Propos recueillis par Mohamed KOURSI.

Essaouira- Arbre endémique du Maroc et patrimoine culturel immatériel de l’humanité par excellence, l’arganier constitue une véritable source ancestrale de développement durable.

Dans ce sens, d’importants efforts ont été déployés par le Royaume pour la valorisation de la filière de l’arganier, qui joue un rôle incontestable dans la réalisation de ce développement tant souhaité aussi bien sur les plans socio-économique qu’écologique.

Approché par la MAP, le chef du département de l’Agence Nationale pour le Développement des Zones Oasiennes et de l’Arganier (ANDZOA) à Essaouira, Abdellatif Mait, revient sur les principales réalisations durant les dernières années pour la promotion de cette filière, tout en abordant les actions programmées au titre de la prochaine décennie dans le cadre de la stratégie « Génération Green ».

– La filière de l’arganier occupe une place de choix parmi les axes stratégiques du secteur agricole. Quelles sont les principales réalisations accomplies au niveau de la province d’Essaouira pour le développement de cette filière?

Je tiens à rappeler le contrat-programme pour la mise à niveau de l’écosystème arganier, conclu en 2011 lors du Salon International de l’Agriculture de Meknès (SIAM), entre l’Etat, les interprofessions et les ayants droits, avec pour principaux objectifs la mise à niveau de 200.000 ha d’arganeraies situées dans le périmètre forestier à l’horizon 2020, la plantation de 10.000 ha dans des terrains agricoles privés à l’échelle nationale, dont 3.000 ha dans la province d’Essaouira (Pilier II du Plan Maroc Vert-PMV), la hausse de la production de l’huile d’argan de 4.000 à 10.000 tonnes en 2020, la préservation de ce legs national, la mise en place de projets modernes pour la promotion des produits arganiers et l’encouragement de la recherche scientifique dans ce domaine.

Un intérêt particulier a été accordé à ce secteur vital à l’échelle provinciale dans le cadre de ce contrat-programme. Ainsi, 45.000 ha ont été réhabilités par le département des eaux et forêts. Pour ce qui est de l’arganiculture (domestication de l’arganier), un programme de plantation de 3.000 ha a été mis en place, dont 2.000 ha sont déjà achevés, bénéficiant ainsi à environ 700 familles des agriculteurs locaux.

Il s’agit d’une expérience de plantation inédite en ce sens qu’elle est menée pour la première fois en dehors du périmètre forestier. C’est un projet novateur à travers lequel, l’on recourt à des plantations et terrains privés, à l’instar des autres filières (olivier, caroubier,…) pour la plantation de cet arbre.

Les 1.000 ha restants sont programmés avant fin 2021 pour achever cette importante opération de plantation de 3.000 ha, soit 600.000 plants d’arganier avec une densité de 200 arbres/ha.

Parallèlement, nous procédons à la réalisation de « Matfias » pour la collecte des eaux pluviales au niveau de ces différents circuits de plantation, partant du souci de l’ANDZOA de veiller au développement durable de la filière.

Deux ouvrages hydrauliques de ce genre, d’une capacité de 450 m3 chacun, ont été réalisés dans les communes de Sidi Ahmed El Marzouki et de Sidi Ahmed Laâroussi, alors que 9 autres sont programmés.

En tant qu’organisme œuvrant pour le développement durable, l’ANDZOA a financé, entre 2012 et 2021 au niveau de la province d’Essaouira, 151 projets de développement à caractère social touchant différents domaines (eau potable, enseignement, santé, transport scolaire, électrification, acquisition d’ambulances, aménagement des pistes, environnement, sport, culture) au profit des populations vivant dans les réserves d’arganier, pour un investissement global de 295,6 millions de DH.

Par ailleurs, des études ont été réalisées, avec le concours des différents acteurs et des services de la province d’Essaouira, pour la restructuration et valorisation des fruits de l’arganier « Afiyache », à travers la construction d’unités dédiées à sa valorisation et à la commercialisation du fruit de l’arganier.

Les travaux de construction de deux unités sont à un stade avancé, en vue d’organiser, à travers des coopératives et des Groupements d’intérêt économique, la commercialisation de la matière première mise en vente actuellement de manière anarchique, une situation dont tirent profit les intermédiaires. Cela permettra donc à une large catégorie des ayant droits et des producteurs de bénéficier de cette valeur ajoutée en tant que fournisseurs principaux.

D’autre part, l’Initiative Nationale pour le Développement Humain (INDH) a prévu la création de 28 centres de proximité à l’échelle locale pour la collecte de cette matière première, et qui serviront d’affluents à ces unités mises en place par l’ANDZOA.

A la faveur de ces diverses initiatives et actions entreprises, ce secteur vital dont l’apport socio-économique n’est plus à démontrer au niveau de la province d’Essaouira, a pris du galon ces dernières années.

– Qu’en est-il des futures actions et projets programmés au niveau de la province dans le cadre de la nouvelle stratégie « Génération Green » pour le développement de cette filière ?.

La décennie 2011-2021 a été marquée par la réalisation de projets très importants. L’action se poursuivra au cours des dix prochaines années, à travers la consolidation des acquis et le lancement de nouveaux projets dans le cadre de la nouvelle Stratégie « Génération Green ».

Alors que dans le cadre du PMV, les actions programmées prévoyaient la plantation de 10.000 ha dans des terres privées, ce chiffre a été porté à 50.000 ha à l’échelle nationale à l’horizon 2030, dont 12.500 ha seront plantés au niveau de la province d’Essaouira.

Concernant la valorisation de la matière première « Afiyach », d’autres unités dédiées sont programmées pour atteindre au moins 5 structures à l’échelle provinciale et ce, dans le cadre de l’INDH.

S’agissant de la protection sociale de l’élément humain opérant dans le secteur, et dans le cadre du projet de généralisation de la protection sociale lancé par SM le Roi Mohammed VI, une expérience pilote a été menée en partenariat avec la Coopération canadienne pour la mise en place d’une assurance maladie, dont ont déjà bénéficié 26 coopératives actives au niveau de la province. Une initiative qui sera généralisée à l’ensemble des coopératives (plus d’une centaine dans la province).

– L’AG des Nations Unies a proclamé le 10 mai Journée internationale de l’Arganier, suite à une initiative 100% marocaine. Que représente pour vous cette consécration internationale de cet écosystème dont l’apport socio-économique et écologique est incontestable?

La proclamation par l’ONU de la Journée internationale de l’Arganier est une reconnaissance des efforts colossaux consentis par le Royaume, à travers une panoplie de programmes et projets, lancés ces dernières années conformément aux Hautes Orientations Royales, pour la préservation et la valorisation de cet arbre endémique, le renforcement de ses rôles socio-économique et environnemental et la réalisation du développement durable de cet écosystème.

Cette résolution onusienne représente l’aboutissement d’une série d’initiatives et de reconnaissances : d’abord la désignation en 1998 par l’UNESCO de la zone de l’Arganeraie comme réserve de biosphère, puis l’inscription, en 2014, des « Savoirs-Faire liés à l’arganeraie » sur la prestigieuse liste du Patrimoine Culturel Immatériel de l’Humanité de cette agence onusienne, sans oublier la création d’un organisme étatique, en l’occurrence l’ANDZOA, pour le développement de ces deux périmètres vitaux, au regard de leur rôle combien important sur les plans économique, social et écologique.

Enfin, la proclamation du 10 mai Journée Internationale de l’Arganier, suite à une initiative 100% marocaine, nous invite à l’intensification des efforts pour la proposition et la réalisation d’autres projets pour la promotion et du développement des zones d’arganeraies.