Trois questions à Abderrazak El Albani, enseignant-chercheur à l’Institut de chimie des milieux et matériaux de Poitiers
Paris- Une équipe de chercheurs dirigée par Abderrazak El Albani, professeur à l’Université de Poitiers a percé le mystère d’une vie marine datant de 515 millions d’années, piégée dans des dépôts volcaniques au Maroc. Il s’agit d’une fossilisation unique au monde.
Dans une interview à la MAP, le professeur El Albani explique cette découverte qui a fait la Une, ce vendredi, de la revue américaine de référence « Science ».
1- Vous avez été à l’origine d’une grande découverte géologique au Maroc révélée par la revue américaine de référence « Science » de quoi s’agit-il exactement?
Il s’agit de fossiles de type arthropodes retrouvés pétrifiés en 3D dans leur dernière posture. Ils sont les représentants d’un écosystème vieux de 515 Millions d’années (Ma), un « Pompéi » marin, découvert dans des niveaux de cendres volcaniques, à Aït Youb, dans la région du Souss-Massa au Maroc. Ce travail est couronné par la couverture du magazine Science. C’est la meilleure préservation de formes de vies fossiles dans des cendres volcaniques jamais observée dans le monde jusqu’à ce jour. Juste unique au Monde. On observe tous les détails même micro-métriques y compris le tube digestif, l’estomac… Les spécimens ne sont ni déformés ni altérés. C’est une photographie 3D de l’époque (515 millions d’années) sans changement.
2- Que représente pour vous la publication de ce travail par la revue américaine « Science »?
Un honneur, un privilège et un aboutissement pour une équipe internationale motivée et compétente que je dirige depuis quelques années. « Science » est l’un des deux meilleurs magazines scientifiques au monde. Nous avons en plus obtenu la couverture de cette prestigieuse revue américaine, ce qui va contribuer davantage au rayonnement du Maroc à l’échelle internationale.
3- Quelle recommandation faites-vous à la communauté scientifique et aux instances en charge du patrimoine pour la mise en valeur du site d’Ait Youb ?
Ma principale recommandation et en même temps préoccupation est de mettre tous les moyens possibles pour protéger le patrimoine géologique et paléontologique marocain. Faire en sorte que ce site et d’autres soient classés au patrimoine mondial de l’UNESCO. Autrement, ces sites pourront malheureusement disparaître. Il s’agit de protéger ce patrimoine et de l’ouvrir en même temps à la science et aux scientifiques.