L’agroécologie ou quand la biodiversité est au cœur de l’agriculture !
Par: Samia BOUFOUS
Casablanca – Produire plus avec une plus petite empreinte écologique, tel est le concept de l’agroécologie, une pratique solutionnant les torts causés par l’agriculture conventionnelle et présentant des potentialités de développement de plus en plus importantes au Maroc.
Entre agroforesterie, permaculture, sylvopâturages et rotations de cultures diversifiées, l’agroécologie à une place importante qui permettrait d’atteindre une sécurité alimentaire et nutritionnelle durable de part ses pratiques basées sur le non-gaspillage alimentaire ou encore le travail sur sol vivant.
En effet, la pandémie de Covid-19 qui a poussé à repenser les modes de production agricole et de consommation alimentaire a suscité également une réflexion élargie de la part des acteurs économiques de l’environnement sur le sens de l’agroécologie comme modèle agricole, mais aussi comme mode de consommation responsable et modèle économique durable.
« Alors que les consommateurs sont à la quête des produits agricoles et alimentaires sains et propres en cette période de crise sanitaire, les aliments agroécologiques s’avèrent être la nourriture de choix pour tout foyer », a déclaré à la MAP Kamal, agriculteur et formateur en agroécologie.
Il a fait observer que l’agroécologie est en réalité déjà très pratiquée par plusieurs petits agriculteurs ruraux, qui ne disposent pas forcément des moyens de s’équiper en pesticides par exemple, ou encore par des paysans et des néo-ruraux à des fins principalement vivrières et de commercialisation à petite ou moyenne échelle.
Sur la différence entre l’agroécologie et l’agriculture bio, M. Kamal a relevé que cette dernière ne fait que proscrire l’utilisation de produits chimiques, alors que la première interdit la monoculture, à l’origine de la propagation de plusieurs maladies, notant que pour une meilleure préservation du sol, la plantation des arbres et des haies est généralement favorisée dans ce type d’agriculture.
Aicha, agro-écologiste dans la zone agricole du Gharb, a confié, quant à elle, que l’agroécologie demeure une activité rentable et porteuse de revenus de façon durable, en plus de préserver la terre et la santé de sa famille.
Dans une déclaration à la MAP, Aicha, qui ignorait encore l’existence de cette pratique il y a deux ans de là, a relevé que grâce à l’engagement de plusieurs associations et d’établissements scientifiques et techniques, un grand nombre d’agriculteurs de la région sont désormais informés sur la manière de tailler les arbres, de faire du greffage, de préparer du compostage, ainsi que sur la manière de lutter naturellement contre les ravageurs.
Encourageant les agricultrices de sa région à se lancer dans le secteur, Aicha qui a bénéficié de plusieurs formations sur le développement des pâturages, l’agroécologie, la taille des arbres de l’amandier, a fait part de sa grande volonté d’élaborer des projets concrets à même de contribuer au développement de l’économie sociale et solidaire pour la stabilité de son village.
Elle a, dans ce sens, précisé que l’agroécologie constitue une sorte de transition entre des pratiques ancestrales vers un nouveau système plus respectueux de la nature, notant que les pratiques qu’elle a changé, sont celles qu’elle a testé lors des différentes formations dont elle a bénéficié, notamment l’utilisation du savon noir pour traiter les arbres, lequel a donné « de très bons résultats ».
Et de soutenir qu’au niveau des arbres fruitiers, cela demande des années pour avoir des changements concrets, faisant observer, que les techniques agroécologiques ont, dans ce sens, permis d’accroître les rendements de 72%, ce qui demeure « plutôt intéressant ».
Elle a, par ailleurs, relevé que le passage de l’agriculture conventionnelle à l’agroécologie n’est pas forcément facile pour un agriculteur traditionnel, qui se doit d’avoir un sol pas trop abîmé par le labour et les intrants, posséder une fertilité naturelle et disposer d’un capital pour tenir le temps de la transition.
Il est à noter que la fondation Heinrich Böll a publié récemment en collaboration avec le Réseau d’initiatives agro-écologiques au Maroc (RIAM) un nouveau reportage qui traite de l’agroécologie au Maroc et qui vise à susciter une réflexion élargie sur l’agroécologie en tant qu’instrument de revendication d’une identité solidaire et développementaliste.
Les deux parties ont également réalisé un film documentaire sur « Sol vivant » en marocain et en amazigh, qui se présente comme un film démonstratif visant la sensibilisation et la formation des producteurs paysans aux pratiques agricoles, principalement en maraîchage, pour avoir un sol vivant.