noté que les abeilles sont essentielles pour un équilibre environnemental puisqu’en se nourrissant de fleurs, elles favorisent la capacité des plantes à se fertiliser.
Abeilles et pesticides, quel danger?
Sur le plan écologique, ces petits insectes pollinisateurs indispensables à l’équilibre de la nature, sont aujourd’hui menacés à cause notamment des pesticides.
« Les pesticides d’une façon générale, et ceux à base de néonicotinoïdes en particulier, sont nuisibles aux abeilles et autres insectes pollinisateurs », a relevé, pour sa part, Moha Haddouch, expert en développement durable et coordonnateur national du projet « une Approche d’Économie Circulaire pour la Conservation de l’Agrobiodiversité dans la région du Souss-Massa au Maroc ».
Les abeilles et autres insectes contribuent de près de 10% à la valeur des produits agricoles, et environ le tiers de notre alimentation quotidienne provient d’une façon directe ou indirecte de ces insectes, a-t-il fait remarquer.
L’expert justifie ce constat par le rôle que jouent les abeilles et autres insectes dans la pollinisation d’environ 75% des espèces cultivées et ce à des degrés différents, mais cette pollinisation est indispensable pour les rosacées, les cucurbitacées, les mûres rouges et bleues et les oignons. De plus, les abeilles et autres insectes pollinisateurs sont importants pour la conservation de la biodiversité du fait qu’ils pollinisent près de 87% des espèces en milieu naturel, a-t-il ajouté.
« La conservation de l’abeille doit être faite en fonction de la valeur économique totale qui prend compte des valeurs d’usage directs (comme le miel et autres produits de la ruche), des valeurs d’usage indirect tels que les services de pollinisation, des valeurs de non usage qui peuvent avoir un caractère optionnel par leur utilité spécifique (d’utilisation dans la recherche par exemple), des valeurs pour les générations futures et autres communautés ou encore des valeurs d’existence établies moyennant la perception humaine », a-t-il insisté.
Et c’est par l’intégration de l’ensemble de ces valeurs, y compris celles immatérielles et dont on manque de visibilité actuellement, que nous pouvons assurer la durabilité des services de l’abeille, a conclu l’expert.