Les agriculteurs britanniques battent le pavé à Londres
Londres – Des milliers d’agriculteurs ont rejoint le centre de Londres, mardi, pour une manifestation contre les modifications des règles relatives à l’impôt sur les successions pour les exploitations agricoles, prévues par le nouveau budget du gouvernement britannique.
La ministre britannique des Finances, Rachel Reeves, a introduit de nouvelles règles signifiant que les exploitations agricoles d’une valeur supérieure à 1 million de livres sterling, auparavant exonérées, devront désormais payer un impôt sur les successions de 20%, soit la moitié du taux habituel de 40%, à partir d’avril 2026.
Selon le Syndicat des agriculteurs du Royaume-Uni (NFU), cette mesure constitue un « coup de poignard dans le dos », puisque ce budget obligera les agriculteurs riches en actifs mais pauvres en liquidités à vendre leurs terres pour payer les impôts. De fait, cela mettra fin à des entreprises familiales transmises depuis plusieurs générations.
« Lancer une politique aussi destructrice sans en parler à aucune partie impliquée dans l’agriculture dépasse l’entendement », a déploré le président du NFU, Tom Bradshaw, dans un discours partagé avec la presse qu’il doit prononcer plus tard dans la journée.
Sur X, M. Bradshaw a relevé que cette « horrible taxe sur les fermes familiales » doit être rejetée, assurant que mardi sera « un grand jour à Londres où la voix des agriculteurs sera entendue ».
Le syndicat, qui représente quelque 45.000 membres en Angleterre et au Pays de Galles, a assuré qu’un mouvement de lobbying important des députés est également prévu pour accompagner cette manifestation.
Lundi, le Premier ministre britannique, Keir Starmer, a dit comprendre le fait que cette mesure « suscite des inquiétudes », soulignant toutefois que « la grande majorité des exploitations agricoles » ne seront pas affectées.
Il a expliqué que le seuil à partir duquel ces droits de succession seraient payés pouvait s’élever jusqu’à 3 millions de livres dans le cas d’un couple souhaitant transmettre son exploitation à leur enfant. Par ailleurs, il a rappelé que le budget consacre cinq milliards de livres à l’agriculture sur les deux prochaines années.
Alors que le Trésor affirme que les trois quarts des exploitations agricoles échapperont à cette taxe, les agriculteurs, eux, s’appuient sur des chiffres du ministère des Affaires rurales selon lesquels 66% des entreprises agricoles ont une valeur supérieure au seuil d’un million de livres.