ActualitésYémen: La priorité la plus urgente est d’éviter une « famine massive » (ONU)

Actualités

Gabon
15 Jan

Yémen: La priorité la plus urgente est d’éviter une « famine massive » (ONU)

Nations-Unies (New York) – Des responsables onusiens ont prévenu jeudi le Conseil de sécurité que la priorité la plus urgente au Yémen actuellement est d’éviter une « famine massive ».

« Les données montrent que 16 millions de personnes auront faim cette année. Déjà, environ 50.000 personnes meurent de faim dans ce qui est essentiellement une petite famine. Cinq autres millions suivent juste derrière », s’est inquiété le chef de l’humanitaire des Nations-Unies, Mark Lowcock, lors d’une réunion du Conseil consacrée au Yémen.

« Chaque décision que le monde prend en ce moment doit tenir compte de cela », a-t-il insisté.

Les États-Unis ont annoncé dimanche qu’ils inscrivaient les rebelles houthis « Ansarallah » sur leur liste des groupes terroristes. M. Lowcock a rappelé que depuis des mois, les agences humanitaires se sont unanimement opposées à cette désignation, estimant que cela accélérerait le glissement du Yémen vers une famine à grande échelle.

Selon l’ONU, le Yémen importe 90% de sa nourriture, alors que presque toute cette nourriture est acheminée par des canaux commerciaux. Les négociants risquent de ne plus pouvoir continuer à importer des produits alimentaires au Yémen dans ces circonstances, s’inquiète l’organisation.

« Déjà, les Yéménites se pressent dans les marchés et les magasins pour stocker tout ce qu’ils peuvent se permettre. Les familles sont terrifiées à l’idée qu’il n’y ait plus de nourriture ou d’autres fournitures dans le pays », a expliqué M. Lowcock aux membres du Conseil de sécurité.

« Certains fournisseurs, banques, expéditeurs et assureurs appellent leurs partenaires yéménites et disent qu’ils prévoient désormais de quitter complètement le Yémen. Ils disent que les risques sont trop élevés. Ils craignent d’être accidentellement, ou bien d’une autre manière, pris dans une mesure réglementaire américaine qui les mettrait en faillite ou en prison », a-t-il précisé.

« Certains des fournisseurs, banquiers, expéditeurs et assureurs des commerçants yéménites disent espérer pouvoir continuer. S’ils le peuvent, disent-ils, leur meilleure estimation est que les coûts pourraient augmenter de 400%. Cela rendra trop coûteux pour de nombreux importateurs de continuer à faire des affaires. Et de toute façon, presque personne au Yémen ne pourrait se permettre d’acheter de la nourriture importée à ce prix », a-t-il relevé.

De son côté, l’Envoyé spécial de l’ONU pour le Yémen, Martin Griffiths, s’est également dit « extrêmement préoccupé par l’impact de la décision des Etats-Unis de désigner Ansarallah comme organisation terroriste étrangère ».

« Nous craignons qu’il y ait inévitablement un effet dissuasif sur mes efforts pour rapprocher les parties », a-t-il déclaré, tout en disant partager l’avis de M. Lowcock selon lequel la décision contribuerait à la famine au Yémen et devrait être révoquée le plus tôt possible pour des raisons humanitaires.

« Le chemin vers la paix au Yémen n’a jamais été facile. Et je pense que c’est maintenant beaucoup plus difficile qu’il y a un mois », a-t-il ajouté. « Pour les parties, la reprise du processus politique est plus qu’une obligation, c’est un devoir », a estimé le responsable onusien.

Voir Aussi