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09 Sep

A Strasbourg, la culture profondément ancrée du vélo

Par Salah Aouni-.

 

Strasbourg  – A Strasbourg, capitale de l’Alsace, la « petite reine » est adulée. Elle fait partie intégrante du paysage urbain de la ville, dans un écosystème de mobilité harmonieusement aménagé, au point d’en faire l’une des villes les plus cyclables de France, voire d’Europe.

Pour inscrire dans l’ADN de la ville l’usage de ce moyen de transport écologique et pratique, une véritable dynamique fut déclenchée depuis des décennies. Aujourd’hui, le vélo occupe une place prépondérante dans le quotidien des Strasbourgeois.

+Le vélo, une norme plutôt qu’un simple loisir+

Dès les années 1970, des infrastructures cyclables spécifiques ont été mises en place, bien avant que la question de la mobilité douce ne devienne une priorité dans d’autres grandes agglomérations.

En 1978 déjà, la préfecture du Bas-Rhin devint l’une des premières de France à se doter d’un schéma directeur dédié à la bicyclette, lequel prévoyait la création de dizaines de kilomètres de voies réservées. La mairie strasbourgeoise profita ensuite de la mise en place du tramway en 1994 pour border les rails de nouvelles pistes cyclables.

Ce réseau cyclable dense permet ainsi de circuler aisément entre quartiers, communes et villes limitrophes, tout en assurant la sécurité des cyclistes grâce à des pistes séparées des voies motorisées, surtout au centre-ville, ses ruelles piétonnes étroites et ses maisons à colombages.

« Je me rends au travail tous les jours à vélo. Cela fait maintenant cinq ans que je fais ce trajet jusqu’à Strasbourg et je ne reviendrais en arrière pour rien au monde ! », affirme Anne Barnet, une infirmière qui habite à Schiltigheim, à quatre km au nord de Strasbourg.

“Le réseau cyclable entre Schiltigheim et Strasbourg est très bien aménagé, sécurisé et me permet de me déplacer rapidement sans avoir à subir les embouteillages ou les problèmes de stationnement. En plus, c’est un vrai plaisir de pouvoir commencer et finir la journée par un moment de détente en plein air, surtout quand on longe les canaux”, s’est exaltée la trentenaire dans une déclaration à la MAP.

La politique de promouvoir le vélo à Strasbourg ne s’est pas limitée aux seules infrastructures. Des services dédiés, comme le Vélhop, un système de location de vélos en libre-service, ou encore des ateliers de réparation gratuits et des stations-outils qui permettent de pallier les petites urgences du quotidien, témoignent de l’engagement de la ville à démocratiser l’accès au vélo pour tous, l’objectif étant de faire de ce moyen de transport une norme et un mode de vie, plutôt qu’un simple loisir ou un sport.

 

+Vivre la ville autrement+

L’essor du vélo à Strasbourg s’inscrit également dans une démarche plus globale de développement durable, face aux enjeux climatiques et à la pollution urbaine.

Selon des études, grâce à l’adoption massive du vélo, Strasbourg a pu relever le double challenge de diminuer significativement son empreinte carbone et de désengorger le trafic automobile.

Le service Vélhop comprend actuellement une flotte de près de huit mille vélos, avec des offres de location longue durée pour aider à ancrer le vélo dans le quotidien des habitants.

Un réseau Vélostras, sorte d’autoroutes cyclistes de près de 130 kilomètres permettant de traverser ou de contourner la ville, est venu compléter une offre cyclable déjà très riche.

Des parkings souterrains pour voitures proposent également des places gratuites et surveillées pour les vélos, outre les arceaux et bornes implantés partout pour favoriser un stationnement sûr et sécurisé des deux roues.

Aujourd’hui, l’agglomération compte au total près de 800 kilomètres d’aménagements cyclables, un écosystème qui rend la pratique du vélo plus populaire et plus agréable.

Ce phénomène est aussi encouragé par une politique active de sensibilisation à la mobilité douce, notamment dans les écoles où les enfants sont formés dès leur plus jeune âge aux bonnes pratiques cyclistes.

En parallèle, des événements comme la fête du vélo ou les “Critical Mass” (rassemblements massifs de cyclistes dans les rues) renforcent ce lien citoyen entre les habitants et leur vélo.

“Se déplacer à vélo, c’est vivre la ville autrement, profiter de ses espaces verts, de ses pistes bien aménagées et, surtout, participer à un mode de vie respectueux de l’environnement”, se délecte un cycliste visiblement amoureux de sa bicyclette.

“Quand on voit les efforts déployés pour faciliter la vie des cyclistes et la qualité des infrastructures, je ne peux qu’être fier de vivre dans une ville qui place la mobilité douce au cœur de ses priorités”, a-t-il lancé en déverrouillant le cadenas de son vélo attaché à l’une des nombreuses bornes dédiées au centre-ville.

Le succès du modèle strasbourgeois s’illustre à l’échelle européenne. Cette position de leader a valu à la ville plusieurs distinctions, dont le titre de ville la plus cyclable de France à plusieurs reprises.

Selon des estimations, environ 16% des déplacements dans l’agglomération strasbourgeoise se font à vélo, environ 100.000 trajets quotidiens sont effectués à vélo et près de 15% des trajets domicile-travail sont réalisés à vélo, une proportion bien supérieure à la moyenne nationale.

A Strasbourg, le vélo est bien plus qu’un moyen de transport, c’est une identité culturelle. La “petite reine” est si omniprésente qu’elle est devenue un emblème local.

Ce mode de vie, profondément ancré dans le quotidien des habitants, continue d’évoluer et d’inspirer d’autres villes en France et ailleurs.

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