M. Baraka expose à Paris l’expérience marocaine en gestion du stress hydrique
Paris- Le ministre de l’Équipement et de l’Eau, Nizar Baraka, a exposé, jeudi à Paris, lors du Sommet mondial ONU-Eau sur les eaux souterraines, les différentes mesures ‘’structurelles et anticipatives’’ mises en œuvre par le Maroc pour la gestion des déficits hydriques liés aux changements climatiques.
Lors d’une session sur les dialogues régionaux, M. Baraka, également président du Réseau International des Organismes de Bassins (RIOB), a souligné que le Maroc entreprend une série de mesures pour la gestion du stress hydrique, qui touchent plusieurs pays actuellement, notamment le recours aux ressources en eau de substitution conventionnelles et non conventionnelles pour soulager la pression sur les eaux souterraines.
Le recours aux ressources en eau non conventionnelles est privilégié notamment par le dessalement de l’eau de mer et la réutilisation des eaux usées épurées, pour plus de résilience face aux effets du changement climatique, a-t-il précisé.
Dans le détail, le ministre a relevé que le royaume, qui dispose aujourd’hui de 149 grands barrages, avec une capacité de stockage de 19 milliards de m3, avec l’espoir d’arriver à 24 milliards à l’horizon 2030, a démarré un grand chantier de dessalement de l’eau, qui va dépasser un milliard de m3 dessalés pour pouvoir répondre aux besoins des zones côtières.
La gestion des ressources en eau passe aussi par la réutilisation des eaux usées, a-t-il souligné, citant l’exemple de Rabat qui entretient « son poumon vert » avec le programme de réutilisation des eaux usées traitées.
« Nous allons passer de l’équivalent de 140 millions de m3 à l’horizon 2025 de réutilisation des eaux usées pour arriver à 340 millions de m3 à l’horizon 2030 », a précisé le ministre.
M. Baraka a également évoqué l’exploit du Maroc dans l’utilisation de la technique du goutte-à-goutte en agriculture. « Nous sommes déjà à 700.000 hectares qui ont été convertis au goutte-à-goutte avec comme objectif un million d’hectares à l’horizon 2026 », a-t-il soulevé.
Le ministre a également évoqué la technique de la réalimentation des nappes souterraines, à travers la recherche des nappes de manière artificielle via les petits barrages, ou encore la préservation de ces ressources en eaux, à travers les Agences de bassins hydrauliques, qui mettent en place des contrats de nappes avec les utilisateurs, pour assurer la durabilité de ces ressources.
Par ailleurs, il a fait savoir que 19 pays arabes sont dans une situation de pénurie hydrique avec moins de 500 m3 par habitant, expliquant que cette situation est aggravée par une forte croissance démographique, une pollution importante, mais aussi par les changements climatiques.
En marge de cette deuxième journée du Sommet, le ministre a eu une série de réunions avec plusieurs responsables, notamment le ministre de l’Eau et de l’assainissement du Sénégal, Serigne Mbaye Thiam, l’ancien ministre mauritanien et nouveau commissaire de l’Organisation pour la Mise en Valeur du fleuve du Sénégal (OMVS), Mohamed Ouled Abdelfattah, la présidente du conseil exécutif de l’UNESCO (ambassadeur déléguée permanente de la Serbie auprès de l’UNESCO), Tamara Rastovac Siamashvili, et la Secrétaire exécutive de la Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale (ESCWA), Rola Dashti.
Ces rencontres, qui se sont déroulées en présence de l’Ambassadeur-délégué permanent du Maroc auprès de l’Unesco, Samir Addahre, ont permis d’échanger sur la problématique de l’eau et les solutions à mettre en œuvre, de présenter les avancées du Maroc en matière de préservation des eaux souterraines et de souligner l’adhésion du Maroc à l’alliance des eaux transfrontalières, qui constitue un vecteur de développement durable et de paix.
Organisé en partenariat avec l’UNESCO et le Centre international d’évaluation des ressources en eaux souterraines (IGRAC), le Sommet ONU-Eau a pour objectif d’attirer l’attention sur les eaux souterraines au plus haut niveau international, en culmination de la campagne « Eaux souterraines : Rendre visible l’invisible », mise en œuvre par la Task Force de l’ONU-Eau.
Cet événement de deux jours utilise comme référence le rapport mondial sur la mise en valeur des ressources en eau 2022 (WWDR 2022) axé sur les eaux souterraines, et le Cadre mondial d’accélération de l’ODD6 comme ligne directrice pour définir des actions vers une utilisation et une protection plus responsables et durables de cette ressource naturelle vitale. Il unifiera les déclarations de tous les événements majeurs liés aux eaux souterraines dans un message pour la Conférence 2023 des Nations Unies sur l’eau.
Le Sommet réunit quelque 3.000 personnes venues du monde entier, notamment des représentants des 193 États membres de l’UNESCO, des agences des Nations Unies, d’organisations intergouvernementales et d’organisations non gouvernementales, selon les organisateurs.