En vedetteJournée mondiale des océans : Un engagement renouvelé pour réveiller de nouvelles profondeurs

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07 Juin

Journée mondiale des océans : Un engagement renouvelé pour réveiller de nouvelles profondeurs

Par: Abir HASSANI

Rabat- « Il est inapproprié d’appeler cette planète Terre alors qu’elle est clairement Océan », avait dit Arthur C. Clarke, célèbre écrivain du « Space Odyssey » et explorateur sous-marin.

Les océans, poumons bleus de notre planète, sont aujourd’hui menacés comme jamais auparavant. La célébration de la Journée internationale des océans, le 8 juin, se veut alors une occasion idoine pour « renouveler en profondeur notre action », un thème qui se penche sur le fond des défis environnementaux auxquels sont confrontés les océans.

Entre la pollution plastique, la surpêche, les changements climatiques et la perte de biodiversité, les écosystèmes marins à travers le globe se voient de plus en plus menacés, affectant directement plusieurs Objectifs de Développement Durable (ODD) pour plusieurs pays.

Dans un message à cette occasion, le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, a relevé que les changements climatiques entraînent une montée des eaux et constituent une menace existentielle pour les petits États insulaires en développement et les populations côtières, au moment où les températures marines atteignent des niveaux records provoquant des phénomènes météorologiques extrêmes dont nous ressentons tous les effets.

D’ailleurs, le rapport sur l’état de l’océan 2024 de l’UNESCO révèle un taux de réchauffement doublé en 20 ans, indiquant que 2023 est l’année qui a connu l’une des plus fortes augmentations jamais observées depuis les années 1950.

Ce réchauffement est une cause significative de l’acidification des océans, ce qui entraîne la destruction des récifs coralliens, perturbant ainsi les chaînes alimentaires et menaçant le tourisme ainsi que les économies locales.

Selon des chiffres de l’ONU, l’océan produit au moins 50% de l’oxygène de la planète et abrite la majeure partie de la biodiversité terrestre. Il est notamment la principale source de protéines pour plus d’un milliard de personnes dans le monde, et constitue un élément clé de l’économie mondiale, avec environ 40 millions de personnes employées par les industries océaniques d’ici à 2030.

« En plus de fournir des ressources essentielles (nourriture, énergie, eau), les océans aident à lutter contre le réchauffement climatique en absorbant environ un quart du dioxyde de carbone émis chaque année dans le monde », explique dans une interview accordée à la MAP Karim Hilmi, chercheur et expert océanographe auprès de la Commission Océanographique Intergouvernementale de l’UNESCO (COI/UNESCO) et du Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat (GIEC/WGII).

En matière de gouvernance internationale, l’expert fait référence à cette Commission de l’UNESCO ayant pour rôle d’encourager la coopération internationale dans le domaine des sciences de la mer, afin d’améliorer la gestion des océans, des côtes et des ressources marines.

« Cette commission offre un cadre de collaboration à ses 150 États membres dont le Royaume du Maroc en fait partie, coordonnant des programmes de renforcement des capacités, d’observation de l’océan, de sciences et de services océaniques, de systèmes d’alerte aux tsunamis et de culture de l’océan », a-t-il fait savoir.

Au niveau national, le Royaume s’engage dans plusieurs initiatives et démarches en faveur de la santé des océans, notamment à l’encontre des jeunes. Principalement, une semaine d’activités de sensibilisation à l’importance des océans a été organisée en marge des célébrations de cette journée, comprenant des visites de sites maritimes, des stations de dessalement d’eau de mer, des fermes aquacoles ainsi que des sites de retraitement de déchets dans huit régions littorales du pays.

Cette initiative s’inscrit dans le cadre de la Décennie des Nations Unies pour les sciences océaniques au service du développement durable (2021-2030), lancée par l’ONU et dont SAR la Princesse Lalla Hasnaa est la marraine.

La Fondation Mohammed VI pour la Protection de l’Environnement est également très fortement impliquée dans les activités nationales et internationales de cette Décennie, en tant que membre fondateur de l’Alliance pour la Décennie de l’Océan.

« L’engagement du Royaume joue un rôle très important en tant que pays membre au sein de la COI/UNESCO, en étant fortement impliqué dans ses organes de gouvernance, son Conseil Exécutif et en ayant assuré entre 2019-2023 la Vice Présidence du groupe V (Afrique et États Arabes) », détaille l’océanographe, évoquant également la mise en place d’un Comité national de la Décennie de l’Océan, coordonné par la Commission Nationale pour la Culture, les Sciences et l’Éducation.

Il y a un an, le Maroc avait également signé la Convention sur le droit de la mer portant sur la protection de la biodiversité marine dans les zones océaniques situées en dehors de la souveraineté et des zones économiques exclusives des États côtiers, un accord que l’ONU qualifie d’historique.

Ce traité permet d’agir dans les zones marines se situant en haute mer, ce périmètre qui représente plus de 60% de la surface de l’Océan et près de la moitié de la surface du globe, soit dans les eaux internationales qui ne relèvent d’aucune juridiction nationale.

Concernant le rôle des nouvelles technologies dans le domaine de l’océanographie, M. Hilmi n’a pas manqué de souligner leur apport « de plus en plus indéniable » en milieu marin, notamment pour les observations in situ, l’apport des produits issus de l’imagerie satellitaire, de la modélisation marine prédictive ainsi que de la modélisation sur le climat et impacts sur le milieu marin, ce qui favorise une meilleure compréhension de nos océans et de leurs écosystèmes alliant anticipations et prises de décision nécessaires.

Face à la marée montante des défis environnementaux, l’heure est à réinventer notre relation avec les océans et à adopter une approche efficace pour leur préservation.

La multiplication des actions concrètes aux niveaux national et international reflète l’urgence de cette question par rapport à la survie de l’humanité et de tous les écosystèmes de la planète.

Que ce soit en adoptant des pratiques plus durables, en soutenant des projets de conservation marine ou en plaidant en faveur de politiques environnementales plus strictes, chacun peut contribuer à assurer un avenir durable pour les océans.

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