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08 Mai

Tunisie: 200.000 personnes n’ont pas accès à l’eau

Tunis – Quelque 200.000 personnes en Tunisie, qui compte une population de 11 millions d’habitants, n’ont carrément pas accès à l’eau, selon des chiffres officiels.

D’après des intervenants à un webinaire organisé par l’Observatoire tunisien de l’eau (Association Nomad08) et l’Observatoire national de l’Economie, sur « le droit à l’eau au temps de l’épidémie du coronavirus », le droit à l’eau, bien qu’il soit reconnu par la Constitution tunisienne, il est loin d’être garanti par l’Etat pour un grand nombre de Tunisiens.

Beaucoup reste à faire, d’après eux, pour garantir un accès juste et équitable à cette ressource vitale.

Selon l’experte en ressources en eau Raowdha Gafrej, « les problèmes d’accès à l’eau ne sont pas encore résolus, parce qu’on n’a pas, jusqu’à présent pris les bonnes décisions ».

« Même avec des barrages remplis, on aura un problème d’accès à l’eau », a prévenu Gafrej, également experte en adaptation aux changements climatiques, qui a souligné que « même si les barrages abondent en eau et même en l’absence de sécheresse, nous sommes toujours en situation de pénurie d’eau absolue (moins de 500M3 par habitant par an ».

Selon elle, cette situation est due aux pratiques de gestion adoptées par l’Etat depuis des années. « Nous avons fragilisé les écosystèmes de l’eau depuis plus de 25 ans. Nous sommes aujourd’hui dans l’impasse », a-t-il déploré.

Dans ce sens, elle a recommandé la rationalisation de la gestion des ressources en eau et appelé à mettre fin au gaspillage et aux pertes ainsi qu’à réutiliser les eaux usées puisque les technologies de traitement existent.

« Le droit à l’eau ne veut pas dire que le citoyen va accéder à l’eau gratuitement », affirme, néanmoins, l’experte.

L’Etat pourrait donner des subventions directes pour aider des catégories faibles à accéder à l’eau, mais ne doit pas garantir la gratuité de l’eau pour tous, a-t-elle insisté.

Pour sa part, l’expert en eau et développement durable, Houcine Rhili, a affirmé que pour l’eau, il s’agit d’un problème d’approches de développement et de santé.

A titre d’exemple, au bassin minier à Gafsa (Sud-Ouest), 73% des habitants possèdent de l’eau mais cette eau n’est pas potable, a-t-il fait savoir, précisant qu’au nord-ouest, qui est un réservoir d’eau, 33% des habitants n’ont pas accès à l’eau potable.

Ceci témoigne, d’après l’expert, de l’absence de plans de développement et d’approches justes de gestion de l’eau.

Pour cette raison, il a jugé impératif de placer l’eau au cœur des plans de sécurité nationale et de changer d’approches en fonction des évolutions actuelles et de la nouvelle donne des changements climatiques.

Pour les autres intervenants, l’eau est une ressource naturelle qui revient au peuple et un bien public qui devrait être garanti par l’Etat pour tous les Tunisiens.

Ils ont souligné toutefois que le système en place a tendance à soumettre cette ressource vitale aux lois du marché, celle de l’offre et de la demande.

Selon eux, le partenariat public-privé cache une tentative de faire accéder le secteur privé à des domaines réservés exclusivement au public à l’instar du secteur de l’eau, l’électricité et la santé.

Toujours selon les mêmes sources, le taux de couverture par le réseau de la SONEDE cache une injustice régionale.

Le milieu urbain est couvert à 100%, alors que dans les zones rurales, la moitié des habitants n’ont pas accès à l’eau potable, ont-ils déploré.

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